- Anthony Tejero | Crée le 11.05.2024 à 13h00 | Mis à jour le 25.07.2024 à 15h27ImprimerAriel Pelissou découvre la nouvelle exposition du site historique de l'île Nou. Photo Anthony TejeroA l'occasion des 160 ans de l'arrivée de l'Iphigénie, le premier convoi de condamnés au bagne, le site historique de l'île Nou propose une nouvelle exposition qui retrace le parcours de onze des ces 248 hommes à bord, qui ont fait souche et marqué bon nombre de familles calédoniennes, de génération en génération.
Castel, Paladini, Theuil, Pommelet, Dambreville... Autant de noms de famille qui ont traversé la société calédonienne et qui partagent un autre point commun : l'Iphigénie. Cette frégate a marqué l'arrivée du premier convoi de condamnés au bagne en Nouvelle-Calédonie, le 9 mai 1864. A bord, 248 hommes vont, malgré eux, écrire le début d'un chapitre fondateur de l'histoire pénitentiaire du Caillou.
Au total, 75 convois plus tard, près de 22 000 transportés aux travaux forcés, 4 000 déportés politiques et autant de relégués auront été envoyés sur le bagne de l'île Nou. Chiffre auquel s'ajoute un millier de femmes, également transportées ou reléguées à "La Nouvelle".
Onze récits de vie
Pour rendre hommage comme il se doit à cet héritage et célébrer le 160e anniversaire de ce patrimoine, l'Association témoignage d'un passé a préparé une nouvelle exposition pour retracer les récits de vie de ces forçats. L'installation met ainsi la lumière sur onze hommes qui ont donc fait partie du premier contingent débarqué de l'Iphigénie puis qui "ont fait souche" et ainsi marqué des générations entières de Calédonien(ne)s.
"Rappeler la spécificité de l'histoire calédonienne"
"A travers ces portraits, nous avons souhaité rappeler la spécificité de l'histoire calédonienne qui a fait que ces condamnés ont ensuite eu des unions et des descendants sur le territoire, ce qui n'est pas le cas d'autres bagnes coloniaux, comme la Guyane, explique Adèle Simon, la directrice du musée de l'île Nou. En Nouvelle-Calédonie, il y avait une logique de colonisation pour que ces gens restent, se marient et aient des enfants. Ces hommes ont donc participé à l'histoire."
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Cette exposition temporaire a officiellement été dévoilée, le mercredi 8 mai, à l'occasion de la journée des descendants, dont certains ont eu de belles surprises. "Certaines personnes sont venues parce qu'elles savaient qu'un de leurs descendants figurait sur cette exposition et ils ont alors rencontré d'autres membres de leur famille, qui ont cet ancêtre en commun, sans qu'ils se connaissent et c'est aussi tout le sens de notre travail", glisse Adèle Simon; qui précise que l'installation est visible jusqu'au 31 juillet.
Une nouvelle base de données pour retrouver ses ancêtres
L’association Témoignage d’un passé vient d’inaugurer Orgon, une base de données inédite qui permet aux Calédoniens, en tapant leur nom de famille, de découvrir quels sont leurs liens avec les 30 000 personnes (transportés, surveillants militaires, etc.) qui ont traversé la période du bagne. C’est le fruit de quarante années d’un "travail de titan" en particulier mené par Louis-José Barbançon, Évelyne Henriot, Robert Zoller et Ronald Gastaldi.
Dans un premier temps, l’application n’est disponible que sur les ordinateurs du site historique de l’île Nou.
"Je n’ai pas assez écouté mes parents"
Au lendemain de son lancement, les familles sont déjà nombreuses à avoir fait leurs recherches. C’est le cas d’Ariel Pelissou, qui a déjà griffonné de nombreuses références sur une feuille. "Je sais que je suis descendante d’un bagnard, mais cela reste flou sur le pourquoi et le comment. Je n’ai que son nom de famille, Huet, et son statut de déporté politique. Le problème, c’est qu’ils sont plusieurs à porter ce nom et je m’y perds un peu entre les statuts de transportés, de relégués, de déportés, etc. sourit cette Calédonienne de 62 ans qui salue l’initiative. C’est un bon point de départ pour s’ouvrir l’esprit et aller plus loin en se penchant davantage sur cette histoire et mieux comprendre le pays. Quand on est jeunes, on ne s’y intéresse pas trop, mais en vieillissant, je me rends compte que c’est important et que je n’ai pas assez écouté mes parents, qui avaient la connaissance, mais ne sont plus là. Quand bien même, pendant très longtemps, il ne fallait surtout pas dire qu’on était descendants. Le sujet n’est plus tabou depuis quelques années seulement."
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