- Baptiste Gouret | Crée le 11.12.2024 à 09h20 | Mis à jour le 11.12.2024 à 09h20ImprimerL’état des lieux d’Endemia révèle que 66 % des lézards étudiés sont menacés de disparition. Photo Matthias DeusMené par l’association Endemia pendant dix ans, un état des lieux de la biodiversité calédonienne met en évidence les risques de disparition qui pèsent sur 69 espèces de lézards et 643 espèces de plantes endémiques. C’est la première fois que des espèces calédoniennes intègrent la liste rouge des espèces menacées en France.
C’est une alerte inédite pour la Nouvelle-Calédonie. Au terme d’un état des lieux mené sur près de dix ans par l’association calédonienne Endemia, 69 espèces de lézards et 643 espèces de plantes se révèlent menacées de disparition sur le Caillou. Les analyses ont débuté en 2014 et ont porté sur une grande partie des lézards présents en Nouvelle-Calédonie (gecko et scinque) ainsi que sur une diversité d’espèces issues de la flore vasculaire (fougères, orchidées, arbres et autres plantes à fleurs).
Les "évaluations progressives" réalisées sur 104 reptiles et 1 624 plantes ont mis en évidence que respectivement 66 % et 40 % de ces espèces "sont menacées et pourraient disparaître si les mesures de conservation et de réduction des menaces n’étaient pas renforcées", indiquent dans un communiqué commun l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). C’est la première fois que des espèces calédoniennes intègrent la liste rouge des espèces menacées en France.
Incendies et activités minières
Les origines de ce risque de disparition sont multiples. Les incendies représentent toutefois la menace principale. L’augmentation de leur fréquence "touche directement plus des trois quarts des plantes évaluées comme menacées", alertent les trois organismes. La récurrence des feux de brousse participe également à "une simplification des écosystèmes et la régression des surfaces forestières, affectant de nombreuses autres espèces".
Les activités minières ont aussi leur part de responsabilité, notamment en raison du défrichement des milieux naturels pour accéder aux minerais. "Ces activités affectent directement les espèces inféodées aux milieux exploités, provoquant la destruction des plantes, des stocks de graines du sol et des habitats naturels", rapporte le communiqué.
La présence d’espèces envahissantes, à l’image des cerfs et des cochons sauvages, est aussi une des raisons pointées par les trois organismes pour expliquer ce bilan alarmant. "Sur l’ensemble des plantes évaluées, près de la moitié sont menacées par au moins une espèce exotique envahissante." Quant aux lézards, ils sont menacés par la fourmi électrique, à la fois prédatrice directe et compétitrice pour les ressources alimentaires.
Des besoins de protection encore grands
De façon moins importante, d’autres activités humaines affectent les différentes espèces étudiées, à commencer par l’urbanisation, mais aussi une "pression de collecte de plus en plus forte" exercée par des braconniers ou des particuliers, intéressés par ceux qu’on nomme les nouveaux animaux de compagnie (NAC). "Le Mniarogecko jâlu, un grand gecko endémique, fait partie de ces espèces capturées et revendues illégalement au niveau international, alors qu’il est classé 'En danger'."
Alors que la Nouvelle-Calédonie affiche un taux d’endémisme parmi les plus importants au monde (75 % de la flore et 90 % des lézards), "les résultats de l’état des lieux montrent que les besoins de protection sont encore grands", signalent l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’Office français de la biodiversité et le Muséum national d’histoire naturelle. "Afin de ne pas voir disparaître à l’avenir des espèces remarquables et souvent uniques au monde, le bilan souligne l’importance de mettre en place des actions de conservation ciblées, de renforcer la préservation des milieux naturels et d’accentuer la lutte contre les pressions."
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