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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 07.10.2024 à 16h30 | Mis à jour le 07.10.2024 à 16h30
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    Près de cinq mois après le déclenchement de la crise, l’Isee a publié une note révélant les premières conséquences économiques des exactions. Photo Archives LNC/Anthony Tejero
    En comparant les données disponibles au 31 août et celles d’avant le 13 mai, l’Institut de la statistique et des études économiques a évalué les effets des exactions sur l’activité économique du pays. Le document confirme des tendance déjà observées : une forte hausse des bénéficiaires du chômage, une augmentation des radiations d’entreprise et des prix de l’alimentation qui bondissent. La crise a aussi un impact sur l’activité minière. Revue de détails.

    Près de 6 000 salariés en moins

    Avant le déclenchement de la crise, en mai, l’emploi salarié privé était déjà en baisse de 2 %. À la suite des exactions, ce chiffre a explosé. Dans une note conjoncturelle consacrée aux impacts de la crise et basé sur les principaux indicateurs économiques du territoire, l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee) estime à 6 000 le nombre de salariés du privé en moins depuis les exactions. Des données qui ne seront consolidées qu’en novembre, soit "cinq mois après la fin du trimestre".

    4 900 bénéficiaires du chômage total

    D’autres chiffres sont toutefois déjà définitifs : "en août, 4 930 personnes privées d’emploi ont été indemnisées au chômage total, soit 7,4 % de l’effectif salarié en mars", dévoile l’Isee. Ils viennent s’ajouter aux bénéficiaires du chômage de droit commun. En effet, à la suite des exactions, le gouvernement a mis en place un chômage total spécifique que l’Isee distingue dans la présentation des données. Ainsi, dès le mois de mai, en plus des 3 200 bénéficiaires du chômage "classique", des droits au chômage spécifique ont été ouverts pour 474 nouveaux bénéficiaires. Ils ont été 1 101 en juin, 1 257 en juillet et 1 278 en août.

    Chômage partiel : près de 20 000 personnes concernées

    "La moitié des entreprises employeuses ont fait une demande de chômage partiel au titre des exactions, validée par le gouvernement", révèle encore l’Isee. Cela représente exactement 5 001 entreprises et 19 330 personnes au 31 août, "soit 29 % de l’effectif salarié en mars". Ces dernières restent toutefois toujours salariées, note l’Institut.

    Des radiations de patentes en hausse

    L’Isee s’est également penchée sur les disparitions d’entreprises, en collectant les radiations de sociétés ainsi que de travailleurs indépendants au Ridet. Entre le début des émeutes et la fin du mois d’août, la Nouvelle-Calédonie a perdu "910 travailleurs indépendants". Côté sociétés, en revanche, la hausse est moins marquée. Si l’on observe une légère augmentation des radiations en juillet par rapport à la même période en 2023, ces chiffres ne sont pas particulièrement exceptionnels, et se rapprochent par exemple de ceux d’avril 2023. Le contraste avec l’an dernier est cependant bien plus prononcé sur les inscriptions au Ridet, avec vingt à trente créations d’entreprises mensuelles entre mai et août, contre soixante à quatre-vingt les mois précédents. Sur la période de janvier à août, le solde des inscriptions-radiations au Ridet est ainsi largement négatif (- 912). En 2023, sur la même période, il était déjà négatif mais dans une moindre mesure (- 313).

    Procédures collectives : des effets encore difficiles à mesurer

    Paradoxalement, le nombre de procédures collectives (sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire) a chuté en mai. C’est certainement la conséquence d’une activité à l’arrêt aux premiers mois des exactions, y compris pour le mandataire judicaire, et d’un contexte particulier où la cessation de paiements était davantage tolérée. Par ailleurs, une série d’aides financières de l’État et du gouvernement a permis à de nombreuses sociétés de ne pas atteindre la cessation de paiements. Une hausse a toutefois été constatée en août. Tout porte à croire que cette tendance devrait se poursuivre dans les prochains mois.

    Une extraction de minerai en chute libre

    Si la baisse était amorcée bien avant la crise, notamment avec la mise en sommeil de KNS en février, les exactions et les blocages survenus à partir du 13 mai ont eu un impact considérable sur l’extraction de minerai brut. La quantité extraite est tombée au plus bas en juin, avec seulement 193 530 tonnes extraites, contre plus d’un million de tonnes en mars. En août, on était toutefois déjà remonté à 545 000 tonnes. L’impact est sensiblement identique sur les quantités de nickel produites par les entreprises métallurgiques. Concernant les exportations, leur valeur n’a eu de cesse de chuter ces derniers mois. Le territoire a vendu entre pour quatre milliards de francs de produits métallurgiques en août. Un an plus tôt, le nickel avait rapporté près de 21 milliards de francs en un mois au territoire.

    Des échanges de marchandises en baisse

    Alors que le solde commercial (différence entre la valeur des exportations et celle des importations) d’avril s’établissait à un montant relativement bon pour les standards calédoniens (- 1 milliard de francs), la crise de mai a largement creusé le déficit. En juin, le déficit commercial calédonien a atteint 12 milliards de francs. La valeur des exportations est presque trois fois inférieure à celle de juin 2023. Celle des exportations a également largement baissé, limitant l’impact sur le solde commercial.

    Un impact notable sur les prix de l’alimentation

    L’indice des prix à la consommation, qui vise à mesurer l’évolution moyenne des prix des biens et des services consommés par l’ensemble des ménages calédoniens, a bondi de plus de quatre points en juin, passant de 113 à 117,22. Une hausse encore plus notable pour les 20 % des ménages les plus modestes, davantage fragilisés par la crise.

    Des impayés qui augmentent et une trésorerie limitée

    L’Isee a également observé la solvabilité des entreprises et des ménages. Le montant des "créances douteuses", qui correspondent à tout ce qui n’a pas été correctement payé à échéance, a fortement augmenté au deuxième trimestre 2024. À l’inverse, la trésorerie des entreprises est en baisse : 170 milliards de francs étaient disponibles sur l’ensemble des comptes courants des sociétés calédoniennes au deuxième trimestre 2024, contre 198 milliards un an plus tôt.

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