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    Grand Nouméa
  • Aurélia Dumté | Crée le 09.08.2024 à 11h24 | Mis à jour le 09.08.2024 à 13h58
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    Depuis trois semaines, la route provinciale 1, au Mont-Dore, est complètement bouclée. Impossible de passer devant la tribu de Saint-Louis. Deux "verrous", un à Saint-Michel/Thabor et un à La Coulée, assurés par les forces de l’ordre, bloquent tout accès Photo Aurélia Dumté
    Un mur de béton côté La Coulée, un check point de véhicules militaires côté Saint-Michel/Thabor, l’accès à la portion de la route provinciale 1 entre ces deux quartiers est impossible en voiture. Pour entrer, il faut montrer sa pièce d’identité. La tribu de Saint-Louis est encerclée. Une situation oppressante pour les habitants, nécessaire pour les forces de l’ordre afin de rétablir la libre circulation.

    Plusieurs véhicules de gendarmerie sont garés au milieu de la route au niveau de Thabor, juste après le quartier de Saint-Michel. De nombreux militaires sont en surveillance. Les habitants se garent sur le bas-côté, marchent, présentent leur pièce d’identité, se rendent à pied à leur domicile. Un second "verrou" est installé quelques mètres plus loin, plus étanche encore. Seuls les chiens semblent libres de se déplacer. Côté sud, au niveau de La Coulée, des blocs de béton renforcent le barrage disposé par les militaires. "Un important dispositif de sécurité est mis en place sur la commune du Mont-Dore. La route jouxtant la tribu de Saint-Louis est actuellement fermée au vu du risque important de troubles à l’ordre public et d’exactions", relate succinctement un communiqué du haut-commissariat de la République envoyé jeudi 8 août.


    Depuis trois mois, la RP1 à hauteur de Saint-Louis est soit dangereuse, soit fermée à la circulation pour questions de sécurité. Depuis trois semaines, elle est totalement fermée aux voitures. Photo Aurélia Dumté

    58 car-jackings

    La traversée de Saint-Louis était si dangereuse ces dernières semaines, que même si la route était ouverte, les autorités déconseillaient de l’emprunter. Les habitants du sud du Mont-Dore ne prenaient de toute manière pas le risque. "Il y a eu 58 car-jackings", assène Nina Julié, élue d’opposition, lors du conseil municipal du Mont-Dore jeudi 8 août. Certains vols de voiture avec des actes de violences graves. Des personnes laissées sur le bord de la route sans rien, avec leurs enfants. Et c’est sans compter les affrontements entre les forces de l’ordre et les individus armés. Mieux valait ne pas se retrouver au milieu d’échanges de tirs. La situation était donc devenue bien trop tendue. Et la liberté de circulation impossible. Les forces de l’ordre ont donc pris une décision extrême : fermer entièrement cette portion de route. Le "verrou" est installé depuis trois semaines. "Pour permettre sa réouverture (de la route NDLR) dans les meilleurs délais, les forces de sécurité accentuent sur cette zone leur travail d’ordre public", continue le communiqué du Haussariat.

    Négociations

    Le maire, Eddie Lecourieux, a profité du conseil municipal du jeudi 8 août pour évoquer la situation de la commune de manière générale, de la partie sud de la ville, et du "phénomène Saint-Louis". "La gendarmerie n’a pas trouvé aujourd’hui le moyen de laisser libre la circulation sans que la population soit agressée. Des négociations ont été lancées entre l’État et les différents protagonistes de la tribu. C’est difficile. Nous n’avons aucune information sur la réouverture de cet axe, déplore le maire, qui continue : la gendarmerie ne souhaite pas mettre la vie des agents en péril. Est-ce qu’il faut aller vers un contact violent et armé ou est-ce que l’on essaie encore de négocier ? l’État est dans cette stratégie et moi, en tant que maire, je n’ai pas mon mot à dire. Nous avons des réunions régulières avec l’État. Je ne voudrais pas que cette situation devienne banale. Douze mille personnes vivent de l’autre côté de ces verrous. C’est invivable. Bien sûr que je dénonce la CCAT dans toutes ses actions violentes, mais une fois que j’ai dit ça, je n’ai rien réglé. Je suis un maire, et les gens me demandent de régler les problèmes."


    Deux points de sécurité sont à traverser avant d’accéder à la tribu, à pieds. Photo Aurélia Dumté

    Une situation extrêmement difficile pour les habitants du Sud du Mont-Dore, mais également pour ceux de Saint-Louis et alentours, qui subissent tant la présence d’individus violents et armés, que le blocus de leur tribu ou de leur quartier. "Est-ce que l’État a même le droit de faire ça ?" se demandent des habitants aux abords du "verrou" de la gendarmerie. "Nous, nous voulons qu’ils trouvent les gars armés, mais pas qu’ils rentrent dans la tribu ou qu’ils bloquent la route." Pour ces messieurs, "ce n’est pas aux coutumiers de faire le travail de la gendarmerie, les forces de l’ordre peuvent travailler devant la tribu, mais sans bloquer la route." Une situation qui s’est avérée peu concluante ces derniers mois, eu égard au nombre de violences qui n’ont pu être évitées lors de la traversée de Saint-Louis ces derniers mois.

    Électricité coupée

    S’ajoutent des actes de vandalismes sur le réseau électrique. L’électricité est coupée dans certaines parties de la tribu. "Je ferai tout pour que la population de Saint-Louis puisse vivre normalement sans avoir à subir les exactions d’une partie des gens de la tribu, affirme le maire du Mont-Dore. C’est le rôle de la ville de s’assurer que tous les habitants bénéficient d’un accès à l’eau et à l’électricité. Mais l’accès pour les équipes est difficile. Ces coupures de courant, ce n’est pas la ville, ce ne sont pas les gendarmes ! Ce sont des actes de sabotage ! On veut faire croire que l’on veut asphyxier Saint-Louis pour faire aboutir les négociations. Ce n’est pas du tout le cas. Il y a quelques jours, un feu s’est déclenché dans une maison à cause de bougies, la maison a été fortement endommagée, c’est terrible."

    Un courrier au président pour demander le viaduc

    Les navettes, mises en place par la province Sud depuis le 13 mai, sont la solution pour permettre une libre circulation aux Mondoriens du sud. L’État a annoncé jeudi 8 août qu’il prendrait désormais en charge le coût de ces navettes, ainsi que celui des barges, qui assurent le transport de marchandises et dont le coût était pris en charge par la mairie. Par voie de communiqué, le haussariat déclare "accompagner la province Sud dans la mise en place de moyens supplémentaires, là aussi financés par l’État. Ces mesures auront notamment vocation à augmenter le flux de passagers, de véhicules et de ravitaillement." Une bonne nouvelle, "le dispositif est maintenu, mais pour combien de temps ?" demande Eddie Lecourieux. Cela fait trois mois que les Mondoriens du sud sont "empêchés, trois semaines que plus personne ne passe", constate le maire, qui a décidé d’écrire un courrier au président de la République pour demander la construction d’un viaduc reliant le sud du Mont-Dore à Nouméa.

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