- A.T. | Crée le 03.04.2024 à 11h35 | Mis à jour le 03.04.2024 à 11h36ImprimerLes acteurs de la filière bio se sont réunis, mardi 2 avril, dans les locaux de la Coop1, pour présenter la synthèse de l’accompagnement de Protege, qui a versé une enveloppe de six millions de francs pour la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. Photo Anthony TejeroDifficile de trouver des produits locaux bio dans les rayons du pays. Pourtant quelques producteurs ont décidé de sauter le pas dans le maraîchage, et plus récemment, dans l’élevage. Pour structurer ces initiatives et développer une véritable filière, ces professionnels ont bénéficié d’un accompagnement du programme européen Protege.
Pourquoi accompagner les acteurs de la filière bio ?
Tout part d’un constat : aujourd’hui, la demande des consommateurs est grandissante sur le Caillou, sauf qu’ils peinent à trouver des produits locaux bio sur les étals, faute de structuration du marché et d’instauration d’une véritable filière.
C’est pourquoi, dans le cadre de son soutien au développement de l’agriculture biologique, le programme Protege (qui bénéficie de fonds de l’Union européenne pilotés par la Communauté du Pacifique Sud), a décidé d’accompagner et de soutenir les dispositifs de commercialisation de ces produits en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Sur le Caillou, deux entités ont ainsi été retenues : la filière viande bio d’une part et la Coop1 (qui regroupe douze producteurs de fruits et légumes), d’autre part. Objectif : lever les freins encore existants dans le pays en vue de structurer et de développer ces productions estampillées sous le label Biopasifika. Des produits qui, malgré des prix généralement plus élevés, trouvent preneurs.
Vers une montée en puissance de la viande bio ?
En Nouvelle-Calédonie, l’élevage bovin, extensif et nourri à l’herbe (contrairement à ce qui se produit dans de nombreux pays, y compris dans l’Hexagone), présente un "très fort potentiel de développement". "Beaucoup de ces pratiques entrent déjà dans le cahier des charges de l’agriculture biologique, souligne Franck Soury-Lavergne, président de Biocalédonia. Le problème aujourd’hui, c’est qu’on a des éleveurs et des bouchers qui ne pensent pas pouvoir se lancer par manque de marché, sauf que de l’autre côté, on a des consommateurs qui cherchent, mais ne trouvent pas."
C’est pourquoi une commission a été créée, réunissant autour de la table chaque trimestre, les sept producteurs bio du pays (six en bovin, une en ovin) qui écoulent désormais leur marchandise auprès d’un boucher adhérent, installé au Géant du Dumbéa Mall. Le but : planifier les besoins en viande bio et mettre en place un calendrier commun de commandes afin que ce point de vente puisse être fourni tout au long de l’année, sans rupture d’approvisionnement.
Parmi les 500 éleveurs bovins que compte le pays, seuls six sont passés en bio. Photo Anthony TejeroUn système qui semble porter ses fruits. Grâce à ce travail concerté et l’accompagnement de Protege, l’objectif est de tripler le nombre de veaux abattus et commercialisés cette année, soit 220 animaux (contre 70 l’an passé). Un premier pas prometteur pour ce secteur qui totalise près de 500 éleveurs professionnels bovins et entre 80 000 et 85 000 têtes de bétail (soit une couverture locale de 58 % de la consommation de bœuf des Calédoniens).
Faut-il développer les coopératives de producteurs ?
La Coop 1, créée en 2017, a également bénéficié de l’accompagnement de ce programme européen. Un coup de pouce nécessaire après trois années noires pour le maraîchage, placées sous le signe de La Niña qui ont déstabilisé les productions. Néanmoins, cette saison marque un retour à la normale pour les douze agriculteurs de la coopérative, dont quatre sont labellisés Biopasifika.
Pour rappel, cet établissement détenu et administré par les agriculteurs eux-mêmes centralise les productions de Brousse avant de les acheminer et de les stocker à Nouméa où trois salariés sont en charge de la commercialisation "en fonction de la capacité d’absorption du marché". En d’autres termes, cette structure permet de planifier les calendriers de production et de diversifier les variétés selon les besoins et la période de l’année. Un atout dont pourrait donc aussi bénéficier la filière bio pour se développer.
"Le modèle coopératif permet vraiment une structuration de l’offre face aux problématiques de mise en marché et d’écoulement. Ailleurs, pour rendre ces outils efficients, il y a un important accompagnement institutionnel qui, il faut le reconnaître, n’est pas encore là en Nouvelle-Calédonie, regrette Franck Soury-Lavergne. Cette restitution des travaux menés avec Protege apportera des arguments supplémentaires devant les pouvoirs publics sur la nécessité de poursuivre cet accompagnement et de faire grossir ces structures."
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