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  • AFP | Crée le 07.08.2024 à 17h34 | Mis à jour le 07.08.2024 à 17h58
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    L’avocate australienne Alison Battisson craint que sa cliente saoudienne Lolita Safeeraldeen ait été renvoyée de force en Arabie Saoudite. Photo Saeed KHAN / AFP
    Lolita Safeeraldeen est arrivée en Australie pour fuir un mari qu’elle avait été forcée d’épouser en Arabie saoudite. Aujourd’hui, son avocate estime qu’elle a été enlevée et ramenée de force dans son pays.

    Lolita Safeeraldeen n’a plus donné de signe de vie depuis mai 2023, alors qu’elle se trouvait à Melbourne, explique son avocate Alison Battisson, spécialisée dans les droits humains. Me Battisson a d’abord espéré que sa cliente se cachait. Mais un an plus tard, elle a appris que Lolita Safeeraldeen se trouvait en Arabie saoudite.

    Cette jeune Saoudienne a été mariée à l’âge de 11 ans et a eu son premier enfant deux ans plus tard. Victime de multiples agressions sexuelles, elle s’est réfugiée en Australie en 2022, où elle a demandé l’asile, selon le journal The Australian. Traditionnellement très répressive, l’Arabie saoudite a ces dernières années levé plusieurs restrictions frappant les femmes, comme l’interdiction de conduire et l’obligation de porter l’abaya. Mais les défenseurs des droits humains affirment que la loi sur le statut personnel entrée en vigueur en 2022 reste discriminatoire à l’égard des femmes. "J’étais absolument certaine que Lolita ne retournerait jamais en Arabie saoudite de son plein gré", affirme Me Battisson.

    "Extrêmement inquiète"

    Un proche de sa cliente lui a confirmé que la jeune femme se trouvait en Arabie saoudite, vraisemblablement dans un centre de détention. "Je suis extrêmement inquiète pour la sécurité de Lolita", confie l’avocate. La nuit de son enlèvement, une de ses amies, qui refuse de décliner son identité pour des raisons de sécurité, a reçu un appel "absolument terrifiant" de Lolita Safeeraldeen, au moment où des hommes forçaient la jeune femme à quitter le pays, relate Me Battisson. Cette amie a accouru chez elle, mais un groupe d’hommes l’ont empêchée de la voir. Depuis, ni elle ni Me Battisson n’ont eu de nouvelles de la part de Lolita Safeeraldeen.

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    Depuis son plus jeune âge, Lolita Safeeraldeen a été forcée d’endosser l’identité de sa demi-sœur Hanan, décédée, qui avait neuf ans de plus qu’elle, selon ses soutiens. Son passeport indique ainsi que la jeune femme est âgée de 41 ans, mais elle en a 32 en réalité, affirment-ils.

    Selon les registres des vols, une femme nommée Hanan Safeeraldeen a embarqué à bord d’un avion depuis l’aéroport de Melbourne, quelques jours après l’enlèvement présumé de Lolita, selon Me Battisson. Mais les enregistrements vidéo des caméras de surveillance de l’aéroport ne sont plus accessibles. La police fédérale australienne a affirmé avoir ouvert plusieurs enquêtes en juin 2024. De son côté, le ministère australien de l’Intérieur a dit refuser de commenter l’affaire, mais a déclaré qu’il "enquêtait activement sur une série de cas d’ingérence étrangère".

    "Oubliée et abandonnée"

    "Nous avons été témoins de cas où des femmes ont été expulsées de force, et où des membres de leur famille ou des proches les ont forcées à retourner en Arabie saoudite", affirme Daniela Gavshon, directrice de Human Rights Watch Australie. Mme Gavshon évoque notamment le cas de deux femmes qui, en 2017 et 2019, ont été empêchées de rejoindre l’Australie alors qu’elles tentaient fuyaient le royaume saoudien.

    Me Battisson craint pour sa part que des cas similaires n’aient jamais été signalés. Dans de nombreux cas, ces rapatriements forcés sont "prévisibles et par conséquent évitables", d’une part en alertant les femmes sur les risques encourus, d’autre part en transmettant rapidement des "listes de surveillance" aux aéroports en cas de disparition suspecte.

    Si la demande d’asile de Mme Safeeraldeen était acceptée, celle-ci pourrait bénéficier d’une assistance consulaire, espère Me Battisson. "Elle pourrait entrer en contact avec son avocate et savoir qu’elle n’est pas oubliée et abandonnée dans un système qui promeut l’apartheid des sexes", dit-elle.

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