
C’est quasiment fait : la Nouvelle-Calédonie aura un nouveau président du gouvernement, mercredi 8 janvier, et, sauf énorme surprise, il s’appellera Alcide Ponga. Le candidat du Rassemblement devrait obtenir six voix, parmi les onze membres du 18e gouvernement fraîchement élu [1]. Le scénario tant redouté d’un blocage institutionnel, comme en 2021 où il avait fallu cinq mois pour départager Louis Mapou et Samuel Hnepeune, n’aura donc pas lieu.
On en avait pourtant pris le chemin, ce mardi. Convoqués par le secrétaire général du haut-commissariat au terme de leur élection, les membres du nouvel exécutif se sont retrouvés dans la salle des commissions du Congrès, en fin de matinée, pour tenter de se mettre d’accord sur la nomination d’un président. Sans succès. Les deux candidats, à savoir Alcide Ponga du Rassemblement et Samuel Hnepeune de l’UC, ont obtenu respectivement quatre et trois voix. Pas suffisant pour s’emparer de la tête de l’exécutif. La faute à l’abstention des quatre membres de l’UNI et de Calédonie ensemble-Eveil océanien.
Les élus se préparaient alors à de longues heures de tractations politiques pour parvenir à un consensus. "On va discuter dans les prochains jours pour trouver une majorité de construction", disait Christopher Gygès, réélu au sein de l’exécutif, quelques minutes après ce "premier round" raté. "Il y aura beaucoup d’échanges dans les jours qui viennent", envisageait également Samuel Hnepeune. C’était sans compter sur le coup de théâtre politique offert par Philippe Dunoyer. Une heure après son élection, le candidat de Calédonie ensemble annonçait sa démission, au cours d’une conférence de presse organisée à la dernière minute.
La raison invoquée : une absence d’accord autour du "contrat de gouvernance" soumis la semaine dernière par Calédonie ensemble [2] aux autres formations politiques. Il portait sur quatre grandes thématiques que les membres du nouvel exécutif devaient s’engager à respecter : une refondation des relations avec l’État, une nouvelle méthode de travail entre le gouvernement et le Congrès, un programme de réformes d’urgence et une réduction des dépenses du gouvernement. "Malheureusement, au bout de quinze jours de discussions, il n’y a pas eu d’accord", a dit regretter Philippe Dunoyer.
L’autre motif de son renoncement, c’est le refus des autres formations politiques de lui confier le portefeuille de l’économie et de la fiscalité auquel le candidat de Calédonie ensemble prétendait, à défaut du poste de président. "Il ne faut pas insister, ce n’est pas ma personne qui compte, c’est l’installation du gouvernement", a justifié Philippe Dunoyer, qui n’entend pas endosser la responsabilité d’un "blocage institutionnel".
Sa démission entraîne de facto le retour au gouvernement de Jérémie Katidjo-Monnier, troisième de la liste Calédonie ensemble-Eveil océanien. Philippe Dunoyer, lui, reprend son siège de conseiller au Congrès et permet à Calédonie ensemble de conserver un groupe au sein de l’hémicycle. Son élection au gouvernement aurait en effet priver le parti d’un sixième siège nécessaire à la constitution d’un groupe, puisque la suivante de liste, Nina Julié, a quitté Calédonie ensemble. Un risque que Philippe Dunoyer était prêt à prendre pour un poste de président ou chargé de l’économie, mais certainement pas pour un portefeuille moins important.
Pour limiter les conséquences de cette démission, Calédonie ensemble a annoncé que Jérémie Katidjo-Monnier apportera sa voix à la candidature d’Alcide Ponga à la présidence du gouvernement lors de la prochaine réunion des membres, qui devrait avoir lieu dans la matinée de mercredi. Dans la foulée, Petelo Sao, de l’Éveil océanien, inscrit sur la liste de Calédonie ensemble, a tenu à son tour une conférence de presse pour faire également part de son intention d’élire le candidat du Rassemblement. "Étant donné qu’il y a déjà une majorité qui est en train de se dégager, nous porterons notre choix sur la candidature de M. Ponga", a confirmé ce dernier.
Les discussions pour la répartition des portefeuilles au sein du nouvel exécutif se poursuivaient, ce mardi après-midi, entre les différents membres. Ils devront également se mettre d’accord sur un vice-président. S’ils n’y parviennent pas, le gouvernement prendra automatiquement ses fonctions sept jours après l’élection de son président.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/qui-sont-les-membres-du-18e-gouvernement
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/election-du-18e-gouvernement-caledonie-ensemble-propose-un-contrat-de-gouvernance-aux-autres-groupes-politiques
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