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    Nouvelle Calédonie
  • Aurélia Dumté | Crée le 15.07.2024 à 08h18 | Mis à jour le 15.07.2024 à 10h07
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    Sonia Backès, présidente de la province Sud, a donné une allocution à l'occasion du 14-Juillet. Dans ce discours, elle évoque des pistes pour l'avenir, comme l'autonomisation des provinces.  Photo Archives LNC /  Anthony Tejero
    À l’occasion de la fête nationale du 14-Juillet, Sonia Backès, présidente de la province Sud, a pris la parole. Une allocution pour soutenir les Calédoniens, pour dénoncer les violences au travers de la Cellule de coordination des actions de terrain, pour rappeler l’histoire du pays, pour déconstruire l’Accord de Nouméa. Mais surtout, une allocution pour proposer des solutions : comme l’autonomisation des provinces.

    La cérémonie de la fête nationale du 14-Juillet a été l’occasion pour la présidente de la province Sud de prendre la parole dans une longue allocution. Elle y dénonce les exactions de la Cellule de coordination des actions de terrain, la CCAT. Y déconstruit les Accords de Nouméa, rappelle des faits historiques qui ont construit la Nouvelle-Calédonie. Et propose des solutions pour reconstruire, comme d’autonomiser les provinces.

    L’avenir : autonomisation des provinces

    Après quelques rappels historiques, quelques rappels de ces deux derniers mois, Sonia Backès, présidente de la province Sud, donne quelques pistes, selon elle, pour reconstruire le pays. "Demain, sera celui de la reconstruction. Avec votre soutien, je suis intimement persuadée que nous y arriverons. Car c’est de ce bois de la résilience, de la détermination et de la victoire que les Calédoniens sont faits," annonce la présidente de la province Sud. Pour arriver à reconstruire, Sonia Backès estime qu’il faut d’abord passer par un retour à la sécurité, mais aussi que "le temps du jugement arrive".

    Selon la femme politique, la Nouvelle-Calédonie a besoin d’un soutien financier de l’État dont l’ampleur doit être inédite. "Cette crise est aussi l’occasion de réformer en profondeur notre système dans lequel l’administration pèse trop lourd sur le développement économique, et dans lequel les mesures sociales sont considérées comme un dû qui exonère de la responsabilité individuelle – c’est dans ce sens d’ailleurs que je présenterai demain des mesures visant à réviser nos aides sociales pour enfin responsabiliser les bénéficiaires."

    Dans les idées que lance Sonia Backès, celle d’une "autonomisation des provinces", qui "peut représenter une opportunité de construction de plusieurs entités distinctes mais complémentaires, où chacun des peuples pourra enfin s’épanouir selon ses propres aspirations. Chacune des parties en présence préserverait son identité, ses traditions et sa vision du monde, sans l’ombre portée de conflits incessants et destructeurs. Chacune des parties en présence pourrait disposer des compétences propres à la construction du modèle de société que ses populations réclament." Autonomiser tout en gardant une unité, au travers d’un drapeau commun "qui remplacera le drapeau du FLNKS, symbole entaché de la terreur de ces dernières semaines." Sonia Backès propose également une province Sud basée sur "l’ordre, le mérite et le progrès".

    Le soutien aux Calédoniens

    Depuis le 13 mai, les Calédoniens vivent une situation exceptionnelle, de violences et de crise économique. Sonia Backès, dans son discours du 14-Juillet, soutien donc toutes les personnes qui souffrent, comme celles qui ouvrent pour maintenir un semblant de quotidien. Les habitants des quartiers durement touchés, comme Kaméré, Rivières Salée ou les habitants de Païta, Dumbéa, de Boulouparis, La Foa ou de Bourail mais surtout du Mont-Dore, spécialement ceux du sud de la commune, coupés du reste du pays depuis deux mois. Elle adresse son soutien à ceux qui ont perdu leur maison, leur entreprise, leur travail. Elle soutient ceux qui travaillent pour aider la population, les personnels de soin, les pompiers et les forces de l’ordre, mais aussi les riverains sur les barricades, ces "héros invisibles". La présidente de la province Sud adresse un message aux personnes qui ont perdu la vie à cause de ces émeutes, "lorsque le calme sera revenu, nous compterons ces dizaines de morts que nous ne voyons pas, passées dans l’au-delà faute d’avoir pu se rendre dans une salle d’accouchement, dans un centre de dialyse ou dans une chambre de chimiothérapie. À ceux qui sont partis dans ce silence assourdissant, j’ai ce soir une pensée pour vous et vos proches."

