- © 2018 AFP | Crée le 28.11.2018 à 17h11 | Mis à jour le 28.11.2018 à 17h15ImprimerUne femme vote à Tbilissi, le 28 octobre 2018 en Géorgie Vano SHLAMOV-AFP/Archives
Les Géorgiens élisent mercredi leur président, un test crucial pour le parti au pouvoir du milliardaire Bidzina Ivanichvili qui soutient la candidature d'une ex-ambassadrice française, Salomé Zourabichvili, arrivée au coude à coude au premier tour avec le candidat de l'opposition Grigol Vachadzé.
Il s'agit du dernier scrutin présidentiel direct dans cette ancienne république soviétique du Caucase avant de passer à un régime parlementaire. Les bureaux de vote ouvriront à 08H00 locales (04H00 GMT) et fermeront à 16H00 GMT, les premiers résultats étant attendus dans la nuit.
Si le poste de président est devenu essentiellement symbolique, l'élection préfigure la confrontation à venir entre le Rêve géorgien, au pouvoir, et l'opposition lors des élections législatives de 2020.
Le 28 octobre, la Franco-géorgienne Salomé Zourabichvili, soutenue par le Rêve géorgien, avait échoué à remporter plus de 50% des voix au premier tour, un score perçu comme un désaveu pour le parti au pouvoir.
Ancienne diplomate du Quai D'Orsay, Mme Zourabichvili, 66 ans, est arrivée au coude à coude (38,64%) avec l'opposant Grigol Vachadzé (37,73%) soutenu par le Mouvement national uni fondé par l'ex-président Mikhaïl Saakachvili - aujourd'hui en exil - et dix autres formations politiques.
M. Vachadzé, 60 ans, est légèrement en tête dans les sondages réalisés avant le second tour. Sa candidature a été fortement renforcée par le soutien annoncé du candidat du parti Géorgie européenne, arrivé troisième du premier tour avec 11% des voix.
Une victoire de Grigol Vachadzé marquerait un tournant dans le paysage politique géorgien, annonçant la fin de la domination du Rêve géorgien au pouvoir depuis 2012.
C'est la raison pour laquelle l'ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, officiellement en retrait de la politique, est sorti de son silence après le score décevant de Mme Zourabichvili. "Je sais que vous n'êtes pas satisfaits car votre vie ne s'est pas améliorée", a-t-il affirmé à la télévision, le visage pâle et au bord des larmes.
M. Ivanichvili a une fortune estimée à 4,6 milliards de dollars par Forbes, soit près d'un tiers du PIB du pays. Il a promis d'augmenter les dépenses sociales et d'effacer les petites dettes bancaires de 600.000 personnes. Cette annonce, selon plusieurs ONG, s'apparente à "un achat de voix sans précédent".
- Accusations de fraudes -
Signe des tensions autour du scrutin, l'opposition a accusé le gouvernement d'intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti de M. Vachadzé.
Mme Zourabichvili, qui fait profil bas depuis le premier tour, a affirmé de son côté qu'elle et ses enfants avaient reçu des menace de mort, plusieurs députés du Rêve géorgien soulevant même le spectre d'une "guerre civile" si M. Vachadzé l'emportait.
Trois ONG géorgiennes, dont la branche locale de Transparency International, ont affirmé la semaine dernière avoir la preuve que le gouvernement avait imprimé de fausses cartes d'identité pour truquer le second tour en faveur de Mme Zourabichvili.
Le cabinet du Procureur général géorgien a annoncé une enquête après ces accusations, rejetées par le parti au pouvoir.
Diplomate de carrière et ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Saakachvili de 2008 à 2012, M. Vachadzé a critiqué "le régime oligarchique" d'Ivanichvili alors que le gouvernement échoue à réduire la pauvreté dans le pays.
Homme le plus riche du pays, Bidzina Ivanichvili s'est officiellement retiré de la vie politique en 2013 après un an comme Premier ministre, mais il reste considéré comme le véritable dirigeant du pays.
Sur le fond, les deux favoris de l'élection se rejoignent sur plusieurs points: tous deux militent pour un rapprochement avec l'Union européenne et l'Otan, que la Géorgie demande en vain à rejoindre depuis plus de dix ans.
Plus de 3,5 millions de Géorgiens sont appelé à participer à l'élection pendant laquelle seront présents des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
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