- Anthony Tejero | Crée le 26.03.2024 à 08h18 | Mis à jour le 26.03.2024 à 08h34ImprimerLa fin de la collégialité semble avoir sonné entre la majorité indépendantiste (et Eveil océanien) et les membres loyalistes (hors Calédonie ensemble). Photomontage LNC / Anthony TejeroSur fond de tensions sociales suscitées par de nombreux projets de réformes portées par l’exécutif, la majorité indépendantiste (et Éveil océanien) réunie autour de Louis Mapou fustige "la stratégie globale de boycott" des non-indépendantistes, et plus particulièrement des membres loyalistes "qui peuvent très bien démissionner". Ces derniers estiment qu’à travers ses propos, le chef du gouvernement a "enterré" la collégialité et décident de "rentrer dans l’opposition".
Le gouvernement semble n’avoir plus de collégial que le nom. Lors d’une conférence de presse tenue, ce lundi, par les seuls membres de la majorité indépendantiste (et Éveil océanien), et qui était censée répondre aux tensions sociales qui agitent le pays, le volet politique s’est sans surprise invité dans les discours. Et le chef de l’exécutif n’a pas mâché ses mots, déplorant "une stratégie globale de boycott" des loyalistes qui, la semaine dernière, ont tour à tour quitté la réunion hebdomadaire du gouvernement, puis l’hémicycle du Congrès.
"Si la Nouvelle-Calédonie est sereine, c'est grâce à cette majorité"
"Ce procès en illégitimité qu’on nous fait n’est ni à la hauteur de ce que la Nouvelle-Calédonie entreprend depuis 1988, ni de ce que les gens attendent", martèle Louis Mapou, qui estime que sa majorité est aux manettes avant tout "pour stabiliser les institutions" du pays. "Depuis le référendum de 2021, si la Nouvelle-Calédonie a réussi à s’en sortir et est désormais sereine, c’est grâce à nous. Sans cette majorité, je ne sais pas où nous serions aujourd’hui, et il faut y faire très attention."
Pour le président du gouvernement, alors que le Caillou traverse une nouvelle crise économique, "pour construire (la relance), il faut que tout le monde soit dans le même bateau". Or, la collégialité est actuellement "très, très fragile", de l’aveu même de Louis Mapou, qui pointe "la pression de l’État", par le biais du projet de réforme constitutionnelle, "pas facile à porter", et qui "échauffe les esprits à un moment où les difficultés imposeraient de nous poser."
Le chef de l’exécutif "constate" ainsi depuis quelque temps des propos et comportements "qui alimentent la complexité et l’idée que nous ne pourrions pas nous en sortir." En clair, Louis Mapou fustige "cette technique qui consiste à cultiver l’amalgame sur tous les sujets et entretenir la confusion chez les gens pour se dédouaner de ses responsabilités". Une critique à peine dissimulée adressée aux élus loyalistes qui s’opposent à l’ensemble des projets de réformes et de taxes portés par le gouvernement.
"Je ne cours pas après les gens"
Dans ce contexte, le président du 17e exécutif n’y va pas par quatre chemins envers les quatre membres loyalistes qui ont quitté sa table des discussions : "Il y a du travail, mais on ne forcera personne et je ne cours pas après les gens. Cette liste de non-indépendantistes-loyalistes peut démissionner et déposer une motion de censure. C’est suffisant pour faire tomber ce gouvernement."
Face à ces propos, les quatre membres visés, à savoir Isabelle Champmoreau, Yoann Lecourieux, Christopher Gygès et Thierry Santa, estiment que le chef du gouvernement "a pris la décision d’enterrer la collégialité". Car ce groupe rappelle que lors de son "retrait" de la dernière séance du gouvernement, il avait souligné, notamment face à la presse, que Louis Mapou devait clarifier si ses membres étaient toujours dans un gouvernement collégial ou s’ils avaient "basculé vers un exécutif majoritaire."
"Nous nous opposerons de la manière la plus ferme possible"
Or la conférence de presse de Louis Mapou, tenue exclusivement avec sa majorité, sans en informer les autres membres du gouvernement qui en ont découvert la teneur dans les médias, semble leur avoir donné la réponse.
"Sur le fond, nous déplorons que la majorité indépendantiste persiste dans l’impasse du matraquage fiscal. Quant à la forme, le président du gouvernement a, de facto, annoncé la fin du gouvernement collégial, ne nous ayant ni informés ni consultés sur le contenu de cette conférence, analyse ce groupe, qui a déjà annoncé qu’il ne démissionnerait pas (dans l’immédiat du moins) mais qui fait le choix de rentrer dans "l’opposition" au sein de l’exécutif. Par conséquent nous nous opposerons de la manière la plus ferme possible à toutes les mesures confiscatoires qui seront proposées."
Quant à leur marge de manœuvre, étant minoritaires au sein de l'exécutif ? "Nous pourrons bloquer des textes, notamment lorsque certains membres de cette majorité seront en voyage", avaient-ils déjà précisé à la presse, un brin sarcastiques.
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