- Propos recueillis par Frédérique de Jode Photos : Marc Le Chélard L Calédonie | Crée le 30.03.2025 à 09h00 | Mis à jour le 30.03.2025 à 09h01ImprimerPhoto Marc Le Chelard/L CalédonieMembre fondatrice et secrétaire générale de l'Eveil Océanien, Veylma Falaeo est entrée dans l'histoire de la Nouvelle-Calédonie en devenant en août 2024 la première femme présidente du Congrès. Une ascension rapide dans le monde politique. Rencontre avec une femme animée par des valeurs de solidarité et de partage et le sens des responsabilités. Un portrait réalisé par notre partenaire le magazine L Calédonie, paru en mars 2025.
En ce lundi 24 février, l'emploi du temps de Veylma Falaeo était très chargé puisqu'elle recevait au Congrès, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, en visite une semaine en Nouvelle-Calédonie. Elle a ensuite enchaîné avec notre rendez-vous avant la réunion plénière proposée par Manuel Valls aux responsables calédoniens au Congrès. "S'engager en politique, être à la tête d'une institution comme celle du Congrès, demandent de s'y consacrer pleinement, quitte à mettre en pause sa vie sentimentale, familiale, souligne la présidente du Congrès. Mais j'ai fait ce choix, je l'assume à 200 % car je suis quelqu'un de passionné."
Une éducation stricte
Veylma Falaeo a grandi au sein d'une famille modeste dans le quartier de Rivière-Salée à Nouméa, confrontée aux difficultés de la vie quotidienne. Son père, Augusto Falaeo, d'origine wallisienne, était agent d'accueil à la mairie de Nouméa, sa mère, métisse d'origine futunienne, a exercé le métier d'aide maternelle. Des parents aimants, une famille unie, qui lui ont transmis des valeurs de respect, de considération envers les autres, de solidarité et de partage.
Photo Marc Le Chelard/L Calédonie" Mon père m'a toujours dit qu'il faut partager même le peu que l'on a, se souvient-elle. Et j'ai gardé cette valeur de partage toute ma vie ". Mais une éducation stricte envers l'aînée des trois enfants. " Mes parents ont été plus sévères envers moi qu'avec mon frère cadet et ma sœur, précise Veylma Falaeo. Ils m'ont inculqué tôt le sens des responsabilités par ma position d'aînée, j'étais la première petite-fille du côté paternel. Il ne fallait pas les décevoir. "
Les années dans la fonction publique
Veylma - prénom d'origine allemande et qui signifie " bravoure " a été proposé par un oncle paternel auquel son grand-père a tenu à rajouter un y - est une enfant sage, très timide, voire introvertie, première de la classe, avec le souci de montrer l'exemple. Elle se voyait plus tard institutrice ou hôtesse de l'air mais la vie en a décidé autrement. Après avoir poursuivi sa scolarité au collège de Rivière-Salée, Veylma Falaeo obtient un bac ES à Jules-Garnier, puis direction l'Université de la Nouvelle-Calédonie, à l'âge de 18 ans. Elle sera diplômée de deux licences, en administration publique et en économie-gestion. " J'ai eu l'envie de poursuivre des études en dehors du territoire mais c'était difficile financièrement pour mes parents. J'ai pensé que mon frère et ma sœur devaient également avoir leur chance de faire des études. Je suis alors rentrée dans la vie professionnelle. " Après un poste de chargée de comptabilité dans le secteur bancaire, Veylma Falaeo se tourne vers le public, en faisant un remplacement au CHT, puis en entrant
à l'Institution de Formation à l'Administration Publique.
