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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 08.06.2024 à 05h00 | Mis à jour le 08.06.2024 à 05h00
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    Dominique Lefeivre a participé à la conférence de presse pilotée par le Médef, jeudi à Ducos Factory, pour alerter sur la gravité de la crise économique vers laquelle plonge le pays. Photo Anthony Tejero
    L’usine de production de Ducos et celle en construction de Nouville de la société de chocolaterie ont été détruites par les flammes lors des émeutes. Le montant de ces dégâts est estimé à près de 4 milliards de francs. Un coup dur pour les 80 salariés qui ont perdu leur emploi du jour au lendemain pour une période d’au moins un an, le temps de reconstruire. Entretien avec Dominique Lefeivre, le président de Biscochoc.

    Quelle est l’ampleur des dégâts chez Biscochoc ?

    L’ancienne usine de Ducos a entièrement brûlé, ce qui représente environ trois milliards de francs de dégâts, entre les murs, le matériel, les stocks, etc. Puis sur la nouvelle usine (à Nouville), on estime à environ 100 millions de francs ces dégâts puisque tout l’intérieur a brûlé : ce qu’on avait déjà posé est à refaire. Mais comme tout est à redémarrer, le préjudice se situe entre 800 millions et un milliard de francs supplémentaires à ce niveau-là.

    En termes d’activité économique, je salariais environ 80 personnes, dont 65 CDI. Tout le monde est donc à l’arrêt pour l’instant.

    Quelles sont vos préoccupations actuelles, notamment auprès de vos salariés et fournisseurs ?

    Dans l’industrie, on fait le grand écart en quelque sorte, puisqu’on reçoit de la marchandise qui a été commandée qu’on paye entre 15 jours et un mois (à l’avance) selon les accords. Elle met ensuite deux mois à arriver par bateau puis on la travaille et on la vend et ce n’est donc qu’après toutes ces étapes qu’on est payés. Cela représente un delta de trésorerie étalé sur six mois au minimum. Donc évidemment, ce n’est pas simple à gérer. Et aujourd’hui, on n’a plus du tout de rentrée d’argent et donc la trésorerie s’écroule très rapidement. C’est la première préoccupation.

    En ce qui concerne les salaires, j’avais pris la décision de les payer de toute façon jusqu’à fin mai, mais pour la suite, on navigue à vue pour l’instant. Et c’est le combat qu’on démarre aujourd’hui car les assurances commencent à décider de qui est important ou non pour la société. Or je soutiens que tous mes cols-bleus sont très importants pour mon entreprise. Ce sont des spécialistes des machines et il y en a très peu sur le territoire, donc je ne veux pas les perdre et je ne veux pas qu’ils se retrouvent au chômage à ne presque rien toucher alors qu’ils ont des salaires tout à fait décents chez moi. C’est tout l’enjeu aujourd’hui.

    Comptez-vous sur un chômage spécifique, comme cela a été acté pour la filière nickel, afin justement d’éviter la fuite des compétences ?

    Pour l’instant, on a juste des bribes d’informations autour d’un chômage pour une durée de 9 mois de manière dégressive, avec un montant situé entre 75 % et 100 % du SMG, si j’ai bien compris, ce qui ne représente rien.

    Le site de Ducos, nous ne le remettrons plus en route, c’est fini.

    Justement, quelles sont vos ambitions : vous relancer ou baisser les bras ?

    On a un manque total de visibilité à la fois du gouvernement calédonien et de l’État français. Pour ma part, je suis dans un cas très particulier car mon projet (de nouvelle usine à Nouville) est en double défiscalisation donc je suis tout simplement obligé de le continuer. C’est sûr que si je n’étais pas sous cette double défiscalisation, je me serais posé la question d’arrêter puisque tous mes emprunts sont payés. Mais ce serait cruel car cela mettrait 80 salariés par terre. Je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de chefs d’entreprise sont dans cet état d’esprit.


    L'usine Biscochoc de Ducos a entièrement été détruite par les flammes. Photo Anthony Tejero

    À quel horizon pouvez-vous espérer reprendre l’activité ?

    Il y a des délais incompressibles. Autrement dit, Biscochoc ne pourra pas reprendre avant au minimum un an pour le site de Nouville. Quant au site de Ducos, nous ne le remettrons plus en route, c’est fini.

    Quelles sont les répercussions de cet arrêt à l’international, notamment au Vanuatu où vous êtes implantés ?

    Évidemment au Vanuatu, il faut que je trouve à vendre ma production ailleurs puisque Biscochoc était le plus gros client de notre exploitation sur place. Cela a également une double répercussion sur l’export puisque je venais de signer deux contrats avec la Chine et le Japon, soit environ 120 tonnes à l’export sur un volume auparavant de 450 tonnes. Ces contrats auraient dû représenter 25 % de plus de chiffre d’affaires qui viennent de tomber à l’eau. Pour les récupérer, ça va être compliqué car cela faisait trois ans qu’on se battait pour être présent sur ces marchés. C’est juste terrible.

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