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  • Ile des Pins. Projection du film Le Retour
    | Crée le 25.10.2014 à 03h00 | Mis à jour le 24.07.2016 à 09h37
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    A Kunié, les Kabyles faisaient notamment de l'élevage et fabriquaient du fromage qu'ils vendaient aux communards. Photo Hughan 1876
    A l'occasion des 150 ans de présence des Arabes en Calédonie, la mairie de l'île des Pins a répondu à l'appel de Fatiha Belhadj, la productrice, et de Saïd Oulmi, le réalisateur de Le Retour, pour une projection mercredi en plein air, à Vao.

    «Les Kunié ne peuvent rester indifférents à cette page de l’histoire, car nous avons eu sur nos terres des déportés kabyles », a introduit la maire de l’île des Pins, Sarah Vendegou, lors de la diffusion mercredi du film Le Retour. Parallèlement à l’arrivée des insurgés de la Commune, qui occupent dès 1872 la partie ouest de l’île, des révoltés kabyles de l’insurrection de 1871 (lire par ailleurs) arrivent vers 1873 et sont cantonnés sur la cinquième commune, dans le secteur de Gadji, en déportation simple. Comme les Communards, qui occupent les quatre autres communes. Ce film retrace avec dignité et avec beaucoup d’émotion le retour aux pays de « ces descendants de victimes de l’histoire », souligne Jean-Pierre Taïeb Aïfa, descendant d’exilé algérien et ancien maire de Bourail.

     

    Avant-première. « Un film qui a nécessité neuf années de tournage et qui raconte une histoire courageuse, a noté Saïd Oulmi, arrivé tout droit d’Alger. Ce film est présenté en avant-première en Nouvelle-Calédonie, il n’a pas encore été projeté en Algérie ». « C’est une page d’histoire que l’on connaît mal, ou pas du tout, et on a découvert que les Arabes avaient le même attachement à la terre que nous, cela nous rapproche », remarque une spectatrice kunié. « Nous sommes sensibles à votre histoire, car ces Algériens ont finalement rejoint notre histoire, nos vieux ont vécu ensemble, mais ce qu’il faut retenir, ce sont les valeurs universelles d’humanité qui ressortent dans la souffrance et l’adversité. Nous sommes tous des victimes de la colonisation, nos enfants kanak doivent s’accaparer de cette histoire de l’île des Pins pour que cela ne se reproduise plus », a conclu un Kunié de la tribu de Komagna, ému par ce qu’il venait de voir à l’écran.

     

    Réconciliation. Outre cette projection qui a réuni une cinquantaine de spectateurs sous le marché couvert de Vao, c’est un travail de réconciliation historique, basé sur les symboles de ces deux terres lointaines, qui a été mené par la petite délégation algérienne et par la mairie de l’île des Pins. « Madame le maire nous a emmenés sur le site de la cinquième commune où est érigé un monument en mémoire des insurgés kabyles qui ont vécu à l’île des Pins. Ce monument est protégé par des tabous, cela en dit long », explique Jean-Pierre Taïeb Aïfa. Puis les deux délégations ont fait un détour par le cimetière des déportés, où figurent sur la liste des 240 déportés morts à Kunié deux noms de déportés politiques kabyles, Ali Ben Galouz et Tahar Ben Akly. « A la demande d’une famille algérienne dont l’ancêtre est enterré dans ce cimetière, j’y ai déposé de la terre d’Algérie, ceci s’est fait dans la plus stricte intimité », a indiqué Saïd Oulmi. « Avec ce film, j’ai beaucoup appris sur l’histoire des Arabes, cela m’a donné une leçon de vie », a conclu la maire Sarah Vendegou.

    L’insurrection de 1871

    Début 1871, une insurrection éclate en Algérie. Un soulèvement armé qui durera un an. Il s’étend sur une grande partie du territoire, en Kabylie, dans les environs d’Alger. Parmi les chefs de l’insurrection, Mohamed El Moqrani, Améziane Ben Cheik El Haddad et ses deux fils, Aziz et Mohamed. Aziz sera déporté à l’île des Pins, s’évadera en 1881 dans une petite embarcation vers la Nouvelle-Zélande. Il arrive à Paris en 1895 pour réclamer ses terres. Il s’éteint dans les bras d’un ancien communard de l’île des Pins, Charles Eugène Mourot, qui lui avait donné l’asile. Les communards se cotiseront pour faire rapatrier son corps en Kabylie. En 1879, l’amnistie des communards est proclamée, mais les Kabyles en sont exclus. A Paris, les communards Rochefort, Allamane ou Louise Michel, mènent campagne pour leur libération. L’amnistie n’interviendra qu’en 1895, mais il faudra attendre 1904 pour que soit levée l’obligation de résidence.

    Sources : 1871, la Kabylie se soulève contre l’ordre colonial, de Rachid Oulebsir ; Kabyles du Pacifique, les amis de la Commune de Paris, de L. et A. Gayat, 2012.
     

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