    Rappeler l’histoire du pays

    Ce discours est l’occasion pour Sonia Backès de rappeler l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, depuis les premiers contacts avec l’Occident. La place de la religion sur le Caillou, en dénonçant au passage l’incendie qui a détruit la maison des sœurs et le presbytère à la Mission de Saint-Louis. L’arrivée de la France et la colonisation, soulignant que "personne ne veut cacher cette part de notre histoire et les stigmates qu’elle a pu laisser sur le peuple kanak." L’histoire du bagne et de toutes les communautés qui ont construit la Nouvelle-Calédonie : "ces victimes de l’Histoire sont la force qui a bâti les fondations du pays dans lequel nous

    habitons" rappelle Sonia Backès. Et sur l’histoire plus récente, la présidente de la province Sud tient à évoquer qu’en 1958, "alors que la Nouvelle-Calédonie pouvait devenir un État membre de la Communauté française, dont la vocation était l’indépendance, l’Union calédonienne, qui à cette époque régnait sans partage sur le territoire, a décidé que la Nouvelle-Calédonie resterait française et deviendrait un territoire d’outre-mer."

    L’Accord de Nouméa

    Sonia Backès enchaîne sur les "ambiguïtés de l’Accord de Nouméa", après un rappel des violences qui ont secoué le pays entre 1984 et 1988, qui a abouti l’Accord de Matignon, signé entre autres par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur. Une "promesse qui fut trahie dix ans plus tard avec la signature de l’Accord de Nouméa dont les ambiguïtés volontaires nous ont conduit tout droit au drame que nous vivons aujourd’hui. Oui, il y avait, dans chaque ambiguïté issue de la plume perverse d’Alain Christnacht de l’époque les graines de la violence que nous vivons depuis 2 mois." La présidente de la province Sud liste ainsi le gel du corps électoral, la création des institutions, la clé de répartition entre les trois provinces… "Les ambiguïtés de l’Accord de Nouméa ont empêché toute possibilité d’une fin heureuse pour la Calédonie. Nous revoici donc, comme en 1988 à devoir signer un accord

    de paix pour que cesse ce conflit."

    Dénoncer les exactions de la CCAT

    Un accord de paix difficile à trouver dans un pays "détruit et ruiné", explique Sonia Backès, qui s’en prend à la CCAT. "Lors de la

    nuit du 13 mai et de celles qui ont suivi, dans un élan de haine teinté d’un racisme décomplexé, la CCAT s’en est sciemment prise à tout ce que les communautés arrivées sur le territoire avaient pu construire." La présidente de la province Sud liste ainsi les dégâts : économiques avec les incendies des entreprises, sociaux avec les exactions faites sur les hôpitaux et les organismes de santé. Éducatifs avec les nombreuses écoles vandalisées, incendiées, détruites. "Plus de 8 000 jeunes Calédoniens qui se retrouvent privés de scolarité. Nos écoles, c’est le lieu où nous nous rencontrons. C’est l’un des seuls espaces où toutes les communautés cohabitent des heures durant dans la fraternité et la paix. C’est aussi notre fierté. Notre futur."

    La présidente de la province Sud finit son discours par "soyons à la hauteur de nos anciens qui ont su dépasser leurs oppositions. Trouvons ce chemin de paix pour les Calédoniens."

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