- AFP | Crée le 12.11.2024 à 10h46 | Mis à jour le 12.11.2024 à 10h50ImprimerLa COP29 s’est ouverte lundi par le discours du président de la conférence, l’Azerbaïdjanais Mukhtar Babayev. Photo Alexander NEMENOV / AFPA l’approche du retour au pouvoir de Donald Trump, le représentant de Joe Biden à la conférence annuelle de l’ONU sur le climat à Bakou a promis lundi que l’action climatique se poursuivrait aux États-uniens, dans une journée tumultueuse marquée par les dissensions Nord-Sud.
La perspective du retrait américain de l’accord phare de Paris (2015), pour la seconde fois, affaiblit la parole des négociateurs de la première puissance mondiale. Les COP ont déjà vécu cela sous le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) : à l’époque, des Etats fédérés américains, des villes et des entreprises avaient promis de compenser, au moins en partie, les reculs au niveau fédéral. "Même si le gouvernement fédéral américain sous Donald Trump met en pause l’action climatique, le travail pour contenir le changement climatique se poursuivra aux États-uniens", a déclaré John Podesta, émissaire américain pour le climat pour encore deux mois. Le thème de la coopération entre Etats, alors que le monde n’a toujours pas réussi à stabiliser ses rejets de gaz à effet de serre, est en filigrane de toute cette conférence, organisée par l’ONU et l’Azerbaïdjan. "Il est temps de montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort. Elle est à la hauteur du moment", a lancé le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell.
L’enjeu principal de la COP29 est de fixer le montant de l’aide climatique des États développés pour les pays en développement afin qu’ils se développent sans charbon ni pétrole, et puissent affronter plus de canicules et d’inondations. Aujourd’hui de 116 milliards de dollars par an (en 2022), l’aide climatique future doit être plus que décuplée, selon les pays pauvres. Les pays développés ont contracté une "dette climatique", a lancé Tasneem Essop, du Climate Action Network (CAN), qui regroupe des milliers d’ONG. Mais les Occidentaux jugent les ordres de grandeur avancés irréalistes pour leurs finances publiques. Le président de la COP29 Moukhtar Babaïev a évoqué des "centaines de milliards" dans son discours d’ouverture, mais aucun négociateur n’a dévoilé ses cartes.
Ordre du jour bloqué
A l’issue d’une première journée poussive et après des heures de retard en raison de dissensions entre blocs de pays, les près de 200 pays réunis ont fini par adopter une première décision : les premières règles majeures de l’ONU pour le marché des crédits carbone, jusqu’ici sans régulation internationale et sujet à abus, fraudes et greenwashing. Les pays en développement, avec la Chine et l’Inde, ont aussi bataillé en coulisses sur l’ordre du jour, un bras de fer très symbolique des tensions avec les pays riches, qui seront le refrain de toute cette COP, censée s’achever le 22 novembre.
Accord de Paris en danger
"La COP29 est un moment de vérité pour l’accord de Paris", a lancé M. Babaïev, ministre azerbaïdjanais de l’écologie, et ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale, Socar, en ouverture lundi. Environ 51 000 participants sont accrédités, selon l’ONU Climat. Nombre d’ONG critiquent la tenue de la conférence dans un pays qui célèbre le pétrole comme un "cadeau de Dieu", et où les autorités ont arrêté et poursuivent plusieurs militants environnementaux.
Il ne faudra qu’une signature à Donald Trump, à son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, pour rejoindre l’Iran, le Yémen et la Libye hors de l’accord quasi-universel adopté à Paris en 2015. Cet accord est le moteur qui a permis d’infléchir la trajectoire de réchauffement aux alentours de 3°C ou moins d’ici 2100, contre 1,3°C déjà en moyenne aujourd’hui, et probablement 1,5°C sur une année individuelle en 2024. A Paris, les pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C, par rapport à 1850-1900.
Des absents
Les Européens jurent qu’ils redoubleront d’efforts pour compenser le retrait américain, mais peu sont à Bakou. Et seule une poignée de dirigeants du G20 seront présents. L’argent public venant des pays développés, aujourd’hui à 69 % des prêts selon l’OCDE, permet de construire des centrales solaires, d’améliorer l’irrigation, de construire des digues ou d’aider les agriculteurs face aux sécheresses. Mais l’heure est plutôt à l’austérité (en Europe) ou au désengagement international (aux États-Unis).
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