- LNC | Crée le 25.02.2024 à 05h00 | Mis à jour le 07.05.2024 à 11h56ImprimerLe 24 septembre 1955, lors de la grande parade réunissant plusieurs démonstrations sur l’actuel hippodrome Henry-Milliard : des membres du futur Cercle d’escrime de Nouméa effectuent quelques combats. Photo DRImportée par les militaires au XIXe siècle, l’escrime calédonienne a connu ses heures de gloire, ses duels et ses heures sombres. Déclarée en situation de mort clinique en 1981, elle a rebondi en l’an 2000 grâce à l’effet olympique.
C’est à fleuret moucheté que l’escrime a fait son apparition en Nouvelle-Calédonie. Ses précurseurs ? Bien évidemment les militaires qui importèrent ici, à la fin du XIXe, un sport d’élite pratiqué en Métropole par des classes aisées. Les grands-parents de Laura Flessel n’étaient pas encore nés. C’est dire.
Certes, on trouve trace dans les années 1860 d’une Société d’escrime qui coexistait avec la Société de gymnastique et celle de tir. Mais il faudra attendre le 22 décembre 1898 et la naissance de la structure omnisports de la Néo-Calédonienne (dites Néo, tout le monde comprendra) pour voir apparaître une réelle pratique civile du fleuret.
Jusqu’en 1918, on pourra ainsi assister à des galas de gymnastique (autre sport en vogue) et d’escrime à l’occasion du 14-Juillet et du 24-Septembre. Ces fêtes se terminaient systématiquement par un dîner et un grand bal avec la musique de la Transportation dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville. En présence, évidemment, des autorités civiles et militaires.
Le Cercle d’escrime de Nouméa
C’est pour le plaisir des spectateurs que les escrimeurs aux fleurets, à l’épée, aux bâtons, et à la canne donneront alors de beaux combats qualifiés de musclés. Ils se donneront également en spectacle pour la bonne cause, à l’image des fonds récoltés à destination des victimes du cyclone de 1898.
C’est le 1er août 1956 après de nombreuses années d’incertitudes, que quelques passionnés créent enfin le premier vrai cercle d’escrime autonome de Calédonie, le CEN (Cercle d’escrime de Nouméa). On y retrouve tout l’attirail de la vie associative sportive, avec une carte de membre, un écusson bleu et or, représentant un cagou qui garde sous ses ailes une épée et un fleuret. Parmi les fondateurs on retrouve MM. Devambez, Raighasse, Rordof, Laville, Bloc, Daly, Rolland. Et, bien sûr
Charles Mourin, le célèbre maître d’armes qui maniait les trois armes depuis 1922 et qui aura connu trois générations d’élèves.
Salle Jocteur
Le Cercle s’entraîne dans le local de la Néo-Calédonienne qui sera rebaptisé plus tard salle Jocteur. A cœur vaillant, rien d’impossible : ses membres n’hésitent pas à tirer avec les militaires et à affronter les officiers de la Jeanne d’Arc lors de leurs deux passages en 1956 puis en 1962.
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Parallèlement, les militaires ouvrent en 1960 une salle d’armes dirigée par le prévôt d’armes l’adjudant Hubert, diplômé de Joinville. Le général Appert, commandant des Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc) et bon escrimeur, fut à l’origine de cette création. Le terrain de basket Veyret, en face de la Bibliothèque Bernheim, verra souvent des assauts entre les civils, les militaires et les marins de la Jeanne. Des heures épiques et héroïques qui ne laissent pas présager un déclin tout proche de l’escrime en Nouvelle-Calédonie. Et pourtant, en 1972, le Cercle de Nouméa ne compte plus que
35 licenciés. Il tombera totalement dans l’oubli en 1981, année du décès de son charismatique leader, Charles Mourin.
L’arme de base, le fleuret
Deux fleurets, une épée et un masque d’époque accompagnent le logo bleu et or du Cercle d’escrime de Nouméa fondé le 1er août 1956.Sur cette photo on distingue plus particulièrement deux fleurets (à gauche) et une épée (avec sa garde en coupole), ainsi qu’un masque :
1. Le fleuret est une arme conventionnelle, c’est l’arme de base qui permet d’apprendre les techniques de l’escrime dans les salles d’armes ; c’est une arme d’estoc, c’est-à-dire qu’elle n’est offensive que par la pointe, et on ne touche que sur le buste. Le fleuret se compose d’une lame et d’une monture (poignée, garde et pommeau de différentes formes, qui permet l’équilibre de l’arme).
2. L’épée est l’arme traditionnelle du combat. C’est une arme d’estoc plus lourde que le fleuret, sa lame est triangulaire moins flexible, et plus rigide. On touche avec la pointe, tout le corps de l’adversaire est considéré comme valable. La lame possède une gouttière qui sert à renforcer l’arme et non à laisser couler le sang ! La garde est en forme de coupe, pour protéger la main et le pommeau métallique à la forme d’une couronne à dix faces.
3. Le masque est d’une époque plus récente. Une tige métallique médiane renforce la toile métallique. La bavette avant, en toile de coton, protège le cou. Elle est de couleur claire. La languette arrière sert de maintien au masque. L’invention du masque est très ancienne (Egypte), mais son usage est récent, le maître La Boëssière l’imposa au 18° siècle. Le ridicule du début disparaissait et les accidents devenaient plus rares. Ce matériel pouvait être commandé dans un grand magasin de la place, grâce au catalogue de la quincaillerie Rebattet & Cie qui se trouvait à Paris. Tous les sportifs y trouvaient leur bonheur.
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