- LNC | Crée le 06.03.2024 à 14h00 | Mis à jour le 07.05.2024 à 11h58ImprimerLa mini-usine de confitures se trouvait sur la propriété de Mme Garrigou. La machine fonctionnait grâce à l’énergie hydraulique, qui faisait également tourner une dynamo. L’installation avait été montée par un mécanicien, Pierre Dubois, pour aider sa bell Photo DRDurant la guerre, quand les importations étaient irrégulières, les Calédoniens mangeaient " local ". Et notamment les confitures du Mont-Mou, passées du stade artisanal à celui de semi-industriel et conditionnées dans des boîtes de Ouaco. De cette aventure, il reste encore la machine à sertir, au Musée de Païta.
Dans les années 1930, Mme Garrigou, qui habitait sa propriété du Mont-Mou, se consacrait, avec son fils Louis, à la fabrication artisanale de confitures et de gelées faites avec des fruits locaux : goyaves, bananes, oranges, qu’elle se procurait facilement dans la région du Mont-Mou, de Païta et du col de la Pirogue. La renommée de Mme Garrigou n’était plus à faire. En plus des confitures, elle préparait des papayes confites et des bananes séchées qu’elle écoulait auprès de visiteurs et connaisseurs friands de ses produits faits maison.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie s’est trouvée privée de certaines denrées alimentaires. Coupés de la France et ravitaillés très irrégulièrement d’Australie, les Calédoniens ont dû s’approvisionner localement et la production de confitures de Mme Garrigou connut une période prospère.
Mini-usine de confitures
Pierre Dubois, gendre de Mme Garrigou, passait régulièrement ses fins de semaine en famille, au Mont-Mou. Mécanicien de formation, il envisagea d’installer une mini-usine de production de confitures en utilisant l’énergie de la rivière qui traversait la propriété. Un barrage en ciment fut construit en amont et une conduite d’eau d’environ 120 mm de diamètre alimentait la turbine fixée à une dynamo, l’ensemble installé dans un dock contigu à l’usine. Cette dynamo fournissait le courant électrique et la turbine, par un système de poulies et de courroies, actionnait une sertisseuse.
Dans des boîtes à Ouaco
Les boîtes et les couvercles à sertir étaient fournis par la Société de Ouaco, qui produisait alors dans le Nord des conserves de viande. Un accord avait été conclu entre Pierre Dubois et le colonel Dix, directeur de la Société de Ouaco. L’expédition se faisait par cageots de 500 boîtes, grâce aux bateaux du Tour de côte qui revenaient à vide après avoir déchargé leurs marchandises tout au long de la côte Ouest.
La sertisseuse à boîtes est exposée à la Villa-musée de Païta. Photo DRA la fin de la guerre, au moment du départ des troupes, Mme Garrigou racheta même aux Américains d’énormes marmites d’une contenance d’environ 250 litres. Elles avaient une double paroi dans laquelle circulait la vapeur fournie par une chaudière à bois, qui alimentait également l’autoclave pour la stérilisation des boîtes.
Tuées par l’importation
Le problème le plus délicat était de transposer les recettes valables pour une petite quantité à un tel volume.
Après quelques tâtonnements, le tour de main fut acquis et la mise en boîte s’accomplit normalement.
Les étiquettes blanches étaient imprimées par les Imprimeries Réunies, et la boîte de 300 grammes se vendait chez tous les commerçants de Nouméa.
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Mais la fabrication ne put maintenir une cadence régulière, suivant les saisons de récolte des fruits. Et lorsqu’après la guerre, les importations redevinrent régulières, la concurrence des produits importés, au coût inférieur, porta un coup fatal aux confitures du Mont-Mou.
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