La scène a de quoi surprendre. Elle n’étonne pourtant plus personne, dans la petite salle de force athlétique Maxi Perf de la Vallée-des-Colons. C’est ici que Cathy Phatien a ses habitudes et qu’elle soulève, ce matin encore, une barre qui semble bien trop lourde pour elle. Presque trois fois son poids. 120 kg qui s’élèvent du tapis, portés par une femme de 27 ans qui dépasse à peine 46 kg, pour 1,57 m. L’action ne lui décroche pourtant qu’un froncement de sourcils. Elle lui procure surtout "une énorme sensation" et "un gain de confiance énorme, à chaque fois que je réussis à soulever ce genre de charges".

Jours de pleurs, jours de joie

Il faut dire que son gabarit pourrait en faire douter plus d’un sur sa capacité à briller dans la discipline. Elle la première. Mais, lorsque Cathy Phatien débarque à Maxi Perf en 2021, c’est d’abord "l’envie de réussir et de se dépasser" qu’observe Maxime Bataillard. Le gérant de la salle la prend rapidement sous son aile et décide de devenir son coach. Les deux sportifs nouent très vite une "relation de confiance" indispensable. Ils traversent ensemble "des jours de pleurs et des jours de joie" qui les rapprochent. "Maxime est le seul à me connaître par cœur. C’est son rôle d’être objectif et de voir la réalité quand il gère mes barres, de savoir ce que je peux soulever et à quel moment."

Alors, quand le Covid le cloue au lit de sa chambre d’hôtel en plein milieu des championnats de France de force athlétique, fin septembre à Montpellier, c’est la panique pour Cathy. "C’était la compétition la plus stressante à laquelle j’ai participé." Elle parvient à prendre sur elle et à "lâcher prise". Maxime garde le lien et mène à distance la préparation des barres. Résultats : 120 kg en squats, 65 kg au développé coucher, 132 kg en soulevé de terre et une médaille d’or décrochée dans la catégorie des moins de 47 kg. "Le graal", jubile Maxime Bataillard.

La récompense d’un travail acharné et d’une progression spectaculaire de Cathy. Un an auparavant, elle quittait la même compétition à la dernière place. "J’avais une revanche à prendre. Ma détermination était bien plus forte et j’ai placé beaucoup d’énergie dans mon entraînement, en venant quatre à cinq fois par semaine pour des sessions de deux-trois heures."

Un combat "de moi contre moi"

Cette implication, "c’est la seule chose qui permette de se démarquer dans ce sport". La force de continuer, Cathy la puise aussi dans "notre groupe très soudé". La petite communauté des adeptes de force athlétique la pousse à se dépasser et à revenir, malgré les blessures et les baisses de motivation.

Reste qu’en compétition, face à ses barres, c’est un combat solitaire qui commence pour Cathy, celui "de moi contre moi". Alors, il faut se plier à quelques exigences et en revenir aux fondamentaux. "Il y a deux choses indispensables pour garder l’envie de continuer : la discipline et la passion." En faisant de la force athlétique son obsession, Cathy Phatien n’a eu aucun mal à réunir les deux. "Ce sport a changé ma vie", admet-elle. D’un point de vue personnel et bientôt professionnel.

La jeune athlète espère en effet fermer sa patente en communication digitale au profit d’un poste d’entraîneuse aux côtés de Maxime Bataillard. Elle a décroché son brevet professionnel il y a trois mois. Les deux sportifs travaillent désormais à l’ouverture d’une nouvelle salle Maxi Perf, seul espace commercial consacré à la force athlétique en Nouvelle-Calédonie. Sans pour autant mettre de côté les performances. "On a remporté un titre, maintenant il va falloir le conserver", lâche Maxime.

Cathy tourne aussi son regard vers les championnats d’Europe de force athlétique, en 2024. Seule une convocation de la fédération française lui permettra d’y participer. Il faudra certainement réussir à soulever encore plus lourd. Est-ce seulement possible ? "On peut toujours plus, c’est pour ça qu’on ne s’en lasse jamais."