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Les vagues de chaleurs sont vouées à se multiplier dans le pays. Photo Archives LNC / Nicolas Petit

La Nouvelle-Calédonie fait face à une vague de chaleur "exceptionnelle" pour un mois d’avril depuis une semaine, qui se conjugue avec une canicule marine d’une ampleur inédite depuis le début de l’année. Des phénomènes voués à se multiplier, à s’intensifier et à durer de plus en plus longtemps sous l’effet du changement climatique. Explications.

C’est le sujet de conversation des derniers jours. Il fait chaud et même trop chaud pour un mois d’avril. Un phénomène que confirme Météo France : depuis mardi dernier, la Nouvelle-Calédonie subit une vague de chaleur qui accentue la sensation d’étouffement en raison de l’absence de vent. En cause : une masse d’air tropicale en provenance de la zone équatoriale qui s’est installée dans la région. Et si les valeurs ne sont pas considérées comme extrêmes par les scientifiques, le mercure grimpe significativement depuis le 1^eravril.

Record battu à Bourail

En moyenne à l’échelle du pays, la température est de 31 °C, soit un écart de + 2 °C par rapport à la normale. Mais ce phénomène est plus intense sur le sud-ouest de la Grande Terre ainsi qu’à Maré, avec un thermomètre qui affiche une hausse moyenne de + 4 °C depuis une semaine, soit 33,1 °C à Nouméa. Un record de chaleur pour un mois d’avril a même été battu à Bourail, avec 34,2 °C relevés jeudi 3 avril à la station de Nessadiou.

Des phénomènes de plus en plus longs et fréquents

"C’est exceptionnel de subir une vague de chaleur à cette période. Elles se déclarent traditionnellement entre décembre et mars au plus tard, analyse le météorologue Thomas Abinun, qui rappelle qu’en raison du changement climatique (qui a déjà provoqué une hausse des températures moyennes de 1,3 °C en Nouvelle-Calédonie), ces phénomènes caniculaires sont voués à se répéter. On se trouve désormais dans un contexte qui favorise la multiplication, mais aussi l’intensification et l’allongement de la durée de ces pics de chaleur."

À titre de comparaison, il y a cinquante ans, le Caillou subissait ce phénomène une fois tous les deux à trois ans pour une période de 3 jours en moyenne. Actuellement, le pays connaît 2 à 3 vagues de chaleur par an qui durent généralement cinq jours.

Retour progressif du vent et de la pluie

Mais, le phénomène en cours s’annonce bien plus long. La masse d’air tropicale responsable de cet environnement particulièrement chaud devrait influencer le temps jusqu’en milieu de semaine, soit jusqu’à mercredi, voire jeudi. Pour autant, l’arrivée de pluie et le retour progressif du vent devraient atténuer le sentiment d’étouffement. Une vigilance jaune est d’ailleurs en cours pour un risque d’averses fortes ou orageuses ce lundi après-midi et la nuit prochaine, de Houaïlou à Yaté, ainsi qu’au Mont-Dore et à l’île des Pins.

Des températures record dans le lagon

Au large du Grand Nouméa, l’eau était très chaude ce week-end, comme ici à l’îlot M’Ba.

Le temps ensoleillé, chaud et sans vent des derniers jours n’est pas sans conséquence sur le lagon, qui subit lui aussi une canicule marine. Un phénomène d’une ampleur inédite depuis le début de la saison chaude, avec les températures de surface les plus élevées relevées la semaine dernière. À titre d’exemple, ce dimanche 6 avril, l’eau était à 30,2 °C à l’îlot Maître, contre 26,2 °C en temps normal à cette période.

Blanchissement de coraux, surmortalité de poissons, déplacement d’espèces… Les effets de ces canicules marines sont pour le moins alarmants. Ces phénomènes de plus en plus forts et réguliers avec le réchauffement climatique n’épargnent pas la région. C’est pourquoi un vaste programme de recherche de quatre ans, intitulé MaHeWa, vient d’être lancé pour mieux comprendre ces impacts en vue de s’adapter aux défis majeurs que ces vagues de chaleur posent aux écosystèmes marins et aux populations.