- A.T. | Crée le 11.04.2025 à 11h35 | Mis à jour le 11.04.2025 à 11h35ImprimerLes forêts tropicales humides de Papouasie Nouvelle-Guinée abriteraient environ 7 % de la biodiversité mondiale. Photo AFP / Chris McCallLa Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'un des derniers sanctuaires des massifs de végétation tropicale préservée au monde, annonce lever "immédiatement" l’interdiction du commerce des crédits carbones forestiers. Ce dispositif, qui contraint les entreprises et exploitants à compenser leurs émissions en investissant dans des projets qui protègent ou restaurent les forêts, avaient été suspendus en 2022 en raison de nombreuses dérives. Explications.,
"Nous disposons désormais d’une réglementation du marché du carbone et de lignes directrices pour le gérer et le réglementer", a déclaré, jeudi 10 avril, le ministre de l’environnement, Simo Kilepa, ajoutant que le moratoire décrété en 2022 sera ainsi levé "immédiatement" pour le commerce des crédits carbone forestier.
Ce dispositif permet aux entreprises et aux particuliers de compenser volontairement leurs émissions en investissant dans des projets de protection ou de restauration des forêts. Disposant de la troisième plus grande ceinture de forêts tropicales du monde (sur l’île de Nouvelle-Guinée, incluant également la partie indonésienne occidentale), cet État était devenu l’un des marchés le plus importants au monde pour ces crédits carbone, selon Carbon Market Watch. Et ce, jusqu’en 2022, période à laquelle un moratoire a été instauré après une série de scandales imputés à des "cow-boys du carbone" désireux de gagner rapidement de l’argent.
En quelques années, de nombreuses entreprises étrangères s’étaient arrachées des étendues de forêts pour tenter de vendre des crédits carbone. Ces sociétés ont ainsi pu signer des accords de crédit en carbone directement avec les responsables locaux. En substance, ils ont payé des propriétaires fonciers afin que des zones de forêt tropicale ne soient pas autorisées pour les cultures, vendues pour l’exploitation minière ou coupées et transformées en bûches. En protégeant la jungle qui aurait disparu, ces sociétés ont généré des crédits de carbone qu’ils pourraient vendre sur les marchés internationaux.
De nombreuses dérives
Sauf qu’une enquête menée par le média national australien ABC a révélé que l’exploitation forestière se poursuivait tout de même dans les forêts tropicales censées être sanctuarisées par les crédits carbone. Certains propriétaires terriens se sont également plaints que les promesses lucratives de leurs partenaires étrangers n’avaient pas été tenues. Les tentatives de faire fonctionner des projets ont donné lieu à des litiges fonciers et à l’émergence de "cow-boys du carbone", a écrit la société australienne de conseil en environnement Sustineo.
Dans le monde entier, les systèmes de crédit carbone ont été entachés d’une litanie de plaintes similaires. Aucun ensemble de règles communes ne régit ces échanges, et de nombreux projets ont été accusés de vendre des crédits sans valeur.
"Un acteur clé du marché mondial des crédits carbone"
Les gouvernements obligent souvent les gros pollueurs à compenser leurs émissions par des systèmes obligatoires de crédits carbone. Mais ces entreprises, comme les organisations caritatives et les particuliers, peuvent également choisir d’acheter des crédits sur ce que l’on appelle les marchés volontaires mondiaux du carbone. Un business de la forêt en quelque sorte dans laquelle la Papouasie-Nouvelle-Guinée joue un rôle très important. Cet État a de nouveau l’ambition de devenir un "acteur clé dans le marché international du carbone", ont déclaré des représentants du pays lors d’un point presse la semaine dernière.
Les crédits carbones sont perçus comme un outil indispensable pour empêcher la destruction des forêts tropicales humides de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont on pense qu’elles abritent environ 7 % de la biodiversité mondiale.
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