- Anthony Tejero | Crée le 31.05.2024 à 20h35 | Mis à jour le 31.05.2024 à 20h44ImprimerLes pillages et saccages ont atteint des sommets dans l’agglomération comme ici au supermarché Korail et à la Quincaillerie de Païta où 70 salariés ont perdu leur emploi du jour au lendemain. Photo Anthony Tejero500 entreprises détruites, 5 000 employés licenciés du jour au lendemain, près de 15 000 Calédoniens potentiellement concernés par des mesures de chômage… "La casse sociale est énorme" à la suite des émeutes. Pour y faire face, le gouvernement a présenté, ce vendredi, les dispositifs d’aides qui pourraient éviter de plonger bien des familles dans une grande précarité.
Des mesures qui n’attendent plus qu’une validation
"Les textes sont prêts, lance d’emblée le membre du gouvernement Christopher Gygès. On a travaillé avec l’État, les partenaires sociaux et les institutions au sein d’une mission économique, qui est en quelque sorte un pacte calédonien pour soutenir l’activité. On attend la réponse de l’État qui devrait intervenir dans les prochains jours et ensuite on souhaite que le Congrès puisse se prononcer le plus rapidement possible, de sorte que ces outils soient rétroactifs."
Face à l’ampleur du désastre économique qui se profile à la suite des dégâts engendrés par les émeutes dans Nouméa et son agglomération (estimés à au moins 120 milliards de francs), la Nouvelle-Calédonie sera "incapable de supporter seule" la note, insiste de son côté Thierry Santa, qui chiffre à 27 milliards de francs le coût du chômage cette année pour les employés touchés par cette crise, ce qui représenterait près de 5 000 personnes qui travaillaient au sein des quelque 500 entreprises détruites depuis le 13 mai. "La casse sociale de ces événements est énorme", confirme de son côté la présidente du Medef, Mimsy Daly.
Fonds de solidarité et chômage partiel
Un fonds de solidarité mis en place par l’État est "en cours de finalisation" pour venir en aide aux TPE (très petites entreprises) et accompagner les plus grosses sociétés, notamment "dans leurs coûts fixes", annonce Christopher Gygès qui l’assure : "On a la chance d’avoir l’État avec nous de manière extrêmement forte. C’est un éventail de mesures coordonnées et financées qui seront très prochainement proposées pour trouver des réponses aux entrepreneurs".
Pour ce faire, des mesures de chômage partiel spécifique (comme ce qui a été proposé aux salariés de la filière nickel) devraient être proposées aux employés dont l’activité est temporairement impactée par cette crise. Il s’agit là d’une indemnité de 70 % du salaire net avec un plafond maximal de 2,5 fois le SMG (salaire minimum garanti).
Un autre dispositif de chômage "total" (calculé sur une base de SMG puis dégressif au fil du temps sur une période de 9 mois maximum) est également à l’étude pour l’ensemble des Calédoniens qui n’ont plus de travail depuis les émeutes. Autant de textes qui n’attendent plus que l’aval de l’État, qui, si tel est le cas, les financera.
"On est probablement autour de 15 000 personnes concernées" par l’ensemble de ces mesures de chômage, glisse Thierry Santa, qui juge bon de préciser que ces chiffres s’affineront au fil des semaines ainsi que de l’évolution de la situation de la filière nickel, également frappée de plein fouet par la crise.
"Pour le chômage partiel, l’objectif est de maintenir les emplois. En revanche, pour les personnes qui ont déjà été licenciées en cas de destruction de leur outil de travail, ce qui est automatique car cela représente un cas de force majeure, le but de cette mesure, c’est de maintenir leur pouvoir d’achat et de leur permettre une réinsertion dans l’emploi le plus rapidement possible", détaille Christopher Gygès.
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Quelle "souplesse" des banques et des assurances ?
Le gouvernement l’a rappelé, il faudra faire preuve de "souplesse" pour venir en aide aux nombreux Calédoniens sinistrés. Un "travail approfondi" est en entrepris en ce sens avec les banques et les assurances. Pour ces dernières, le délai de déclaration des sinistres a d’ailleurs d’ores et déjà été allongé à un mois supplémentaire.
"Pour les banques, il s’agit de pouvoir avoir des reports massifs. Le report des échéances par exemple de trois mois est acté aujourd’hui, mais c’est au cas par cas, regrette Christopher Gygès. Donc si on pouvait aller vers un report plus massif qui facilite la vie des Calédoniens et des entreprises, ce serait une bonne chose. C’est l’une des discussions que nous avons avec Bercy et les responsables des banques au niveau national, mais on a bon espoir que ça arrive."
Des représentants des chambres consulaires entourent les membres du gouvernement pour cette conférence de presse organisée ce vendredi 31 mai. Photo Anthony TejeroUn besoin "rapide" de visibilité
"On arrive à la fin du mois et les patrons vont devoir préparer les fiches de salaire. Or sur ces fiches de paye, ils vont devoir faire le choix entre congés, sans solde ou chômage partiel, avertit Mimsy Daly. Peu d’entreprises ont en réalité la capacité de maintenir la rémunération. Le chômage partiel est la meilleure option pour les salariés, mais ce dispositif n’est pas encore confirmé. On a donc besoin d’une réponse très rapide pour faire les bons choix. Maintenir la consommation va dans l’intérêt du pays car si la consommation s’effondre, d’autres entreprises finiront par mourir à leur tour. Il en va du bien-être des Calédoniens."
Car la patronne du Medef craint qu’une "deuxième vague massive" ne déferle dans le pays en raison de cette crise, plongeant "des milliers" de Calédoniens supplémentaires dans la précarité. "Les entreprises qui n’ont pas été détruites risquent d’être des victimes collatérales de cette première phase de destruction. Cela concerne les sous-traitants ou les entreprises en perte d’exploitation qui vont se retrouver en cessation de paiements par défaut de trésorerie"
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Quels sont les espoirs de relance ?
"Il y a un peuple calédonien qui va réussir à se redresser. Nous allons redonner un avenir à ce territoire si nous travaillons tous ensemble", a martelé Christopher Gygès, histoire de terminer ce point presse sur une note optimiste.
Un discours qui rejoint celui de Mimsy Daly, qui voit des opportunités de reprise, à condition que les entreprises parviennent à tenir le choc ces prochains mois. "Nous voulons reconstruire et maintenir l’emploi dans nos entreprises. Il y a des filières qui évidemment seront rapidement pourvoyeuses d’emplois, ne serait-ce que dans la sécurité. On va avoir rapidement besoin de structurer toute la filière du gardiennage en Nouvelle-Calédonie avec des professions qui soient mieux réglementées et à des tarifs encadrés, explique la cheffe du Medef. Le secteur du BTP sera bien sûr sollicité pour la reconstruction, mais encore faut-il qu’il soit encore debout au moment où cela commencera. Car lancer un chantier de reconstruction prend du temps, entre 9 et 12 mois avec des délais incompressibles. Les prochains mois vont être extrêmement difficiles. On va se battre pour maintenir tout ce qui peut l’être, c’est vraiment le challenge."
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