- AFP / Par Nicolas Revise | Crée le 03.10.2024 à 13h00 | Mis à jour le 03.10.2024 à 13h00ImprimerUn raid israélien, tôt ce jeudi 3 octobre, a touché un quartier de Beyrout, au Liban, faisant cinq morts. AFP / FADEL ITANILe chef de l'ONU Antonio Guterres a fustigé mercredi devant le Conseil de sécurité "le cycle écœurant" de violences dans un Proche-Orient au bord du "précipice", tandis qu'Israël et l'Iran se sont menacés de frappes de représailles.
Devant les 15 États membres du Conseil réunis en urgence à la demande de la France -- avec Israël, le Liban, l'Iran l'Irak et la Syrie -- M. Guterres a pris également soin de "condamner, encore une fois, avec force, l'attaque massive aux missiles par l'Iran sur Israël" mardi.
Il avait été accusé quelques heures plus tôt par le gouvernement israélien de ne pas avoir dénoncé nommément Téhéran et avait été déclaré ainsi "persona non grata" sur le territoire d'Israël.
Le secrétaire général de l'ONU qui n'a eu de cesse, lors de l'Assemblée générale la semaine dernière, de tirer la sonnette d'alarme sur le risque de "guerre totale" au Proche-Orient, a exigé de "mettre fin au cycle écœurant d'escalade après escalade qui conduit les peuples du Moyen-Orient directement au bord du précipice".
"Chaque escalade sert de prétexte à la suivante" et "nous ne devons jamais perdre de vue l'énorme bilan du conflit sur les civils", a-t-il déploré, après des dizaines de milliers de morts et blessés depuis un an.
Antonio Guterres a encore réclamé la fin du "cycle meurtrier de la violence +œil pour œil, dent pour dent+", s'attirant le soutien de la plupart des membres du Conseil de sécurité, l'organe-phare de l'ONU mais divisé depuis une décennie entre les cinq grandes puissances: États-Unis, France et Royaume-Uni d'un côté, Russie et Chine de l'autre.
Réponse douloureuse
Avant d'entrer en séance, l'ambassadeur d'Israël Danny Danon a menacé l'Iran, l'ennemi juré, d'une "réponse douloureuse (...) en plein accord avec le droit international".
Il a estimé que son pays, très isolé sur la scène internationale, était "attaqué"; cible d'une "agression directe contre (son) existence même".
Soulignant que tous les juifs croyants en Israël et dans le monde s'apprêtaient à célébrer Rosh Hashana, le Nouvel an, M. Danon a encore accusé "le monde (de) regarder en silence alors que l'Iran finance et ordonne des attaques contre nous depuis un an, arme et entraîne des supplétifs depuis des décennies".
L'ambassadeur du Liban aux Nations unies, Hadi Hachem, prend la parole lors d'un conseil de sécurité d'urgence sur la situation au proche Orient. AFP / BRYAN R. SMITHA l'autre bout de la table de la salle du Conseil, l'air sombre, son homologue iranien Amir Iravani a rétorqué qu'"Israël ne compren(ait) que le langage de la force" et que "la diplomatie a(vait) échoué".
"La réponse de l'Iran était nécessaire pour rétablir l'équilibre des forces et la dissuasion", a argumenté le représentant de la République islamique en se faisant menaçant : "Israël doit comprendre que chaque acte d'agression ne restera pas impuni".
Unique allié indéfectible d'Israël, Washington, par la voix du président Joe Biden, s'est dit opposé à des frappes israéliennes contre les installations nucléaires civiles de l'Iran. La communauté internationale pense que Téhéran continue de développer ses capacités militaires en vue de se doter de l'arme atomique.
Chef de l'ONU "anti-israélien"
L'ambiance était aussi tendue entre MM. Guterres et Danon.
Il faut dire que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, venait de déclarer M. Guterres "persona non grata" dans son pays en lui reprochant de ne pas avoir "condamné sans équivoque l'attaque odieuse de l'Iran" et l'accusant d'être un "secrétaire général anti-israélien qui soutient les terroristes, les violeurs et les assassins".
Antonio Guterres a reçu l'appui des ambassadeurs au Conseil de sécurité et du département d’État américain qui a fustigé une mesure israélienne "non productive".
Le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, y a vu, lui, "une attaque de plus du gouvernement israélien contre le personnel de l'ONU".
Après les quelque 200 missiles iraniens tirés sur Israël, M. Guterres avait condamné "l'élargissement du conflit au Moyen-Orient" et réclamé "un cessez-le-feu", mais sans montrer du doigt Téhéran.
Les relations entre Israël et l'ONU sont au plus bas depuis le 7 octobre 2023, date de l'attaque sans précédent du Hamas palestinien qui a déclenché la guerre à Gaza. Le 8 octobre, le Hezbollah avait lancé des roquettes depuis le sud du Liban auxquelles l'armée israélienne a riposté pendant un an, avant de bombarder son voisin fin septembre et de tuer nombre de dirigeants du mouvement islamiste soutenu par l'Iran.
Israël réplique aux 200 tirs de missiles : des raids israéliens font plusieurs morts au Liban
Dans la nuit de mercredi à jeudi : cinq personnes ont été tuées dans un raid israélien qui a visé un centre de secouristes du Hezbollah en plein cœur de Beyrouth, selon le ministère de la Santé libanais et une source proche du mouvement islamiste libanais, deuxième frappe visant l'intérieur de la capitale cette semaine.
"Deux personnes ont été tuées et 11 blessées dans un raid israélien visant Bachoura", quartier du centre de la capitale, a indiqué une source proche du Hezbollah. "Trois blessés" ont en plus succombé à leurs blessures, portant le bilan à cinq morts, a indiqué le ministère. Des journalistes de l'AFP à Beyrouth ont entendu une explosion et rapporté que certains immeubles avaient tremblé, avant que des ambulances se dirigent vers le lieu visé.
Quelques heures avant ce raid israélien, le ministère libanais de la Santé a annoncé mercredi soir que 46 personnes avaient été tuées et 85 autres blessées par des "frappes de l'ennemi israélien" au cours des dernières 24 heures dans plusieurs régions du pays.
Le Centre de crise libanais avait annoncé avant la publication de ce bilan quotidien que 1 928 personnes avaient été tuées au Liban depuis qu'Israël et le Hezbollah ont commencé à échanger des tirs en octobre 2023.
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