[GROS PLAN] Le cyclone Niran devrait frapper très fort

Brice Bacquet brice.bacquet@lnc.nc | Crée le 05.03.2021 à 19h37 | Mis à jour le 05.03.2021 à 23h14

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Niran s'annonce particulièrement violent avec des rafales de vent à 200 km/h sur la côte Ouest. Photo DR

Vents violents, fortes pluies, mer dangereuse. Le cyclone tropical Niran se rapproche très rapidement du pays, il devrait passer à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest de la Grande Terre et frôler le Sud. En atteignant le Caillou, il sera toujours au stade de cyclone tropical intense. Il diminuera en balayant le territoire.

Le cyclone tropical intense Niran va frapper le Caillou. Lors de son pic d'intensité, les rafales pourront atteindre 250 km/h près de son centre. "Il aura perdu de son intensité, indique Christine Esposito, prévisionniste de Météo-France Nouvelle-Calédonie. Il va se rapprocher à quelques dizaines de kilomètres du nord de la Calédonie et frôlera ensuite le sud-ouest".

"Le vent sera le phénomène le plus dangereux, les rafales atteindront 200 km/h."

Tout le pays passe en alerte cyclonique 2 samedi matin. Les îles Loyauté et les communes situées au-dessus de la ligne Thio-Boulouparis le sont dès 6 heures. Les habitants du Sud à 8 heures. Deux heures avant l'alerte 2, tout le monde doit être à l'abri dans son lieu de résidence ou dans l'un des centres d'hébergement d'urgence. Une fois ce seuil de vigilance passé, toutes les activités commerciales et autres sont interdites. C'est en début de matinée, samedi, que le phénomène doit s'approcher rapidement du nord de la Nouvelle-Calédonie, avant de longer en début d'après-midi le nord de la côte Ouest au stade de cyclone tropical. Dans la nuit de samedi à dimanche, Niran doit poursuivre sa descente le long de la côte Ouest, passant au large de Nouméa en première partie de nuit, puis au sud de l'île des Pins en seconde partie.

Interdit de se déplacer

Personne ne doit se déplacer. Ni à bicyclette, ni à pied, ni en voiture. La Sécurité civile demande à tout le monde de "rester confiné à l'intérieur, de veiller à s'éloigner des baies vitrées et être vigilant en permanence". Il faut patienter jusqu'après la phase de sauvegarde, décrétée par les autorités, pour espérer sortir de son abri. "Il est interdit de sortir, notamment lors du passage de l'œil du cyclone", insiste la Direction de la Sécurité civile et de gestion des risques de Nouvelle-Calédonie.

À quoi faut-il s'attendre ? Le temps va se dégrader toute la journée. Les vents souffleront violemment sur son passage. "Le vent sera le phénomène le plus dangereux, les rafales atteindront 200 km/h. Ce ne sera pas que sur la façade ouest, les débouchées des vallées à l'est seront aussi concernées", développe Christine Esposito. Les îles Loyauté seront préservées, mais pas épargnées : 120 km/h sont attendus.

Un air d'Erica

Les pluies vont s'abattre sur tout le pays provoquant des inondations. La mer sera particulièrement démontée. "Cela va rappeler Erica aux anciens, prévient Alexandre Rossignol, officier de communication de la Sécurité civile. Il va falloir être très vigilant aux vagues de submersion sur toute la Calédonie." Le capitaine recommande à "tous les habitants à proximité de la mer de se mettre à l'abri". Les prévisionnistes de Météo-France NC craignent "une marée de tempête avec de très fortes vagues, pouvant localement dépasser 6 mètres" sur tout le littoral. "Deux phénomènes vont se cumuler : il y aura des vagues dues au vent et une élévation du niveau de la mer à cause de la pression", explique Christine Esposito. La marée haute risque d'empirer ce danger de submersion marine.

Niran devrait s'éloigner du pays dans la journée de dimanche. "Il sera rapide et dangereux, prévient Christine Esposito. La vitesse du cyclone renforce la puissance des vents". Les secours et les autorités appellent tout le monde à la prudence tout au long du week-end.

Le phénomène touchera la Grande Terre au stade de cyclone tropical intense. Carte Météo-France NC

Les usines et le port autonome sécurisent leur site

A Vavouto, seul le personnel en charge de la maintenance et de la sécurité reste sur site. Photo Yann Mainguet

Les gros bateaux n'ont pas attendu le passage en alerte 1 pour quitter les rades du port autonome de Nouméa.

