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  • Baptiste Gouret | Crée le 08.10.2024 à 19h21 | Mis à jour le 08.10.2024 à 21h44
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    Cinq hommes étaient jugés, ce mardi, par le tribunal correctionnel pour leur implication dans la marche qui a dégénéré, le 23 juin, devant la gendarmerie de Ponérihouen. Nicolas Petit
    Le tribunal correctionnel jugeait, ce mardi, cinq hommes suspectés d’avoir participé à une marche, le 23 juin, en direction de la gendarmerie de Ponérihouen qui a dégénéré en un "siège" de trois semaines de la brigade. Leur implication difficile à mesurer et le manque d’éléments matériels ont conduit le tribunal à les relaxer pour une grande partie des faits reprochés.

    Comment une marche annoncée comme "pacifique" a-t-elle pu se transformer en un assaut de 21 jours contre une brigade de gendarmerie dans laquelle 16 militaires se sont retranchés ? Surtout, quelles responsabilités dans l’escalade des violences portent les cinq hommes, présents ce mardi 8 octobre à la barre du tribunal correctionnel ? Habitants de Ponérihouen, engagés de près ou de loin dans la branche CCAT de la commune, ils étaient jugés pour des faits d’entrave à la circulation, de groupement en vue de la préparation de violences, de violences sur des personnes dépositaires de l’autorité, de menaces et d’insultes envers des gendarmes et de transport d’armes.

    Tronçonneuses, jets de pierre et incendie

    Les faits remontent au 23 juin. La veille, la branche locale de la CCAT décide, en assemblée générale, de produire un cahier de doléances à remettre à la gendarmerie. Des revendications qui font suite au transfert, dans l’Hexagone, des commanditaires présumés des exactions survenues le 13 mai. L’information circule rapidement. Le lendemain, à 13 heures, environ 200 personnes s’élancent du village et empruntent les 350 mètres de sentier qui mènent à la brigade de gendarmerie. Le cahier de doléances est remis à un gendarme, avant des prises de parole successives de manifestants.

    Mais rapidement, la tension monte. Des premières insultes fusent en direction des militaires. À l’aide de tronçonneuses, certains coupent des arbres qu’ils font tomber sur la piste d’hélicoptère. Des carcasses de voitures sont tirées jusque devant la brigade pour empêcher toute entrée ou sortie. Les câbles d’alimentation en eau et en électricité sont sectionnés, tandis qu’un incendie est déclenché dans les végétations entourant la gendarmerie. Les militaires se retranchent dans la brigade. Ce sera le début d’un "siège" de trois semaines, durant lequel les violences seront quotidiennes. "Ils voulaient nous priver de sommeil toutes les nuits, donc ils frappaient sur des tôles, tiraient et lançaient des cailloux sur la brigade", dira un gendarme lors de son audition.

    L’accès à la gendarmerie devient quasi impossible. Quand ils ne disposent plus de rations, les militaires sont ravitaillés par les airs. À plusieurs reprises, ils repoussent les assaillants avec des grenades de désencerclement. Trente-cinq seront tirées au total, sans faire de blessé.

    "Pas de directives" de la CCAT

    L’enquête, et notamment une vidéo diffusée par l’un des prévenus sur Facebook, a permis aux gendarmes de remonter jusqu’aux cinq hommes qui comparaissaient ce mardi, dont un jugé sous mandat de dépôt. Aucun n’a reconnu les faits. Tous évoquent une situation qui a dégénéré, écartant ainsi d’éventuelles "directives" données par les leaders de la CCAT. "Une partie des manifestants ont pris des initiatives, mais il n’y avait rien de décidé", assure l’un d’eux. Un autre évoque un "effet de masse" lorsqu’on l’interroge sur l’intérêt de partir avec une tronçonneuse à une marche pacifique. Le plus âgé, cadre du privé et acteur important du paysage économique de Ponérihouen, identifié comme l’un des "encadrants" de la marche, parle lui de sa colère lorsque démarrent "les insultes et la cohue". "Pour autant vous n’avez rien fait pour vous y opposer", lui rétorque la présidente du tribunal. "C’est difficile de raisonner les gens", se défend l’homme d’une cinquantaine d’années.

    "Je me demande si je ne vis pas dans une fiction, s’est agacée Me Lepape, avocate des gendarmes. Après avoir été séquestrés pendant trois semaines, les gendarmes sont aujourd’hui accusés d’être des menteurs", a-t-elle dénoncé, en référence aux accusations de "déformation" exprimées par les prévenus concernant les propos qu’ils auraient tenus en garde à vue et sur lesquels ils sont régulièrement revenus. "Mais qui a été assiégé pendant trois semaines ? Et qui est allé sauver les gendarmes ? Certainement pas vous Messieurs", a sermonné Me Lepape.

    Un dossier "pas ficelé" pour la défense

    Le procureur de la République, lui, a évoqué une "scène de guerre" et "l’enfer" vécu pendant trois semaines par les 16 militaires et leurs familles, logées à la brigade. "200 personnes pour déposer un cahier de doléances ? Ce n’était certainement pas une manifestation pacifique, ils sont venus avec l’intention de s’en prendre aux gendarmes dès le départ."

    Les avocats de la défense ont quant à eux pointé le manque cruel d’éléments matériels permettant de démontrer les faits reprochés. "Le dossier n’est pas ficelé", a déploré Me Gruet, avocat de deux prévenus, soulignant que l’instruction reposait simplement sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Une procédure "bringuebalante" a qualifié, dans le même esprit, Me Bonomo. "On prend trois pauvres personnes sur les 200 présentes et on les place devant votre juridiction. Les vrais responsables ne sont pas jugés aujourd’hui. On est dans de la justice par l’exemple."

    Un manque d’éléments matériels que le tribunal a partiellement reconnu au prononcé des peines, relaxant les cinq hommes pour une large partie des faits reprochés. Alors qu’ils étaient jugés pour des violences commises jusqu’au 3 juillet, seuls les faits de la journée du 23 juin ont été retenus. L’homme présenté comme un des responsables de la marche a été relaxé pour l’ensemble des faits. Les autres ont été condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis entre six et huit mois.

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