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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 20.03.2025 à 15h47 | Mis à jour le 22.03.2025 à 09h07
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    Au 12 mars, 2 653 étudiants étaient inscrits à l’université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) contre 2 988 à la même date en 2024. Photo Anthony Tejero
    En dépit des émeutes qui ont perturbé l’année universitaire, les étudiants ont été davantage diplômés que les promotions précédentes l’an passé. Une satisfaction en trompe l’œil puisque cette année, les inscriptions sont en net recul, notamment en raison de la crise économique qui freine certains jeunes. Par ailleurs, l’UNC a perdu toute attractivité à l’international. Explications.

    Un taux de réussite qui résiste à la crise insurrectionnelle

    L’an passé, 675 étudiants de l’UNC ont été diplômés, avec un taux de réussite compris entre 78 % et 100 % selon les cursus (de Bac +2 à Bac +8).

    En ce qui concerne les licences, la filière de loin la plus suivie, ce taux est de 89,6 % soit une hausse par rapport à 2023 (88,7 %) et même 2022 (83 %).

    "Lorsque les émeutes ont éclaté, une grande partie des évaluations avaient déjà eu lieu. Et dès que nous avons pu le faire, nous avons repris les cours et, effectivement, c’est une année couronnée de succès puisqu’on n’a pas de décrochage, en tout cas, dans le nombre de diplômés en 2024", se félicite Catherine Ris, présidente de l’UNC.

    Moins d’étudiants inscrits en 2025 sur fond de crise économique

    La crise insurrectionnelle semble néanmoins avoir des conséquences sur le nombre de jeunes inscrits cette année, en recul assez net de 11 % par rapport à 2024 (soit près de 335 étudiants en moins). Si ces chiffres peuvent encore évoluer favorablement, ils interpellent tout de même les équipes pédagogiques. Les événements de l’an dernier ne sont pas étrangers à cette tendance.

    "Beaucoup d’entre eux étaient en première année de licence ou d’autres formations à l’université en 2024, et, pour des raisons qu’on peut très bien comprendre, n’ont pas pu valider leur année. Or, ces personnes ne se sont pas réinscrites pour reprendre leur cursus, regrette la présidente de l’UNC, qui a demandé aux équipes d’appeler chaque jeune pour tenter d’inverser cette tendance, mais se confronte aussi à la crise qui frappe tout le pays.

    "Il y a déjà des difficultés de transports qui sont à un prix désormais exorbitant. Et au vu de la conjoncture économique et du contexte, beaucoup d’étudiants ont plus de difficultés à réunir les conditions financières pour s’acquitter des droits d’inscription, des droits Cafat... C’est pour ça qu’on a mis en place des dispositifs qui permettent de payer en plusieurs fois. La maison de l’étudiant, également, les accompagne pour faire des avances ou prendre en charge ces frais qui sont quand même assez importants", détaille Catherine Ris, qui espère ainsi assister à un rebond "tardif" des inscriptions.

    Un rayonnement international remis en cause

    Les émeutes ont mis un coup d’arrêt brutal aux échanges internationaux de l’UNC, où les étudiants étrangers ont tous été rapatriés l’an passé et qui ne reviendront pas en 2025. De même, les interventions de bon nombre d’enseignants et chercheurs australiens et néo-zélandais semblent aussi compromises.

    "C’est encore extrêmement difficile pour des universités de prendre la décision de faire venir des jeunes ou des intervenants en Nouvelle-Calédonie. Cette attractivité internationale que l’on avait construite à long terme pour faire de l’UNC une destination de choix a été complètement remise en cause par les événements de 2024 qui auront des conséquences durables dans ce domaine", estime la présidente de l’université.

