- Baptiste Gouret | Crée le 29.03.2025 à 10h00 | Mis à jour le 29.03.2025 à 10h00ImprimerLes élus du Congrès ont adopté, dans la douleur, le budget 2025 de la Nouvelle-Calédonie après de longues heures de tractations et de débats, ce vendredi 28 mars. Photo Baptiste GouretMalgré de longues heures d’interruptions de séance et de négociations en coulisses, les élus ne sont pas parvenus à s’entendre sur le budget primitif de la Nouvelle-Calédonie, vendredi 28 mars, et notamment sur le prêt de 120 milliards garanti par l’État. La voix de la présidente du Congrès, Veylma Falaeo, a fini par faire basculer le vote et permis son adoption dans la soirée.
La Nouvelle-Calédonie est passée tout près, vendredi 28 mars, de ne pas disposer d’un budget et de passer sous tutelle de l’État. Il aura fallu six heures de suspension de séance cumulées et l’ultime intervention de Veylma Falaeo pour que le budget primitif 2025 de la collectivité soit adopté "à un cheveu", selon les mots d’une élue. La présidente du Congrès a apporté sa voix, prépondérante, pour faire basculer le vote et faire adopter le budget à 25 voix pour (Loyalistes, Rassemblement et Calédonie ensemble), 25 contre (UNI et UC-FLNKS et Nationalistes) et 3 abstentions (Milakulo Tukumuli, Vaimu’a Muliava et Yoann Lecourieux).
"Budget anti-kanak"
La conclusion d’une journée chaotique dans l’hémicycle du boulevard Vauban, qui a traduit les divisions encore profondes de la classe politique calédonienne. Dès les premières minutes de débat, les tensions sont apparues entre indépendantistes et non-indépendantistes, notamment après l’intervention du président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes, Pierre-Chanel Tutugoro. "On a l’impression qu’on a un budget anti-kanak, anti-océanien. J’amène ça avec prudence pour ne pas blesser certains parmi vous mais je suis obligé de le dire pour créer de la réaction", a exprimé l’élu indépendantiste. Les conseillers de l’hémicycle comprenaient alors que les membres UC allaient s’opposer à ce projet de budget.
Les propos n’étaient pas davantage favorables du côté de l’UNI. "Ce budget tel qu’il est construit ne convient à personne, ni à ceux qui l’ont construit ni à ceux qui vont devoir l’adopter […] On récolte ce qu’on a semé."
Le prêt de 120 milliards de l’AFD garanti par l’État, dont une grande partie sera consommée pour rembourser les avances octroyées par l’État en 2024, et qui va alourdir la dette de la Nouvelle-Calédonie, a été au cœur des débats. Une somme absolument nécessaire pour permettre aux finances publiques du pays de tenir le choc, mais dont les conditions et la nature irritent les élus calédoniens depuis le départ. Farouche opposant à ce prêt, qui va porter la dette calédonienne à 300 milliards de francs, Philippe Gomès du groupe Calédonie ensemble l’a même qualifié de "scandale d’État".
"C’est déplaisant au possible de se faire traiter de cette manière par l’État. Mais c’est la situation dans laquelle on se trouve", a souligné de son côté Philippe Dunoyer, de Calédonie ensemble, tentant de faire valoir un "enjeu supérieur", celui de sauver le territoire de la faillite.
"Maîtres chanteurs indépendantistes"
Face aux menaces d’un rejet de ce projet de budget par les indépendantistes et l’Éveil océanien, majoritaires, la présidente du groupe Rassemblement, Virginie Ruffenach, a fini par solliciter une suspension de séance. "Cinq minutes", pour discuter avec les chefs de groupe et ajuster les amendements qui posaient problème. Les élus ne reviendront que cinq heures plus tard dans l’hémicycle. "Comment ça, on redémarre comme ça ? Je pensais qu’une majorité des groupes s’étaient positionnés pour un report de la séance", s’est alors étonné Pierre-Chanel Tutugoro, avant de demander une nouvelle suspension de séance.
De retour une heure plus tard, les élus finiront par reprendre les débats, jusqu’au bout cette fois. "Il faut du courage pour affronter les tempêtes, et nous traversons des cyclones budgétaires, il est regrettable dans ces cas-là que tous les marins ne soient pas sur le pont, a regretté Virginie Ruffenach à l’adresse des élus indépendantistes. Comment peut-on imaginer fait vivre le scénario du pire aux Calédoniens ? Les priver de santé, d’électricité, de chômage, de tous leurs besoins vitaux finalement."
"Vous avez préféré le chantage à la responsabilité", a également fustigé Gil Brial. "Les maîtres chanteurs indépendantistes ont failli nous faire perdre 120 milliards de l’État et ont pris le risque du rejet du budget de la Nouvelle-Calédonie", a également commenté Sonia Backès, cheffe de file des Loyalistes et présidente de la province Sud, au terme de la séance.
Des dissensions entre les deux camps qui pourraient avoir des conséquences notables sur la reprise des négociations, prévues dans les prochaines heures, ce samedi 29 mars, avec le ministre des Outre-mer Manuel Valls.
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