- AFP | Crée le 15.03.2024 à 11h47 | Mis à jour le 15.03.2024 à 11h50ImprimerEmmanuel Macron était jeudi soir l’invité des journaux de 20 heures de TF1 et France 2. Il est ici entouré des journalistes Gilles Bouleau (à gauche) pour TF1 et Anne-Sophie Lapix (à droite) pour France télévisions. Photo Ludovic MARIN / AFPLe président de la République a affirmé jeudi soir à Paris que les Européens devaient être prêts à "répondre" à une "escalade" de la Russie, jugeant qu’elle ne "s'arrêtera pas là" si elle gagne la guerre en Ukraine, mais a assuré que jamais ils ne prendraient "l’initiative" de l’engagement militaire face à cette puissance nucléaire.
"Jamais nous ne mènerons d’offensive, jamais nous ne prendrons l’initiative. La France est une force de paix", a déclaré le chef de l’Etat aux journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2. Il entendait ainsi rassurer après avoir semé le trouble, dans l’opinion et chez les autres alliés de Kiev, en jugeant fin février qu’il ne fallait pas exclure l’envoi, à l’avenir, de militaires occidentaux en Ukraine.
"La Russie est devenue une puissance qui veut s’étendre et il est sûr qu’elle ne s’arrêtera pas là", a-t-il toutefois asséné sur X en réponse à des questions d’internautes. "Si on laisse l’Ukraine seule, si on laisse l’Ukraine perdre cette guerre, alors à coup sûr la Russie menacera la Moldavie, la Roumanie, la Pologne", a-t-il averti.
Cette nouvelle posture du président, qui dénonce un "durcissement" de Moscou et tente d’imposer son leadership dans l’aide à l’armée ukrainienne, a été critiquée par de nombreux homologues européens et par l’ensemble de ses opposants français. S’adressant directement aux Français par cette interview, Emmanuel Macron a toutefois assumé une fois de plus sa position. "Si la Russie venait à gagner", "nous n’aurons plus de sécurité" et la "crédibilité de l’Europe sera réduite à zéro", a-t-il estimé. "Nous avons un objectif : la Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre", qui est "existentielle pour notre Europe et pour la France", a-t-il insisté.
En conséquence, il a tenté de faire de la pédagogie sur cette "ambiguïté stratégique" qu’il défend face au président russe Vladimir Poutine.
"Trop de limites"
"Nous avons mis trop de limites, si je puis dire, dans notre vocabulaire", a expliqué Emmanuel Macron, rappelant que les Occidentaux avaient dit, après l’invasion russe de l’Ukraine il y a deux ans, qu’ils n’enverraient "jamais" de chars ou de missiles de moyenne portée à Kiev, avant de franchir ces lignes rouges face à l’évolution du conflit.
"Si la situation devait se dégrader, nous devons être prêts et nous serons prêts", a-t-il martelé. Il a donc affirmé que ceux qui posent "des limites" à leur soutien à l’Ukraine, face à un Vladimir Poutine qui a lui "franchi toutes les limites", décident "d’être faibles" et "ne font pas le choix de la paix mais font le choix de la défaite".
Il a précisé viser à la fois ceux qui, cette semaine au Parlement français, se sont abstenus (le Rassemblement national) ou ont voté contre (La France insoumise et les communistes) l’accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine. Mais aussi ceux qui, ailleurs en Europe, invoquent ces limites.
Une mise au point qui risque d’être fraîchement accueillie vendredi à Berlin, où le président français se rend pour tenter d’apaiser les tensions avec le chancelier allemand Olaf Scholz, décuplées ces dernières semaines autour de cette question.
Les deux dirigeants vont se voir en tête-à-tête, avant un sommet à trois incluant aussi le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Lassitude
À moins de trois mois des élections européennes, cet entretien marque aussi de facto son entrée en campagne, après le premier meeting de son camp samedi à Lille. Il a pris la parole dans la foulée du premier grand débat des européennes, sur Public Sénat, au cours duquel ses opposants ont dénoncé sa position "irresponsable".
Le camp présidentiel entend notamment axer sa campagne sur le soutien à l’Ukraine, accusant le RN, largement en tête dans les sondages, et LFI d’entretenir des positions prorusses.
Ces derniers jours, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait précisé que l’envoi de "troupes combattantes" n’était pas sur la table et que la question portait plutôt sur la présence de formateurs militaires occidentaux en Ukraine.
Deux ans après le début de l’offensive russe, son impact sur les économies européennes et une certaine lassitude des opinions se font aussi sentir.
Vladimir Poutine alimente lui-même ce sentiment en agitant en permanence la menace d’un conflit nucléaire.
"Nous devons nous sentir particulièrement protégés parce que nous sommes justement cette puissance dotée" de la bombe atomique, a dit Emmanuel Macron. "Nous sommes prêts. Nous avons une doctrine qui est établie", a-t-il ajouté, tout en évoquant la "responsabilité" française de "ne jamais être dans l’escalade".
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