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    Grand Nouméa
  • Baptiste Gouret et Anthony Tejero | Crée le 30.05.2024 à 18h32 | Mis à jour le 30.05.2024 à 20h41
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    Depuis le début de la crise, deux mobilisations se font face au village de Païta, entre des militants du FLNKS (à gauche) qui appelle au calme et à un accord et des membres de la CCAT (à droite) davantage virulents. Photo Baptiste Gouret
    Au village de Païta, deux visions du combat vers la pleine souveraineté s’opposent depuis le début de la crise, entre des militants de la CCAT inflexibles et des membres du FLNKS qui dénoncent la méthode et appellent à la discussion. Une illustration des divisions qui frappent le camp indépendantiste.

    On devine leur jeune âge derrière les morceaux de tissu qui dissimulent leurs visages. Installés autour du rond-point, à l’entrée du village de Païta, les militants de la CCAT, en grande majorité cagoulés, allument des feux et bloquent l’accès à la route du Mont-Mou. Ils s’agitent à l’arrivée des forces de l’ordre, tentent de leur barrer la route avec quelques pierres et des débris. La circulation est fluide, mais la tension est palpable.

    Moins de 100 mètres plus loin, les couleurs (celles du drapeau FLNKS) sont les mêmes mais l’ambiance, elle, est bien différente. Sous les tivolis qui occupent la place du village, les militants boivent le café en famille et accueillent à la table ceux qui veulent discuter. Malgré une revendication commune, le retrait du projet de loi constitutionnelle, tout semble désormais opposer ces deux mobilisations indépendantistes apparues dès le déclenchement de la crise, le 14 mai.

    "Digne et responsable"

    André Selefen plaide pour un mouvement "digne et responsable", lâche le dirigeant du Comité nationaliste et citoyen de Païta, organisation de proximité issue du FLNKS. Une manière de dire qu’en face, ces valeurs ne sont pas toujours respectées. "On n’est pas là pour détruire les acquis, on ne veut pas de retour en arrière", poursuit le vieux militant, en référence aux commerces pillés et incendiés. Sur la place municipale, lui et ses compagnons du Parti de libération kanak (Palika) jugent d’un œil critique les méthodes employées par la dizaine de militants de la CCAT. "La différence, elle est dans la manière d’être, dans la liberté de parole et dans la façon de se comporter avec les autres et de discuter. Eux, ils sont plus virulents", note André Selefen.


    Contrairement aux militants de la CCAT, les membres du FLNKS mobilisés au village de Païta plaident pour un accord global. Photo Baptiste Gouret

    Il est déjà allé s’entretenir avec les responsables de cette autre mobilisation, notamment pour leur demander d’en finir avec "les feux de pneus", qui ont tendance à rendre malades "les mamans qui habitent juste au-dessus". Eux sont également venus les voir pour "demander de l’aide pour calmer les jeunes", devenus ingérables aux premiers jours de la crise.

    Le procédé n’est pas le seul contraste entre les deux groupes. Sur le fond, aussi, les avis s’opposent. "On ne peut que partager une souveraineté avec la France", pense André Selefen, loin des désirs d’indépendance pleine et entière manifestés quelques dizaines de mètres plus haut. Même divergence autour de l’accord global, "dont ils ne veulent pas", déplore ce dernier. "Chacun fait ses actions devant chez lui et ce, jusqu’au retrait du projet de réforme constitutionnelle et l’accès à la pleine souveraineté", confirme une porte-parole de la CCAT.


    Sur le rond-point de l’entrée du village, des banderoles de la CCAT rendent hommage aux jeunes Kanak tués depuis le début des émeutes. Photo Baptiste Gouret

    Assurer une présence sur le terrain

    L’occupation du rond-point, c’est la seule manière d’éviter que des jeunes reviennent pour détruire le reste des commerces du village, justifie-t-elle. "Nous assurons une présence physique sur le terrain et nous faisons aussi de l’information sur des sujets tels que la décolonisation, le dégel du corps électoral et l’Accord de Nouméa." Elle affirme également que les jeunes manifestants participent au ravitaillement des magasins et au transport du personnel soignant depuis Nouméa.

    D’un bout à l’autre de cette portion de RT1, chacun défend sa légitimité. Ce qui n’empêche pas de maintenir des relations cordiales entre les membres de deux mobilisations. Au fond, peu importent les divergences, le combat vers l’indépendance est rassembleur. "On n’est pas opposés à la CCAT", assure André Selefen. Il le reconnaît aussitôt : "Ce sont aussi des gens à nous sur ce rond-point."


    Les gendarmes sont intervenus, ce jeudi matin, sur le rond-point à l’entrée du village de Païta. C’est là que sont mobilisés les militants de la CCAT. Photo Baptiste Gouret

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