- A.F.P. | Crée le 17.01.2025 à 08h11 | Mis à jour le 17.01.2025 à 08h11ImprimerLe Premier ministre français François Bayrou a échappé à la censure des parlementaires. Photo Stéphane de SakutinLe Premier ministre François Bayrou a échappé jeudi à la première motion de censure déposée contre son gouvernement, les socialistes décidant dans leur grande majorité de se désolidariser du reste de la gauche face à une situation politique "inédite".
Une nouvelle page politique, celle d'un parlementarisme fondé sur le "dialogue" et le "compromis" plutôt que sur "l'affrontement" ? C'est en tout cas ce qu'a espéré le Premier ministre, dont le gouvernement avait mené d'intenses négociations avec les oppositions tout au long de la semaine dernière, et jusqu'à la dernière minute jeudi.
Après moult hésitations, au terme d'un long bureau national, le parti socialiste (PS) a décidé de ne pas voter cette première motion à l'égard de François Bayrou.
La motion a été approuvée par 131 députés - dont huit socialistes -, loin des 288 nécessaires pour faire chuter M. Bayrou. Le suspense ne résidait pas dans l'issue du scrutin, le Rassemblement national (RN) ayant annoncé qu'il ne voterait pas cette fois-ci avec le NFP (Nouveau front populaire), mais dans la position du PS, qui depuis 2022 avait quasiment toujours joint ses voix au reste de l'alliance de gauche sur de telles motions.
Le Premier secrétaire du parti à la rose, Olivier Faure, a défendu devant un hémicycle clairsemé le choix de son parti d'incarner "une gauche qui propose et qui avance", et s'est félicité des concessions "arrachées" à François Bayrou, en faveur de la justice fiscale, de l'Éducation nationale ou d'une remise en chantier de la réforme des retraites, "clé de voûte" de la négociation.
Il a cependant prévenu : le PS restera "dans l'opposition", se réservant à tout moment la possibilité de censurer le gouvernement. Chahuté par les Insoumis, Olivier Faure a réaffirmé son souhait que le Parlement "ait le dernier mot" sur les retraites, et juré que si le débat était "verrouillé", le PS "déposer(ait) une motion".
Bayrou "marque un point"
"Savourez la fin du NFP !", a lancé dans l'hémicycle le député Horizons Sylvain Berrios, membre de la majorité. François Bayrou "vient de marquer un point" grâce "à ceux qui dirigent aujourd'hui le PS et nous ont affaibli", a réagi Jean-Luc Mélenchon jeudi soir devant ses partisans.
Mais "le Nouveau front populaire n'a pas craqué. Trois (partis) sur quatre (qui ont voté la censure), ça veut dire que la majorité du NFP est et reste dans l'opposition au gouvernement de M. Bayrou, veut le censurer et obtiendra cette censure à la première occasion", a-t-il ajouté, prévenant qu'aux prochaines législatives, "dans toutes les circonscriptions de France, il y aura une candidature d'alternative à l'ordre actuel, soit par l'union, soit tout seul".
De leur côté, les Écologistes et les communistes ont fait savoir que bien qu'ayant voté la censure, ils entendaient poursuivre les discussions avec le gouvernement.
Porte-parole du groupe écologiste et social, Benjamin Lucas a tempéré auprès de la presse la portée d'un "désaccord stratégique" qui "n'efface pas une alliance".
La question de la censure se reposera à nouveau lors de l'adoption à l'Assemblée des budgets de l'État et de la Sécurité sociale, d'ici fin février. François Bayrou, qui comme ses prédécesseurs Michel Barnier, Gabriel Attal et Élisabeth Borne, ne dispose de majorité, pourrait être amené à dégainer l'article 49.3 de la Constitution, s'exposant à de nouvelles motions de censure.
Quelles concessions ?
Dans un courrier adressé mercredi aux présidents des groupes parlementaires socialistes, le Premier ministre récapitule la liste des concessions accordées à la gauche ces derniers jours. Sur les retraites, il assure que même "si les partenaires sociaux ne parviennent pas à un accord global", son gouvernement présentera un "nouveau projet de loi", "sous réserve d'un accord politique et d'un équilibre financier global maintenu".
Il accepte de renoncer à l'allongement du délai de carence d'un à trois jours en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires. Point sensible pour les socialistes, il confirme aussi l'abandon de la suppression de 4.000 postes d'enseignants dans l'Éducation nationale et la création de 2.000 postes supplémentaires d'accompagnants d'élèves en situation de handicap.
Côté fiscal, il confirme, parmi plusieurs mesures, le projet de taxe sur les hauts revenus, qui doit rapporter deux milliards d'euros mais qui a vocation à être remplacée par "un dispositif pérenne de lutte contre une injuste optimisation fiscale", "au plus tard" pour le budget 2026.
Des concessions brocardées par Sébastien Chenu, du groupe Rassemblement national. Pour lui, le PS, "telle une tribu indigène", s'est laissé "amadouer avec de la verroterie", rendant l'examen de la motion "stérile". "Nous ne vous menaçons de rien, mais nous vous attendons sur des actes", a-t-il lancé au Premier ministre.
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