fbpx
    Sud
  • Anthony Tejero | Crée le 11.11.2023 à 08h07 | Mis à jour le 11.11.2023 à 08h46
    Imprimer
    Depuis une semaine, les premières tortues "grosse tête" reviennent pondre à la Roche percée. Photo Archives LNC / Marion Thellier
    Les premières tortues "grosse tête" viennent de regagner la plage de la Roche percée, à Bourail, ouvrant officiellement la saison de ponte de cette espèce autant populaire que menacée. Zoom sur cet animal emblématique qui, sans les efforts de protection d'une poignée de bénévoles, aurait sans doute disparu de la région.

    Combien de temps dure la saison des tortues "grosse tête" ?

    Cette année, les toutes premières tortues "grosse tête" ont pointé le bout de leur carapace sur la plage de la Roche percée, avec quelques jours d’avance, soit le vendredi 3 novembre.

    La saison de ces tortues dure près de six mois. Les femelles viennent pondre sur la plage de la Roche percée, à Bourail, entre novembre et mi-janvier. Après un temps d’incubation de près de 55 jours, les œufs éclosent. Cette deuxième phase de la saison, qui concerne donc la naissance des bébés tortues, s’étend, elle, de fin décembre à mi-avril.

    Combien de spécimens viennent à la Roche percée ?

    Si les tortues "grosse tête" reviennent systématiquement sur leur lieu de naissance (donc sur l’ensemble du littoral calédonien), la plage de la Roche percée serait le premier site de ponte du pays, et même le deuxième du Pacifique Sud. En 2022, les bénévoles de l’association Bwärä tortues marines ont ainsi recensé environ 70 femelles, soit près de 288 nids. Car lorsque les conditions de sécurité et de tranquillité sont réunies, le même animal peut remonter jusqu’à cinq fois pour pondre. En moyenne, chaque nid compte pas moins de 120 œufs.

    Quelles erreurs ne pas commettre pour garantir le succès de cette ponte ?

    Depuis 2008, des réglementations à la fois provinciales et gouvernementales encadrent strictement cette espèce. Il est notamment interdit de s’approcher à moins de dix mètres ou d’éclairer (avec une lampe, un téléphone, le flash d’un appareil photo, des phares, etc.) cet animal. Les chiens n’ont pas non plus droit de cité sur l’ensemble de la plage de la Roche percée.

    Bien évidemment, le ramassage des œufs dans les nids est formellement proscrit. Afin d’optimiser cette saison de ponte, les membres de Bwärä tortues marines se mobilisent et effectuent des rondes de surveillance de jour comme de nuit. "Nous sommes obligés de cadrer et d’informer les visiteurs qui ne sont pas forcément mal intentionnés, mais qui n’adoptent pas toujours les bons comportements", glisse Dominique Lafage, président et cofondateur de l’association.

    En cas de manquement à ces règles durant la période de ponte, l’infraction peut être punie d’une amende de 180 000 francs.

    Pourquoi faut-il protéger cette espèce ?

    Les tortues "grosse tête" sont considérées " en danger critique " par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Selon elle, dans la région du Pacifique Sud, leurs effectifs ont chuté de 80 % en une trentaine d’années.

    Comment évoluent les populations de la Roche percée ?

    Il est encore trop tôt pour disposer du recul suffisant afin d’évaluer l’efficacité des mesures de protection de l’espèce à Bourail. Car cet animal n’atteint sa maturité sexuelle, et donc l’âge à partir duquel il peut se reproduire, qu’à partir de 35 ans. Or l’association Bwärä tortues marines, fondée en 2006, a aujourd’hui dix-huit ans d’existence.

    "Nous sommes à la moitié du chemin avant que les premiers bébés tortues qui ont regagné la mer depuis nos actions de protection puissent à leur tour revenir pondre, explique Dominique Lafage. Auparavant, elles étaient braconnées, leurs œufs étaient mangés, etc. Il y avait beaucoup de perturbations sur ce site, certains roulaient même en 4x4 sur la plage, il y avait des feux, etc. Les tortues ne venaient plus pondre qu’à une, voire deux reprises. Aujourd’hui, nous avons réussi à multiplier ce chiffre par trois. Si nous n’avions rien fait à l’époque, il n’y aurait plus de tortues grosse tête dans la zone."


    L’activité d’observation des bébés aura, elle, lieu du 1er février au 3 mars 2024. Photo Archives LNC / Delphine Bossy

    Certains chiffres sont d’ailleurs encourageants : alors qu’au début des actions de protection, la plage ne comptait qu’une centaine de nids, ce nombre est passé à 288 l’an passé (avec même un pic à 310 atteint il y a quatre ans). Des chiffres qui suivent désormais une courbe en hausse légère, mais régulière. "Lorsqu’on aura atteint 35 ans de protection, on pense que le nombre de ponte pourrait s’envoler", espère le président de l’association.

    Quelles sont les chances de survie des bébés ?

    Les chances d’atteindre l’âge adulte sont très minces chez les tortues. Les scientifiques estiment que seulement entre un et deux bébés sur 1000 atteindra ce stade. A titre d’exemple, parmi les 30 000 bébés relâchés dans la mer lors de la précédente saison, seulement 30 à 60 spécimens devraient survivre jusqu’à l’âge où ils peuvent se reproduire. Un chiffre, extrêmement bas, mais qui pourrait à terme être légèrement revu à la hausse, puisqu’il est calculé en dehors de l’intervention de l’homme et de ses actions de préservation.

    Le réchauffement climatique a-t-il un impact sur l’espèce ?

    Comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, le réchauffement climatique est une menace supplémentaire pour le renouvellement de l’espèce puisque plus la température du sable (et donc du nid) est élevée, plus le nombre de bébés femelles est important. Pour tenter d’y remédier, l’association a mis en place des nurseries, en déplaçant certains nids au-dessus desquels ils installent des toiles ombrières pour limiter l’élévation de la température. Résultat : lors de la saison précédente, 25 % de bébés étaient des mâles, "ce qui n’est déjà pas si mal", estiment les bénévoles.

    A NOTER : Ce samedi 11 novembre, Bwärä tortues marines ouvre les portes de son camp de la Rocher percée, à partir de 15 heures, pour une réunion d'information et de sensibilisation destinée aux résidents de la commune ainsi qu'aux visiteurs.

    Comment observer la ponte des tortues ?

    L’observation des tortues, dite "turtles watching", commence à partir de ce lundi 13 novembre. Afin d’éviter tout abus, cette activité est strictement réglementée et surveillée de près par l’association Bwärä tortues marines. Elle ne peut se faire qu’en réservant sa place sur le site Sud tourisme. Le nombre de personnes est limité à 50 visiteurs par jour.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS