Un bilan excédentaire à l’échelle du pays

Alors que le trimestre d’août à octobre a été marqué par une sécheresse parfois très prononcée sur l’ensemble pays, des pluies significatives, attendues par bon nombre de Calédoniens, ont enfin fait leur retour en novembre, notamment grâce à deux épisodes orageux, du 15 au 17, puis du 23 au 27 novembre. Ainsi, sur le Caillou, il est tombé en moyenne 130 mm d’eau, soit un bilan excédentaire de 50 % par rapport à la normale mensuelle. Sauf que ces chiffres cachent une grande disparité dans le pays : si la moitié nord et toute la façade Est de la Grande Terre ont été copieusement arrosées, les pluies ont littéralement épargné une frange sud-ouest, s’étendant de La Foa à Nouméa, ainsi que, dans une moindre mesure, à Maré et Lifou.

Des pluies particulièrement abondantes dans le Nord et l’est

Dans une zone de Bourail aux Bélep, en passant par toute la côte Est et l’extrême Sud de la Grande Terre, les précipitations ont partout été excédentaires et parfois même largement supérieures aux normales.

Ainsi, il est tombé l’équivalent d’un mois et demi de pluie (par rapport aux normales d’un mois de novembre) à Koné, Bourail (100 mm) ou encore Hienghène (200 mm) ; l’équivalent de deux mois de pluie à Voh (100 mm) et Pouébo (200 mm) ainsi que l’équivalent de trois mois à Poindimié et Ponérihouen (avec des taux situés entre 400 et 500 mm). Les deux communes qui sortent le plus du lot sont Poya et Koumac où il a plu l’équivalent de 3,5 mois, soit respectivement 230 mm et 140 mm.

"Grâce aux seules pluies de novembre, le bilan du trimestre écoulé (depuis septembre) permet d’avoir des précipitations porches de la normale sur la moitié nord, la côte est en province des Îles", analyse Olivia Yun climatologue chez Météo France. En d'autres termes, ces territoires ne sont plus en situation de sécheresse. C'est pourquoi les restrictions d'utilisation de l'eau en vigueur depuis septembre ont d'ailleurs été levées dans la zone VKP.

La sécheresse se maintient dans le sud-ouest

Dans la zone de La Foa jusqu’à la presqu’île de Nouméa, les pluies n’ont en revanche pas été au rendez-vous. "Avec des taux ne dépassant pas les 30 mm enregistrés dans l’ensemble des stations, cette région reste dans des conditions qu’on qualifie encore de très sèches", poursuit Olivia Yu. À titre d’exemple, Nouméa n’a reçu que 17 mm, soit un déficit de 60 % et la commune de Boulouparis est la plus sèche du pays, avec seulement 6 mm relevés à La Ouenghi (soit -90 % par rapport à la normale).

L’autre exception concerne, dans une moindre mesure, le sud de Lifou et Maré, avec 30 mm recensés à Mou (-60 %) et 50 mm à Tadine (-30 %).

L'arrivée de La Nina pourrait ne pas se produire

Alors que les modèles météorologiques optaient en grande majorité pour une survenue du phénomène La Niña peu intense dans la région, (synonyme de conditions plus humides et plus chaudes que la normale), dans le courant du dernier trimestre 2024 avec des effets plus significatifs dès novembre ou décembre, ce scénario est de moins en mois sûr. Autrement dit, la probabilité que la Nouvelle-Calédonie connaisse un épisode neutre est de plus en plus forte (de l’ordre de 50 %). "Il y a un frein pour le signal La Niña en novembre, ce sera donc soit ce scénario, soit celui d’un épisode neutre, nuance Olivia Yu. En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, on constate des eaux plus chaudes au voisinage de la côte et, par conséquent, on devrait avoir des conditions plus humides que la normale, mais sans savoir de quelle ampleur, ainsi que des températures plus élevées, mais qui sont davantage liées au réchauffement climatique."