Dès vendredi matin, le navire de croisière de luxe Lapérouse et le Betico qui assure la liaison avec les Îles sont partis se mettre à l'abri en baie de Prony. Les minéraliers n'ont pas non plus pris le risque de rester. "Un arrêté de 2015 oblige les navires pilotés de plus de 60 mètres à quitter les eaux calédoniennes, explique le commandant du port, Christophe Tendron. Cela concerne tous les bateaux de commerce. Certains ont dû ralentir dès l'alerte précyclonique pour éviter le pays." À 15 heures, les quais étaient vides, le dernier porte-conteneurs quittait le port. Toutes les marchandises n'ont pas pu être débarquées. Les piles de conteneurs ont dû être rabotées pour éviter qu'elles s'effondrent. "Un conteneur peut s'envoler, surtout s'ils sont empilés trop haut. C'est déjà arrivé", assure le commandant. Le trafic devrait reprendre normalement lundi. La même routine de mise en sûreté des installations s'est déroulée dans les usines et les sites miniers. Dans le Nord et le Sud, les entreprises se sont préparées minutieusement aux coups de vent d'Ouest. À Koniambo, KNS, les salariés se sont organisés toute la journée. "On fixe toutes les parties qui peuvent s'envoler, détaille la communication du site de Koné. La structure de l'usine en elle-même ne risque rien, mais on s'assure que les pièces d'échafaudage ou que des tôles ne s'envolent pas."

"On est rodés"

Tous les chantiers ont été suspendus, tous les engins rangés. "Nous passons à effectif réduit, une quarantaine de personnes", poursuit la communication. L'entreprise est passée en "gestion de crise" depuis le passage en alerte précyclonique. Les travailleurs qui ne pourront pas rentrer chez eux seront pris en charge. Pendant le passage de Niran, le four sera "maintenu en activité sans produire". "On est rodés", assure KNS.

Dans le Sud, l'usine de Vale suit une procédure similaire. La plupart des 400 salariés en poste ont pris les bateaux vendredi après-midi. Une centaine de personnes sont restées sur le site pour assurer la maintenance et la surveillance de la chaîne de production, déjà quasiment à l'arrêt.

Le cyclone Niran devrait secouer la côte Ouest, les usines au Nord et au Sud s'y préparent méthodiquement. Photo T.P.

Repères

Depuis les années 1980, quatre cyclones ont frôlé ou touché la côte Ouest. Deux dépressions tropicales avaient également frappé le pays par l'Ouest, en 1961 (Catherine) et en 2014 (June).

2003 : Erica

Les vents ont pu atteindre 234 km/h à Vavouto lors du passage du cyclone Erica. La station Météo-France NC de Nouméa avait enregistré des rafales à 202 km/h. Trois personnes avaient perdu la vie et plus de 200 avaient été blessés.

2002 : Des

Quasiment un an avant Erica, le pays essuyait un autre cyclone tropical. Des vents à 122 km/h étaient relevés au Koniambo, et à 119 km/h au cap N'Dua.

1997 : Drena

En janvier, le phénomène tropical Drena touchait la côte Ouest du pays pendant sept jours. Les rafales ont atteint 166 km/h à Koumac et 137 km/h à Poindimié. Trois personnes avaient disparu.

1981 : Gyan

Le cyclone Gyan a frôlé la Calédonie en décembre 1981. Quelques jours avant Noël. C'est la station de Koumac qui a relevé les rafales les plus fortes. 169 km/h ont été observés. Les pluies avaient été importantes. Deux noyés étaient déplorés.

La phrase

"Le vent, la pluie, la houle, tout sera dangereux pendant le cyclone." Christine Esposito, prévisionniste Météo-France NC.

Brisbane.

La compagnie Air Calédonie a envoyé toute sa flotte à Brisbane, en Australie. Ses appareils seront à l'abri là-bas. Les vols, annulés tout le week-end, ne devraient reprendre que lundi.

200 km/h.

Les rafales devraient souffler jusqu'à 200 km/h sur la côte Ouest. Mais le vent n'épargnera ni la côte Est ni les Loyauté.