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    France
  • Alexandra LESIEUR / AFP | Crée le 09.06.2024 à 17h00 | Mis à jour le 09.06.2024 à 17h00
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    Jean Caillet, résistant français de la Seconde Guerre mondiale, a accepté de livrer ses souvenirs lors d’un entretien réalisé à son domicile de Dieppe, fin mai. Photo Lou BENOIST / AFP
    La France a célébré pendant trois jours les 80 ans du débarquement des forces alliés en Normandie. A cette occasion, les Nouvelles vous proposent une série d’articles qui retracent les événements qui se sont produits autour du 6 juin 1944. Découvrez le portrait de Jean Caillet, résistant aujourd’hui centenaire et ancien mécanicien de l’armée de l’air, qui a la tête pleine de souvenirs, mais le cœur meurtri.

    "Allée Jean-Caillet". A 100 ans, ce résistant d’origine juive vit à Dieppe dans la rue qui porte son nom, lui qui a connu la prison en Espagne, rejoint les Français libres au Maroc avant d’arriver en Angleterre où il s’occupait des avions durant la bataille de Normandie il y a 80 ans.

    Sans lui et les millions de "petites mains" loin des combats, des cartographes aux interprètes, le Débarquement du 6 juin 1944 n’aurait pu avoir lieu.

    "Quand on a 20 ans, c’est une grande aventure !" résume pour l’AFP Jean Caillet, la poitrine couverte de médailles, la tête pleine de souvenirs et le cœur meurtri.

    En Angleterre, il fait partie des seules unités françaises, Guyenne et Tunisie, à voler sur bombardier lourd parmi les 12 escadrons français au sein de la Royal Air Force (RAF).

    Un pilote sur deux ne revient pas

    A l’annonce du Débarquement, "on était heureux bien sûr, on allait peut-être un de ces jours revoir notre pays", sourit le centenaire, l’œil vif. Mais pas le temps de fêter l’évènement : "On avait beaucoup de travail, j’étais mécanicien au sol. Je m’occupais de l’entretien et de la vérification des appareils de bord des Halifax."

    "Des fois, j’en avais pour cinq minutes, d’autres fois pour une heure. Je vérifiais entre cinq et vingt avions par jour. Presque tous les appareils ont fait la bataille de Normandie", se souvient-il, "fier" d’avoir contribué à la libération de son pays.

    Sur la base d’Elvington près de York (Angleterre), Jean lie des amitiés pour la vie, découvre la bière, le whisky et les filles. Les restrictions et les bombardements lui rappellent que le pays est en guerre. Quand il part en permission à Londres : "des douilles d’obus dans la rue me tombaient dessus."

    Agnostique, ce caporal lance parfois un "merde" aux copains prêts à décoller vers l’Europe, espérant bien les revoir après leur mission. Mais un pilote sur deux des escadrons Guyenne et Tunisie n’est jamais revenu.

    Il quitte sa famille à 19 ans…

    Malgré les risques, il aurait aimé partir avec eux. "Je n’avais pas le physique suffisant. La faim durant la guerre, ça a dû jouer, m’amoindrir physiquement. Il n’y avait pas grand-chose à bouffer en France et en Espagne."

    A Amiens où il est né le 8 novembre 1923 puis à Mortemer (Seine-Maritime), les temps sont durs pour Jean, ses parents et sa petite sœur durant l’occupation. En janvier 1942, il se résout à les quitter pour échapper au Service du travail obligatoire (STO), trouve refuge chez un oncle en zone libre et décide de rejoindre les forces militaires françaises en Afrique du Nord.

    Seul, il voyage à pied ou en car, échappe à la milice française et passe clandestinement la frontière espagnole. Arrêté par la Guardia civil, il est incarcéré à Gérone.

    Libéré grâce à la Croix-Rouge, Jean part au Portugal en train, embarque vers le Maroc où il arrive le 13 juin 1943 et s’engage dans l’armée de l’air. A Casablanca, il garde "un très mauvais souvenir" de la chaleur. En Algérie, il contracte le paludisme.

    … et ne les reverra plus jamais

    Le résistant finit par arriver à Liverpool fin 1943. Son aventure dans l’aviation anglaise débute, mais il est inquiet pour sa famille : sa mère et sa sœur ont été arrêtées.

    De retour chez lui après la guerre, Jean retrouve sa maison pillée. "Plus le temps passait, plus l’espoir s’amenuisait, se rappelle-t-il. Je ne les ai pas retrouvés. Mon père, ma mère, ma sœur, je n’ai jamais eu de leurs nouvelles."

    Le jeune homme finit par fonder sa propre famille, ouvre un commerce à Dieppe avec son épouse. A eux deux, ils ont perdu 15 membres de leur famille durant la guerre.

    Ce n’est qu’en 1978, grâce au travail de Beate et Serge Klarsfeld, que Jean découvre enfin la vérité : son père Simon a été arrêté en août 1942, sa mère Marguerite et sa sœur Jeannine, 15 ans, l’année suivante. Ils ont été déportés en Pologne, au camp d’extermination de Sobibor.

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