    Deux fois plus de réussite aux concours de médecine

    Les prépa aux différents concours de médecine sont, elles, en bonne santé, avec un taux de réussite de 51 %. Un chiffre deux fois plus élevé que la moyenne nationale qui est de 25 %. Ainsi, 376 Calédoniens ont été admis (sur 736 candidats). Par ailleurs, les étudiants qui ne décrochent pas leur place bénéficient de l’obtention d’une année de licence à l’issue de leur année, pour ne pas repartir de zéro.

    Il est à noter que depuis 2017, l’université propose également des prépa aux écoles d’ingénieurs, qui ont vu 57 Calédoniens réussir à intégrer l’un de ces établissements en 2024.

    La formation continue, un levier pour la reconversion et contre le chômage

    Alors que des milliers de Calédoniens se trouvent privés d’emplois et/ou contraints de se réorienter depuis l’an dernier, l’UNC rappelle qu’elle propose des formations continues dans de nombreux domaines pour acquérir, de façon accélérée, de nouvelles compétences.

    "La formation continue s’adresse tant à un public en emploi, mais en situation de reconversion ou à la de recherche de montée en compétences sur domaines spécialisés, qu’à un public sans emploi à la recherche de nouvelles formations pour pouvoir rebondir et peut-être se donner d’autres perspectives professionnelles, explique Catherine Ris. Ce dispositif est éligible à des financements via les entreprises par les plans de formation, mais aussi via le FIAF et via les collectivités, dans les bourses de formation. Pour les demandeurs d’emploi, ces formations peuvent être prises en charge par le gouvernement."

    "Mon père me dépose tous les matins 5 heures, même lorsque je n’ai cours que l’après-midi"


    Jonathan Iwanejehe, 21 ans, de Dumbéa-sur-Mer

    "Au lycée, j’avais de bonnes notes en sciences économiques et gestion, donc j’ai décidé de poursuivre mes études dans cette matière en licence à l’université. J’avais d’abord opté pour un parcours accéléré en 2 ans et demi, soit cinq semestres, mais je voulais prendre plus de temps pour avoir de meilleurs résultats, je me suis donc réorienté vers le parcours de trois ans et demi et mon niveau s’est amélioré.

    Les événements de l’an dernier ont été un choc, mais j’ai préféré rester concentré au maximum sur mes études et on a eu un vrai soutien des enseignants pour rester motivés. Actuellement, c’est la dernière ligne droite, c’est mon dernier semestre. Avant les émeutes, je prenais trois bus pour venir. Depuis la reprise des cours, comme il n’y a plus vraiment de transport, je me lève à 4 heures tous les jours et mon père me dépose à 5 heures même lorsque je n’ai cours que l’après-midi. Je m’accroche pour réussir et partir en Métropole poursuivre en Master. Si j’y parviens, j’aurai toutes les cartes en mains pour mon avenir professionnel."

    "J’occupe un poste en cohérence et dans la continuité de mes études"


      

    Kim Faucher, 27 ans, de Nouméa

    "Après un bac scientifique, j’ai d’abord tenté une prépa en médecine en 2016, mais très vite, j’ai compris que ça ne me correspondait pas du tout. J’ai alors pensé m’orienter vers une licence de maths, mais on m’a proposé d’intégrer la première prépa scientifique de l’UNC en 2017. J’en ensuite pu intégrer une école d’ingénieur à Nice en spécialité "bâtiments durables et intelligents" pendant trois ans. C’était une très bonne expérience, également pour l'ouverture d’esprit, à l’exception de la période Covid et des confinements où je me suis retrouvé seul enfermé dans mon appartement loin de mes proches. C’était assez difficile mais il y avait une bonne cohésion entre les étudiants calédoniens de ma promotion.

    Finalement, fin 2022, j’ai eu envie de revenir en Nouvelle-Calédonie pour apporter mes connaissances et contribuer à développer le pays. Depuis, j’ai été recruté à la Direction de l’aménagement, de l’équipement et des moyens de la province Sud où je gère des projets de construction et d’infrastructure de A à Z. Je suis satisfait car j’occupe un poste en cohérence et dans la continuité de mes études."

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