- AFP | Crée le 02.04.2025 à 15h33 | Mis à jour le 02.04.2025 à 15h33ImprimerLes navires militaires taïwanais dans le deuxième port du pays, à Keelung, au nord-est de l’île, proche de Taipei, le 1er avril, alors que la Chine a envoyé ses forces armées, terrestres, aériennes et maritimes, encercler Taïwan. Photo AFP / I-Hwa ChengLa Chine a lancé mardi 1er avril des manœuvres militaires autour de Taïwan, archipel revendiqué par Pékin, les plus importantes depuis plusieurs mois, en guise d'"avertissement" aux forces présumées séparatistes de l’île. L’AFP fait le point sur la situation dans le détroit de Taïwan, voie navigable stratégique et zone de tension militaire croissante. Explications.
Où se trouve le détroit de Taïwan ?
Le détroit de Taïwan sépare la province orientale chinoise du Fujian et l’archipel de Taïwan, où vivent plus de 23 millions d’habitants. Dans sa zone la plus étroite, le détroit, où transite plus de 20 % du trafic maritime mondial, mesure 130 kilomètres de large. Il faut savoir que quelques petites îles taïwanaises, comme Kinmen et Matsu, se trouvent à quelques encablures seulement des côtes chinoises. Un endroit où s’est réfugié le gouvernement nationaliste chinois, après la prise de pouvoir des communistes de Mao Zedong en 1949. Depuis, Pékin affirme que Taïwan fait partie de son territoire et n’exclut pas de recourir à la force pour en prendre le contrôle.
En quoi ce détroit est-il important ?
Le détroit de Taïwan a vu transiter quelque 2 450 milliards de dollars de marchandises en 2022 (271 000 milliards de francs), selon l’Institut américain Center for Strategic and International Studies. Et l’archipel joue un rôle primordial dans la production de semi-conducteurs de pointe, cruciaux notamment pour le développement de l’intelligence artificielle. L’île assure 90 % des fournitures mondiales dans le domaine des puces les plus avancées. Ces deux facteurs font peser des risques majeurs pour l’ensemble de l’économie mondiale en cas de blocus. "Les marchés s’effondreraient, les échanges commerciaux se contracteraient, et les chaînes d’approvisionnement se bloqueraient", notait l’an dernier Robert A. Manning, de l’Institut Stimson Center à Washington.
En plus de l’aspect économique, une invasion par la Chine mettrait aussi en péril le mode de vie des Taïwanais, et notamment le système démocratique développé depuis la fin de la dictature dans les années 1990. Et risquerait d’entraîner un conflit régional, voire mondial. Les États-Unis, même s’ils ne reconnaissent pas Taïwan sur le plan diplomatique, en sont le premier fournisseur d’armes. Le Japon et les Philippines, dont certaines îles se trouvent à quelques dizaines de kilomètres seulement de Taïwan, pourraient également y être entraînés.
Que sait-on des manœuvres militaires en cours ?
Pékin a annoncé mardi 1er avril des manœuvres militaires autour de Taïwan. Selon l’armée chinoise, celles-ci visent à faire passer un message d'"avertissement ferme et de dissuasion énergique" aux forces présumées séparatistes de l’île. Les exercices visent notamment à simuler le blocus de zones clés et de voies maritimes et à l’assaut de cibles maritimes et terrestres. En réponse, Taipei a dit avoir dépêché ses propres avions et navires, et déployé des systèmes de missiles.
Aujourd’hui, mercredi 2 avril, la Chine annonce avoir lancé un nouvel exercice militaire d’envergure. Il se déroule dans le centre et le sud du détroit, une zone de passage clé pour le transport maritime mondial. L’armée chinoise évoque des "exercices de tir réel longue portée" et la simulation de "frappes de précision sur des ports et des infrastructures énergétiques clés".
Quels précédents ?
Ces dernières années, Pékin a intensifié sa pression sur Taïwan et multiplié le déploiement d’avions de chasse et de navires de guerre autour de Taïwan pour appuyer sa revendication de souveraineté, que Taipei rejette. Le Parti communiste chinois revendique l’archipel comme partie intégrante de son territoire et n’exclut pas l’usage de la force pour en prendre le contrôle. Quatre exercices militaires de grande envergure ont été menés depuis 2022. En octobre 2024, l’armée chinoise avait même simulé une frappe. Quelques jours avant, le président taïwanais Lai Ching-te s’était engagé à "résister à l’annexion" chinoise de Taïwan ou "à l’empiètement de (sa) souveraineté".
Plusieurs crises majeures ont déjà éclaté dans le détroit. La dernière remonte à 1995-1996, lorsque la Chine avait procédé à des tests de missiles autour de Taïwan après la visite du président taïwanais de l’époque aux États-Unis.
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