- © 2017 AFP | Crée le 17.05.2017 à 22h52 | Mis à jour le 17.05.2017 à 22h55ImprimerLe Fort Boyard, symbole touristique de la Charente-Maritime, le 3 mai 2017 MEHDI FEDOUACH-AFP/Archives
Le petit écran l'a sauvé des eaux. Si un jeu télévisé ne l'avait pas rendu célèbre dans le monde entier, le Fort Boyard aurait sombré dans l'oubli - et peut-être même dans l'Atlantique. Aujourd'hui choyée et restaurée, la star de pierres grises est devenue le symbole touristique de la Charente-Maritime.
"Le Fort Boyard, c'est un peu notre Tour Eiffel à nous", sourit Stéphane Villain, vice-président du Conseil départemental et président de Charente-Maritime tourisme. "La première question que nous posent les touristes à leur arrivée, c'est +où est le fort Boyard ?+".
L'émission, lancée en 1990 en France et achetée par une quarantaine de pays, a fait du fort, posé tel un anneau ovale entre l'île d'Oléron et l'île d'Aix, une vedette. Toute l'année, des sorties en mer emmènent des milliers de personnes admirer la silhouette austère de l'édifice, qui n'est accessible que par bateau ou hélicoptère.
Sa construction débute en 1803, sur ordre de Napoléon 1er, pour s'achever en 1857. Destiné à protéger l'Arsenal de Rochefort des incursions anglaises, le fort est initialement un lieu de garnison pour 250 soldats, puis une prison.
Sorti du patrimoine militaire en 1913, il reste ensuite en déshérence jusqu'en 1950, année de son inscription aux Monuments historiques. Puis, en 1962, il est acheté aux enchères par un dentiste belge.
C'est ce dernier qui le revend en 1988 à Jacques Antoine, le producteur de jeux télévisés, qui l'a en tête comme décor d'un nouveau concept. L'année suivante, le fort est cédé pour un franc symbolique au département de Charente-Maritime, à charge pour lui d'en assurer les travaux de réhabilitation et d'entretien.
- Résister aux tempêtes -
Et le département est en effet aux petits soins pour ce monument de 68 mètres sur 31, exposé aux assauts de la météo en pleine mer: pour l'entretenir, il dépense plusieurs centaines de milliers d'euros par an.
En février, trois tempêtes successives l'ont endommagé. La houle a notamment fissuré la paroi et désolidarisé le mur de la cour intérieure.
"Il n'y a plus de brise-lame du côté nord, d'où arrivent les tempêtes", explique Thierry Blumereau, directeur de l'immobilier et de la logistique du Conseil départemental de Charente-Maritime. "À l'époque, il y en avait un, mais il a été disloqué. Le noroît (vent venant du nord-ouest) tape. Sans un éperon pour le protéger, le fort est condamné à terme. Si on ne fait rien, la houle pourrait ouvrir une brèche et l'eau salée s'infiltrerait partout", souligne-t-il.
Un tel scénario prendrait plusieurs décennies mais, pour l'éviter, le Conseil départemental veille au grain.
- Des équipes de tournage internationales -
"Quand nous avons racheté le fort, il s'ouvrait en deux", se souvient Thierry Blumereau. "Nous avons ferraillé les murs, puis posé une ceinture en béton, que nous avons cachée par des pierres de taille et des parements en brique. Depuis, il est solide et ne s'enfonce pas".
De nombreux travaux sont quand même effectués chaque année, pour assurer la pérennité du bâtiment et répondre aux besoins du tournage : cuisine, blocs sanitaires, groupes électrogènes, etc.
Deux fois par an, les fissures qui lézardent les murs sont surveillées et mesurées, mais "elles évoluent peu", rassure Frédéric Tranchant, tailleur de pierre. "C'est un bâtiment extrêmement bien construit. Sa forme ovale crée une ceinture sans faiblesse", juge-t-il.
Prochain gros chantier, le remplacement de l'héliport en bois, au sommet du fort, par une structure en acier, plus résistante aux embruns.
"Nous réfléchissons aussi à l'indépendance énergétique du fort, soit via la houle, soit via le photovoltaïque, depuis la plateforme offshore, par laquelle les équipes appontent", explique Patrice Acquier, directeur adjoint du service immobilier du Département.
Autant d'investissements nécessaires pour que l'émissionse poursuive. Cette année encore, "des équipes de tournages viendront de Suède, du Maroc, de République tchèque ou encore de Slovaquie", révèle Éric Buron, directeur de production de "Fort Boyard". "Et pour la première fois, nous aurons la Roumanie aussi".
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