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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 08.04.2025 à 12h34 | Mis à jour le 08.04.2025 à 12h34
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    Les fours de la SLN tournent actuellement à 60 % de leur capacité, en raison d’un manque de minerai et d’une trop faible teneur en nickel de ce dernier. Photo Archives LNC/Thierry Perron
    Depuis une semaine, la direction de la SLN multiplie les rencontres avec ses salariés afin de présenter la "feuille de route 2025". Alors que les fours de Doniambo tournent actuellement à 60 % de leur capacité, la société dresse de nouvelles perspectives, dont la réussite dépendra de sa capacité à relever deux défis majeurs : réduire les coûts de l’énergie et accéder de nouveau aux sites miniers de la côte Est.

    Accéder à une énergie compétitive

    C’est l’enjeu principal des dernières années. Alors que l’énergie représente en moyenne 60 % des coûts de production de la métallurgie, son prix en Nouvelle-Calédonie reste trop élevé pour produire du nickel compétitif. C’est d’autant plus vrai depuis l’essor des industries métallurgiques chinoises et indonésiennes ces dix dernières années qui, outre une main-d’œuvre moins coûteuse, bénéficient d’un prix de l’énergie bien plus faible. "Nous sommes entre 180 et 200 euros [environ 22 000 francs NDLR] le mégawattheure, là où l’Indonésie et la Chine sont à 50 euros", soit un peu moins de 6 000 francs, expose Guillaume Kurek, directeur général de la SLN.


    Guillaume Kurek, directeur général de la SLN, a présenté la feuille de route 2025 à 380 salariés de l’entreprise réunis ce mardi 8 avril au centre culturel du Mont-Dore. Photo Baptiste Gouret

    Actuellement, l’énergie de la SLN est produite par la centrale accostée temporaire (CAT), que l’usine de Doniambo loue pour près de 5,5 milliards de francs par an. La direction compte la conserver le temps qu’une nouvelle centrale définitive soit construite à Nouméa. Le projet concerne la création d’une centrale à gaz d’une capacité de 160 à 200 mégawatts, capable d’alimenter l’usine à 100 %, mais aussi une partie des foyers du Grand Nouméa. "Deux tiers de nos problèmes seront résolus quand on aura réglé cet accès à une énergie compétitive, reprend Guillaume Kurek. La chance qu’on a, c’est que les solutions existent, elles sont connues et documentées. Nous avons eu l’occasion de les rappeler dernièrement au ministre d’État", Manuel Valls.

    Reprendre l’exploitation des sites miniers de la côte Est

    Kouaoua, Poro, Thio… Depuis l’éclatement des émeutes, en mai 2024, l’accès aux domaines miniers de la côte Est est très limité. Conséquence directe : l’usine de Doniambo ne dispose pas d’un volume de minerai suffisant pour tourner à plein régime. Les fours montent actuellement à "60 %" de leur capacité de production, dévoile le directeur général de la SLN. Le manque de minerai pour les alimenter n’est pas la seule explication. En l’absence du minerai de la côte Est, qui dispose de la meilleure teneur en nickel, les fours de Doniambo sont alimentés par du minerai chargé en fer et dont la teneur en nickel descend parfois à 1 %. "Augmenter la puissance des fours pour une teneur si faible ne serait pas rentable", explique Guillaume Kurek.

    Seul un retour du minerai de la côte Est pourrait garantir une augmentation de la teneur moyenne à "2,3 ou 2,4 %", contre 2 % en moyenne actuellement, permettant ainsi d’envisager une relance de la puissance des fours. "Rien qu’un bateau par mois" offrirait de nouvelles perspectives à la SLN, poursuit ce dernier. La direction espère reprendre l’exploitation des domaines de Kouaoua et de Poro dans les prochains mois. Des réorganisations seront toutefois nécessaires, ainsi que des travaux de réparation. Le convoyeur Serpentine, incendié aux premiers jours des émeutes, ne sera pas réparé dans l’immédiat, en raison du coût trop important d’une telle réparation.


    Environ 380 salariés de la SLN étaient réunis, ce mardi 8 avril, au centre culturel du Mont-Dore, pour découvrir les grandes lignes du projet stratégique imaginé par la direction. Photo Baptiste Gouret

    À Thio, la reprise de l’exploitation devrait prendre davantage de temps. Elle n’est pas envisagée avant 2026. La route qui mène aux sites, bloquée dès le 2 avril, devra aussi être refaite. D’importantes réparations devront également être menées sur les domaines miniers, objets d’importantes dégradations après la mort d’un manifestant, tué par les forces de l’ordre, le 15 août. Des discussions ont été lancées entre la SLN, les autorités coutumières et la mairie. "On souhaite également inclure la jeunesse, pense Guillaume Kurek. Mais il faut avant tout que Thio accepte de se rouvrir."

    Un plan de départs volontaires

    Le ralentissement de l’activité de la SLN a eu des conséquences sur la masse salariale. En un an, le nombre de salariés est passé de 2 200 à 1 900. Sur les 300 ouvriers en moins, 180 travaillaient sur les sites de Thio avant leur arrêt. Trente autres ont été reclassés à Doniambo. Les "ajustements" se poursuivent. Un plan de départs volontaires a été présenté aux représentants du personnel. Environ 80 personnes pourraient en bénéficier, en particulier les salariés proches de la retraite.

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