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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 26.02.2025 à 12h00 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h33
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    Manuel Valls, lors d’un dîner avec des représentants de la jeunesse et de la société civile, organisé au restaurant d’application du Giep, à Nouville, mardi 25 février. Photo Baptiste Gouret
    Le ministre des Outre-mer a dîné au restaurant d’application du Giep de Nouville, mardi soir, en compagnie de représentants de la société civile et de la jeunesse calédonienne. L’occasion d’exprimer leur lassitude d’une classe politique en laquelle ils ne se reconnaissent plus, et leur volonté de voir naître une véritable citoyenneté calédonienne.

    Avant de rejoindre la table des négociations, ce mercredi, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a mangé à celle de la jeunesse calédonienne et de la société civile, mardi soir. Un dîner au New Ville, le restaurant d’application du Groupement pour l’insertion et l’évolution professionnelles (Giep-NC) de Nouville, dans un format qui devait offrir des échanges à bâtons rompus avec ceux dont le rôle dans la future société calédonienne sera largement abordé lors des discussions politiques. "C’était important pour moi de venir discuter avec vous", a dit Manuel Valls, à son arrivée au Giep.

    Créer un nouveau modèle social

    Après un geste coutumier, le ministre des Outre-mer, accompagné de Samuel Hnepeune, membre du gouvernement en charge de la formation professionnelle, s’est installé à table pour entamer les échanges. Des conversations qui se sont révélées directes, le ministre laissant la parole à des jeunes qui avaient beaucoup à dire sur leur expérience des derniers mois.


    Le ministre des Outre-mer a écouté les jeunes, qui avaient beaucoup à dire sur leur expérience des derniers mois. Photo Baptiste Gouret

    "Je n’aurais jamais imaginé un jour dans ma vie me retrouver sur un barrage à côté de mon père avec une batte de base-ball dans la main", a raconté une jeune architecte. Une situation provoquée, selon elle, par un "sentiment d’incompréhension" persistant et "des mensonges de deux côtés" de l’échiquier politique calédonien.

    Pour Thibaut Bizien, fondateur de l’association Caledoclean, les violences de mai 2024 trouvent leurs origines dans "les inégalités sociales", terreau fertile d’une contestation violente. "Il y a un vrai besoin d’investir dans le social et de créer un nouveau modèle", a insisté ce dernier auprès du ministre, évoquant également le besoin d’inclure dans le projet d’accord institutionnel les solutions émanant de la société civile.

    "En finir avec cette dichotomie"

    Si les explications des récentes violences ont varié d’un interlocuteur à l’autre, tous ont néanmoins exprimé une même défiance vis-à-vis la classe politique calédonienne. "Ils se focalisent sur les ambiguïtés et sur ce qui entretient le militantisme", a déploré Thibaut Bizien, en parlant d’un "déni" généralisé. "Ce n’est pas possible d’entendre dire que ce sont les entrepreneurs qui ont brûlé leurs sociétés [en référence aux propos polémiques tenus au Congrès par l’élue Marie-Line Sakilia NDLR], tout comme on ne peut pas nier le fait colonial."


    Le fondateur de l’association Caledoclean, Thibaut Bizien, s’est adressé au ministre pour évoquer la nécessité d’écouter davantage les représentants de la société dans la définition d’un nouveau projet de société. Photo Baptiste Gouret

    "Une majorité de Calédoniens ne se reconnaissent plus dans les prises de position de chaque camp", a également fait remarquer un jeune avocat au ministre. Surtout, les jeunes ont exprimé leur lassitude au sujet du débat pour ou contre l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. "Il faut en finir avec cette dichotomie, a réagi une jeune femme. Dans ce pays, on doit être soit indépendantiste soit loyaliste, mais on est avant tout Calédoniens. On reste fortement attaché à ce pays, malgré l’horreur qu’on a vécu l’année dernière."

    Le ministre des Outre-mer devrait s’inspirer de ces échanges pour proposer un "nouveau contrat social", l’un des trois axes de travail que Manuel Valls a fixés dans le cadre des négociations sur l’avenir institutionnel du pays.

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