fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 29.08.2024 à 17h42 | Mis à jour le 29.08.2024 à 17h42
    Imprimer
    Veylma Falaeo a été élue présidente du Congrès, notamment grâce au report des voix du camp non-indépendantiste, qui ont retiré leurs candidats au terme du premier tour du scrutin. Photo Baptiste Gouret
    La candidate de l’Éveil océanien a été portée par les voix des Loyalistes – Rassemblement et de Calédonie ensemble, qui ont retiré leurs candidats au second tour. Un coup politique du camp non-indépendantiste pour éviter un nouveau mandat de Roch Wamytan. De quoi dessiner de nouveaux équilibres politiques ?

    L’élection qui s’est déroulée ce jeudi 29 août au Congrès est historique à plus d’un titre. D’abord parce qu’en plébiscitant à la majorité absolue Veylma Falaeo, les membres du Congrès viennent d’élire la première femme à la tête de l’institution depuis sa création en 1999. Ensuite parce qu’une liste disposant de seulement trois élus, pas suffisants pour former un groupe politique, vient d’accéder à l’une des plus hautes fonctions politiques de Nouvelle-Calédonie. Et enfin parce que le résultat de ce scrutin, qui met un terme à cinq années de présidence de Roch Wamytan, pourrait provoquer une recomposition des forces politiques au sein de l’assemblée et acter la fin de la "majorité océanienne". La conséquence d’une manœuvre politique orchestrée par le camp non-indépendantiste, qui a fait basculer les équilibres.

    Coup de théâtre ou scénario préparé ?

    Au terme d’un premier tour n’ayant pas permis de dégager de majorité absolue, la suspension de séance demandée par Gil Brial (Loyalistes) annonçait l’heure des tractations. Il aura suffi de cinq minutes aux groupes non-indépendantistes pour s’accorder sur le retrait de leurs deux candidats. Le calcul était simple : en l’absence de Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble) et de Naïa Wateou (Loyalistes-Rassemblement), le second tour offrait à Veylma Falaeo (Éveil océanien) un report de voix suffisant pour atteindre la majorité absolue de 28 voix, contre 26 pour Roch Wamytan (UC-FLNKS et Nationalistes). "Je ne m’y attendais pas, je pensais que nous allions aller jusqu’au troisième tour avec les trois voix de notre liste", a assuré la nouvelle présidente de l’assemblée, après un discours écrit à la hâte.

    Une surprise, vraiment ? Du côté des indépendantistes, on en doute fortement. "C’était un scénario prévu depuis deux-trois semaines, confirmé hier [mercredi] par la démission de Vaimu’a du gouvernement", a réagi Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes. En quittant son poste au sein du 17e gouvernement la veille de l’élection, Vaimu’a Muliava a en effet récupéré son siège au Congrès occupé par Maria-Isabella Saliga-Lutovika. De quoi garantir une 28e voix à Veylma Falaeo que n’aurait pas donné Mme Saliga-Lutovika, acquise à la cause indépendantiste. À 27 voix pour chaque candidat, Roch Wamytan l’aurait alors emporté au bénéfice de l’âge.

    Eviter un nouveau mandat de Wamytan

    L’arrivée au perchoir d’une candidate de l’Éveil océanien renforce le crédit accordé à "la voie médiane", pense Veylma Falaeo. "C’est un choix historique, en cette fin de mandature, la dernière de l’Accord de Nouméa, de confirmer et considérer l’existence de la troisième voie et lui confier l’organisation de notre première institution", a dit la nouvelle présidente. Mais du côté non-indépendantiste, on assume un choix largement motivé par la volonté de mettre fin à la présidence de Roch Wamytan. En témoigne la première phrase du communiqué de presse diffusé dans la foulée de l’élection par le groupe Loyalistes. "Les Loyalistes se réjouissent de la fin du mandat de Roch Wamytan à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie." Celui qui occupait le perchoir depuis 2019 est devenu ces derniers mois une personnalité politique très contestée.


    Après cinq années à la tête de l’institution, Roch Wamytan a cédé sa place à la présidence du Congrès, ce jeudi 29 août. Photo Baptiste Gouret

    "La présidence de Roch Wamytan était arrivée à un point de non-retour pour nous. Ses déclarations, dans des rapports officiels, indiquant que le seuil de tolérance des blancs avait été atteint, étaient des propos intolérables qui nous ont fait considérer que Roch Wamytan ne pouvait plus présider cette institution, censée représenter tous les Calédoniens", explique Virginie Ruffenach, présidente du Rassemblement. La signature, en avril, d’un mémorandum avec l’Azerbaïdjan par Omayra Naisseline au nom du Congrès a été un autre facteur important de ce "vote sanction" de la part du camp non-indépendantiste. "Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a connu cette dernière année des comportements inacceptables de la part du président de l’institution", a également expliqué Calédonie ensemble pour justifier son ralliement derrière Veylma Falaeo.

    "Un vote d’espoir"

    Cette nouvelle alliance entre l’Éveil océanien et les groupes non-indépendantistes pourra-t-elle durer ? "Nous avons des opinions divergentes, notamment sur la fiscalité, admet Virginie Ruffenach. Mais nous avons porté Mme Falaeo à la présidence car nous savons que nous sommes capables de travailler ensemble." Philippe Dunoyer, de Calédonie ensemble, espère également que ce vote puisse amorcer de nouveaux équilibres au sein de l’hémicycle. "C’est aussi un vote d’espoir, pour que de nouvelles dynamiques politiques se créent, à l’image de ce qu’il s’est passé hier [mercredi] avec le projet de résolution sur le plan quinquennal. On est allés chercher une très large majorité transpartisane. Je crois que l’état du pays nécessite qu’on sorte de nos tranchées. La personnalité de Mme Falaeo à la tête de l’institution permettra d’y contribuer."

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS