Les premières visites officielles d’un élu sont toujours symboliques. Ce jeudi 23 janvier, le nouveau président de la Nouvelle-Calédonie, Alcide Ponga, a tenu à rencontrer les pompiers et les équipes de la Sécurité civile, dans leur caserne basée au Sixième kilomètre. Alors qu’il venait de s’entretenir juste avant, loin des micros, avec des personnels du centre hospitalier territorial (CHT), cette séquence ouverte aux médias était l’occasion pour le chef du 18^e exécutif de saluer le dévouement de ces services de secours mais aussi de l’ensemble de ces femmes et ces hommes au service des Calédoniens, tant dans le corps médical que les forces de l’ordre, dont les nerfs "sont mis à rude épreuve" depuis le 13 mai. "Malgré les agressions, les critiques, les caillassages que vous pouvez subir, sachez qu’une majorité, sans doute silencieuse, sait que c’est un sacrifice que vous faites pour nous. Merci à vous", lance d’emblée Alcide Ponga, qui rappelle par ailleurs que la compétence de Sécurité civile est affectée "d’office" au président du gouvernement. Cette visite, c’est d’abord l’occasion de découvrir et d’apprendre, parce que pour assumer ces compétences qui me sont affectées, il faut déjà savoir quels sont les outils dont on dispose, et qui sont toutes ces personnes qui se mettent au service de la population."

"Pas de promesse"

Pour autant, s’il tient à "écouter" ces personnels et leurs besoins, le chef de l’exécutif a d’emblée annoncé ne "pas être venu faire des promesses", notamment compte tenu des finances exsangues du pays. Alcide Ponga a néanmoins annoncé que "des réflexions profondes sont à mener au plus haut niveau et avec l’ensemble des collectivités sur le fonctionnement" des services de secours en Nouvelle-Calédonie, n’excluant pas "une rationalisation", via une "mutualisation" des moyens et des compétences sur le volet de la sécurité.

Malgré cette absence de promesse, pour le directeur de la Sécurité civile, qui dispose d’une soixantaine de pompiers (une quarantaine en province Sud et une vingtaine dans le Nord), ce déplacement est "un signe fort" envoyé par le gouvernement, après de longs mois sur tous les fronts, tant des feux de forêt que des incendies liés aux exactions. "J’ai attiré l’attention du président sur le fait que ces effectifs sont encore insuffisants, notamment pour faire face à un gros coup, comme un cyclone, explique le colonel Frédéric Marchi-Leccia, conscient des difficultés financières auxquelles sont confrontées les collectivités. Les temps font qu’il est difficile d’avoir de la ressource humaine, donc on répondra toujours aux sollicitations de la population. Parfois, il faudra faire preuve d’un peu de patience, mais j’ai confiance en mes effectifs comme en la population qui a une certaine qualité de résilience, notamment face aux risques naturels."

Des renforts réduits mais encore bienvenus

Toujours est-il, les secours Calédoniens peuvent encore compter sur les renforts de pompiers venus de l’Hexagone présents depuis les émeutes, qui bien que les effectifs aient été revus à la baisse, sont encore opérationnels sur le Caillou. Ils sont actuellement 28 mobilisés au gré des besoins, comme lors de l’important incendie à Prony, ainsi que dans les centres de secours de l’agglomération.

"Aujourd’hui, on sait que la pression opérationnelle liée aux événements a chuté, mais ces renforts sont toujours là en posture d’attente. Plutôt que de les laisser à l’hôtel, on a décidé, en lien avec le haut-commissariat, de les utiliser dans une unité. On pratique ainsi ce qu’on appelle l’insertion et on disperse ces effectifs dans les centres de secours qui sont les plus sollicités. Mais si demain, pour x raison, il y avait des événements sur une autre partie du territoire, ils seront mobilisables, détaille le colonel, qui compte bien tirer profit de ces équipes venues de l’Hexagone tant qu’il y en a encore sur le Caillou. L’effectif a certes été réduit, mais c’est quand même une force qu’on est contents d’avoir sous la main, sachant que lorsqu’on a des situations compliquées, comme une grosse saison des feux ou un épisode cyclonique, on peut avoir des renforts de la Métropole, mais on sait qu’il faut entre 72 et 96 heures pour en bénéficier. Je ne pense pas qu’il y ait une date de fin encore arrêtée aujourd’hui, mais on sait que ça va s’arrêter. Donc pour l’instant, on en profite. Ça ne nous coûte pas trop d’argent et c’est une force complémentaire qu’on apprécie."