Depuis lundi, une grande partie des autorités coutumières de Nouvelle-Calédonie sont réunies à La Roche, à Maré, à l’appel de Inaat ne Kanaky pour signer la "Déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies". Trois jours pour préparer cette signature, un acte historique selon les chefs coutumiers, réalisé dans un "esprit de partenariat et de respect mutuel".

Alexandre Kwane Koteureu, conseiller de la grande chefferie de Kwényï à l’Île des Pins, a exprimé sa satisfaction : "C’est quelque chose de grandiose, puisqu’on nous a mis de côté. Les chefferies n’ont pas été reconnues depuis la nuit des temps. On est en train de mettre en place les grandes chefferies pour se faire reconnaître internationalement", a-t-il déclaré, insistant sur le besoin pour ces institutions ancestrales de retrouver une place légitime sur la scène internationale.

"Une porte qui s’ouvre"

L’événement a attiré de nombreuses personnes, venues parfois de loin pour assister à ce moment solennel. Parmi elles, Jérôme Betrancourt, membre de collectifs citoyens, a partagé son ressenti. Il a souligné l’importance de dépasser les préjugés et de mieux comprendre les différentes valeurs présentes en Nouvelle-Calédonie : "La pire des choses c’est l’ignorance. C’est comme ça qu’on construit les préjugés, la haine, la radicalité. On peut être d’accord ou pas avec un système de valeurs, mais la moindre des choses c’est d’aller le voir, essayer de le connaître, de le comprendre", a-t-il affirmé. Bien que certains puissent percevoir cet acte comme une forme d’exclusion, Betrancourt y voit, au contraire, une ouverture : "Ce que j’ai entendu dans la déclaration, c’est une porte qui s’ouvre. Le drapeau français a été hissé, et les autres communautés sont citées dans la déclaration".

Geste symbolique

Cette signature à l’initiative du Conseil national des grandes chefferies kanak (Inaat ne Kanaky) marque donc un geste symbolique fort des autorités coutumières, qui entendent réaffirmer leur place dans la société calédonienne et au-delà.

Le chemin vers la reconnaissance officielle des chefferies reste cependant semé d’embûches, dans un contexte où les différentes composantes de la société calédonienne cherchent encore à définir leur avenir commun.