Photo Marc Le Chelard/L CalédonieEn 2009, elle devient fonctionnaire territoriale. Son parcours professionnel se poursuit à l'IDC-NC, puis en tant que contrôleuse auprès de la Direction de la Formation Professionnelle Continue. De ces années, elle garde un grand intérêt pour la formation, l'avenir de la jeunesse, s'engageant également dans le milieu associatif. En tant que professeur de zumba pendant sept ans, elle a encadré des enfants pour participer au Carnaval de Nouméa. La charge de travail ne fait pas peur à Veylma Falaeo. Perfectionniste, elle aime la rigueur et le sens des responsabilités. Un regret, celui d'avoir échoué au concours A de la fonction publique. " Entre 2008 et 2017, je me suis présentée plusieurs fois au concours car je suis persévérante mais j'échouais à l'oral, une fois à cause du stress qui m'a tétanisée, une autre fois sur des questions extrêmement vastes concernant l'organisation politique, administrative et institutionnelle ou encore parce que je ne savais pas me mettre en avant, me vendre. Ce sont des échecs qui vous découragent surtout lorsqu'après votre journée de travail, vous révisez le soir jusqu'à minuit. "
Le tournant politique
C'est en 2017, après la venue d'Emmanuel Macron sur le territoire où le président français clame cette fameuse phrase, " la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ", que Veylma Falaeo est approchée par des politiques. Elle se retrouve sur la délégation de Calédonie Ensemble lors de la visite d'Edouard Philippe, premier ministre, et d'Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, après le premier référendum d'autodétermination de 2018. " Je devais intervenir pour parler des communautés wallisienne et futunienne. En me retrouvant face au premier ministre, j'ai senti comme un élan en moi, une étincelle qui m'a poussée à m'engager en politique. "
Photo Marc Le Chelard/L CalédonieImprégnée aussi peut-être de l'exemple de certains membres de sa famille qui ont exercé des responsabilités politiques en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et- Futuna, son arrière-grand-mère, Aloisia Brial, fut une reine coutumière d'Uvea. "J'en parle avec mon frère Eddy, qui me met en contact avec son ami Milakulo Tukumuli. De là, est né, en 2019, l'Eveil Océanien, qui prône une voie centrale, le partenariat avec la France et la réconciliation des antagonistes." Une ascension politique rapide s'en suit puisque Veylma Falaeo est élue en 2019 à l'assemblée de la province Sud ainsi qu'au Congrès, et en 2020, au conseil municipal de Nouméa.
Présidente du Congrès
Le 29 août 2024, Veylma Falaeo devient la première femme présidente du Congrès, la plus jeune aussi, à l'âge de 41 ans, dans un contexte exceptionnel marqué par les émeutes de mai. "J'ai ressenti un mélange d'émotions. Je me suis demandé si c'était bien réel", se souvient-t-elle. Une élection qui a rendu ses parents fiers. "Je ne leur avais pas dit que je me présentais à cette fonction. Ils l'ont découvert en direct à la télévision, ma mère a pleuré à l'annonce des résultats." Lors de son discours d'intronisation, Veylma Falaeo a exprimé sa volonté de porter un travail institutionnel et politique guidé par un esprit d'unité océanienne, républicaine et calédonienne.
Photo Marc Le Chelard/L CalédonieElle s'est également adressée aux femmes. "Il reste beaucoup à faire concernant la condition des femmes. C'était essentiel de leur transmettre un message d'espoir pour leur dire que le travail paye, qu'il faut persévérer, ne pas faire taire ses rêves, d'y croire car tôt ou tard on y arrive. Regardez-moi ! ". Pendant sa mandature, Veylma Falaeo entend travailler sur trois axes, l'organisation du Congrès, la coordination avec l'exécutif et l'avenir institutionnel. Son maître-mot, le consensus, "car c'est par cette voie que la Nouvelle-Calédonie va pouvoir avancer". Quel regard porte-t-elle sur son avenir ? "J'ai encore des choses à faire en politique mais je ne suis pas accrochée au pouvoir. Mon engagement est porté par le désir de voir les jeunes prendre la relève."
UNE MAGAZINE L CALEDONIE N°4 - MARS 2025 Photo L CALEDONIE - Photo Marc Le ChelardNote
Retrouvez le numéro 4 du magazine L Calédonie, paru en mars 2025, dans de nombreux points de vente, et sur la page Facebook L Calédonie magazine.
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