- AFP | Crée le 08.01.2025 à 07h37 | Mis à jour le 08.01.2025 à 07h38ImprimerLe leader du Front national, devenu Rassemblement national, ici en 1997, est mort mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans. Photo AFP/Jack GuezFigure de l’extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen est mort mardi à l’âge de 96 ans en région parisienne, dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.
"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi", a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP. La figure de l’extrême droite française, il est mort à l’âge de 96 ans, dans un établissement de la région parisienne où il avait été admis il y a plusieurs semaines. "Engagé sous l’uniforme de l’armée française en Indochine et en Algérie, tribun du peuple à l’Assemblée nationale et au Parlement européen, il a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté", a salué sur X Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), héritier du Front national (FN) co-fondé par Jean-Marie Le Pen.
M. Le Pen était une "figure historique de l’extrême droite" française dont le "rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans […] relève désormais du jugement de l’Histoire", a réagi la présidence dans un communiqué. Il "aura été une figure de la vie politique", au-delà "des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond", a déclaré de son côté le Premier ministre français, François Bayrou, un commentaire dénoncé comme trop laudatif par plusieurs responsables de gauche.
"C’était un raciste. Un antisémite. Un colonialiste. Un nostalgique du régime de Vichy. Un antiféministe… Un multirécidiviste qui a fondé le FN avec des SS. Pas une figure de la vie politique française", a appuyé le secrétaire général du Parti socialiste, Pierre Jouvet. Plusieurs centaines d’opposants à Jean-Marie Le Pen se sont rassemblés, mardi 7 janvier, dans plusieurs villes de France pour célébrer son décès, avec chants, fumigènes et feux d’artifice. "Il faut célébrer quand les personnages aussi haineux meurent", a expliqué à l’AFP Louise Delporte, une étudiante en sciences politiques de 20 ans.
Le "Menhir"
Le fondateur du FN s’était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti. Alors qu'il était affaibli par plusieurs accidents de santé, une expertise médicale avait constaté en juin "une profonde détérioration" de son état physique et psychique, estimant qu’il n’était pas en mesure ni "d’être présent", ni de "préparer sa défense" au procès des assistants des eurodéputés FN qui s’est déroulé à Paris de septembre à novembre.
Mi-novembre, Jean-Marie Le Pen avait été hospitalisé puis admis dans une structure à Garches, à l’ouest de Paris, non loin de son domicile de Rueil-Malmaison. Tribun hors pair, provocateur sulfureux obsédé par l’immigration et les juifs, patriarche contrarié par les siens, celui qui aimait à être surnommé "le Menhir" avait sorti l’extrême droite française de sa marginalité.
Sa mort a été annoncée alors qu’une partie de la classe politique française était réunie mardi devant un magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris, dix ans après les attentats de janvier 2015.
"Front républicain"
Le plus emblématique de ses succès restera inachevé. Le 21 avril 2002, à 73 ans et pour sa quatrième candidature à la présidence française, il crée la surprise en se qualifiant pour le second tour de l’élection. Le triomphe a son revers : pendant quinze jours, des millions de personnes défilent contre le racisme et son incarnation politique. Surtout, Jean-Marie Le Pen permet la réélection facile de son ennemi juré, Jacques Chirac.
Vingt-deux ans plus tard, alors que le RN venait de triompher aux élections européennes, une providentielle dissolution décidée par le président Emmanuel Macron laissait entrevoir la possibilité que sa fille Marine emmène l’extrême droite au pouvoir, un rêve auquel il s’était finalement mis à croire mais qui s’est encore fracassé sur un "front républicain". Jean-Marie Le Pen, après avoir été marié avec Pierrette Lalanne, la mère de ses filles Marie-Caroline, Yann et Marine, avait épousé en secondes noces Jany Le Pen.
Sébastien Chenu, vice-président du RN, a estimé que "la disparition de Jean-Marie Le Pen est celle d’un immense patriote, visionnaire et d’une incarnation du courage". "Le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n’efface pas le droit de juger leurs actes, a réagi de son côté le leader de la gauche radicale en France, Jean-Luc Mélenchon. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l’homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus, continue."
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