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    Nouvelle Calédonie
  • AFP | Crée le 17.03.2025 à 16h58 | Mis à jour le 17.03.2025 à 16h58
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    Le projet de structuration d’un pôle d’excellence et la possibilité d’échanges internationaux ouvrent de nouvelles perspectives aux joueuses calédoniennes. Photo Gouvernement NC
    Le tournoi des quatre nations de cricket féminin, qui s’est achevé vendredi 14 mars à Nouméa, a mis sur le devant de la scène les qualités des Calédoniennes, sur lesquelles compte la Fédération française de cricket pour renforcer son vivier de joueuses en vue des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 et Brisbane 2032. En Nouvelle-Calédonie, où ce sport très populaire se joue en famille et en robe traditionnelle, l’adaptation au haut niveau est un défi.

    "C’est simple, dans toute la France (métropolitaine), on a 300 femmes licenciées, en Nouvelle-Calédonie on en a 1 500." Le calcul est vite fait pour Prebagarane Balane, le président de France Cricket, l’organisme chargé de la promotion de ce sport très populaire dans le monde anglo-saxon mais peu joué en France. Avec l’inclusion du cricket au programme de Los Angeles 2028, France Cricket entend capitaliser sur l’engouement des joueuses kanak, initiées dès l’enfance.

    Une convention a donc été signée avec la Nouvelle-Calédonie pour structurer un pôle d’excellence et envoyer des joueuses se former à l’étranger, notamment en Australie, à deux heures de vol. Objectif : Brisbane 2032. "Certes, il y a les Jeux de Los Angeles, et il y a le potentiel technique et physique, mais le chemin est encore long", prévient Prebagarane Balane. La semaine dernière, une équipe calédonienne a disputé, sous le maillot de l’équipe de France, un tournoi international à Nouméa face à des adversaires venues de Samoa, des Fidji et du Vanuatu. Mais le cricket pratiqué dans l’archipel, où il est appelé "cricket traditionnel", diffère radicalement des standards des grandes compétitions.

    Ancré dans la culture kanak

    "Le jeu est arrivé avec les missionnaires au milieu du XIXe siècle", raconte Steeven Selefen, conseiller technique du comité national de cricket de Nouvelle-Calédonie : "Ça leur donnait une occasion de réunir les tribus et de porter la parole de l’Évangile". Les missionnaires partis, le sport et l’habitude de se retrouver le dimanche autour du terrain sont restés, avec des spécificités locales. La balle est faite de sève de banian, un arbre tropical, que l’on enserre dans des feuilles de pandanus. "Celle du cricket international est en bois entourée de cuir, c’est beaucoup plus dur et elle ne réagit pas pareil. La nôtre se déforme à la frappe et est un peu imprévisible", compare Armonie Konhu, l’un des piliers de cette équipe de France 100 % calédonienne.

    La batte est plus courte aussi et certains gestes autorisés en cricket traditionnel ne le sont pas dans la version internationale.

    Mais surtout, les joueuses ont dû enfiler pantalon, tunique, casque et matériel de protection tandis que le cricket traditionnel se joue en robe mission traditionnelle, ample et longue, généralement aux couleurs d’une tribu. Car on joue avant tout au cricket en famille. "On tombe dedans toutes petites. Moi je suis de l’île des Pins et toutes les femmes pratiquent le cricket", poursuit Armonie Konhu, qui fut porte-drapeau de la Nouvelle-Calédonie aux Jeux du Pacifique en 2023. "On joue avec nos mamans, nos tantines, on ne nous laisse pas le choix. Mais on finit par se prendre au jeu", poursuit-elle.

    Tremplin et émancipation

    Facile d’accès, le cricket est un moyen d’émancipation pour ces femmes, qui peuvent surveiller les enfants installés sur une natte au bord du terrain. Les parties pouvant durer des heures, il n’est pas rare de s’interrompre pour déjeuner à l’ombre des arbres, avant de reprendre le jeu dans l’après-midi. Véritable institution, le cricket traditionnel a son championnat, féminin et masculin. "On ne veut pas abandonner le cricket traditionnel. Il fait partie de notre culture et il permet aux femmes des tribus d’avoir une pratique sportive", insiste Steeven Selefen.

    La plupart des joueuses sont issues de milieux populaires ou ruraux : la création d’un pôle d’excellence et la possibilité d’échanges internationaux leur ouvrent des perspectives nouvelles. "On a pu discuter avec les joueuses des autres équipes venues pour le tournoi. Certaines sont professionnelles en Australie, forcément ça leur ouvre des possibilités d’avenir", raconte Kamea Moingoto, 19 ans, originaire d’Ouvéa. Une opportunité bien comprise par le gouvernement collégial, mais aussi par les instances locales : les 47 clubs du territoire ont tous adhéré cette semaine à France Cricket.

    La France finit 4e du tournoi des quatre nations de cricket féminin


    Sur la première marche du podium, l’équipe de Samoa. Photo Gouvernement NC

    Le tournoi des quatre nations de cricket féminin du Pacifique s’est déroulé la semaine dernière au stade de N’Du, à Numbo, à Nouméa. La compétition, placée sous l’égide de France Cricket, en partenariat avec le comité national de cricket de Nouvelle-Calédonie, a réuni les équipes du Vanuatu, de Samoa, de Fidji et de France, composée pour l’occasion à 100 % de joueuses calédoniennes. Samoa a terminé en tête du classement, suivi du Vanuatu, de Fidji et de la France. Une étape significative pour ces sportives, qui participaient "pour la première fois à des rencontres internationales", selon le gouvernement. Son président, Alcide Ponga, et le membre chargé du sport, Mickaël Forrest, ont participé à la cérémonie de clôture vendredi 14 mars.


    Les joueuses du Vanuatu se classent 2e de la compétition. Photo Gouvernement NC


    L’équipe de Fidji de cricket est arrivée 3e du tournoi. Photo Gouvernement NC

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