
La missive a été envoyée ce lundi 7 avril, à l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé, à l’ensemble des responsables politiques calédoniens et aux instances sanitaires. Rédigée par l’Alliance des infirmier·ère·s calédoniennes (Adic), elle exhorte les pouvoirs publics à "un engagement pour l’avenir de la santé".
"Aujourd’hui, les infirmier·ère·s de Nouvelle-Calédonie sont en détresse. Elles sont épuisées, invisibilisées, et abandonnées dans un système qui ne reconnaît ni leur engagement, ni leur expertise, ni leur souffrance", observe les représentants de l’Alliance. Les résultats de l’étude Quid Novi révélée le 31 mars [1] parlent d’eux-mêmes : 55 % des infirmier·ère·s et aides soignant.e.s interrogé.e.s se disent insatisfaits de leurs conditions de travail. Services qui ferment, blocs opératoires annulés, patients sans suivi, hospitalisations coûteuses… "Les conséquences sont déjà visibles sur le terrain", alerte l’Adic.
Alors, dans un contexte où 10 millions de personnel soignant pourraient manquer à travers le monde d’ici 2030 selon l’OMS, une question se pose : "Comment espérer les attirer ou les retenir sur notre territoire si nous ne reconnaissons ni leur valeur, ni leur courage, ni leur rôle essentiel dans la société ?", interroge Coralie Levesque, présidente de l’Adic, à l’adresse des élus calédoniens.
Pour les représentants de l’Alliance, la "reconnaissance publique et institutionnelle des actes héroïques des infirmier·ère·s" est une première réponse. "Il est temps que les institutions reconnaissent l’héroïsme ordinaire des soignants pendant les crises – que ce soit le Covid ou les émeutes. Nous avons pris des risques que personne ne devrait avoir à prendre, dans des épreuves qu’aucun Calédonien n’aurait dû avoir à vivre", déclare Yannick Leven, secrétaire de l’Adic.
Pour matérialiser cette reconnaissance et l’engagement envers les soignants, ce collectif a soumis une "charte pour le changement" aux responsables politiques calédoniens. Rédigée par le Conseil international des infirmier·ère·s, elle liste dix mesures (lire ci-dessous) visant à mieux reconnaître et transformer durablement la profession.
L’Adic demande aux pouvoirs publics de signer ce document le 12 mai, lors de la Journée internationale des infirmier·ère·s. Une date qui pourrait être "un tournant", selon l’Alliance, en vue d’un "engagement pays" en faveur de la santé. "On ne construira pas de stabilité sociale, économique ni sanitaire sans celles et ceux qui prennent soin, chaque jour, de notre population."