- Anthony Fillet anthony.fillet@lnc.nc | Crée le 14.03.2023 à 15h20 | Mis à jour le 15.03.2023 à 08h35ImprimerMattéo Perraud, ici fin janvier à Boulari lors d'une compétition au cours de laquelle il a réussi son record personnel, améliorant son ancienne marque de référence d'un kilo dans chacun des deux mouvements. Photo Anthony FilletÀ 19 ans et après seulement un an de pratique, il est l'un des grands espoirs de la Calédonie dans une discipline qui retrouve de la vigueur sur le territoire.
La qualité d'un haltérophile ne se mesure pas seulement à la puissance de son corps, elle se juge également à la force de son mental. Sur ce point, Mattéo Perraud est solide. "Du peu que je vois" de lui, "en compétition" et lors des quelques "entraînements de la sélection", "c'est vraiment quelqu'un de rigoureux, sérieux, concentré sur ce qu'il fait", un jeune "qui est droit dans sa façon de faire et qui a la tête sur les épaules, et qui sait où il va. Au niveau du comportement, je pense que c'est un bel athlète en devenir", observe l'entraîneur de la sélection calédonienne, Marcus Meozzi. "Il y a une très belle progression." Avec son entraîneur en club (à l'Olympique), Robert Grimaldi, "ils ont fait du bon travail", c'est "très encourageant pour la suite" : "s'il continue comme ça, il a de belles années devant lui en haltérophilie".
"Quelqu'un d'intéressant"
Le mental ? "Effectivement, c'est un peu sa force, c'est un bagarreur au bon sens du terme, c'est-à-dire que quand il a un projet il s'y tient", explique Robert Grimaldi.
"Comme il n'est pas sot, il est relativement cohérent, même s'il est très jeune encore, donc des fois ça part un peu en vrille dans le sens où il a envie de rigoler. Moi, je n'ai pas envie de rigoler quand je l'entraîne ! C'est quelqu'un d'intéressant en ce sens que c'est un garçon à potentiel. Il débute vraiment sa carrière. Va-t-il continuer ? Je ne sais pas. Car en Calédonie, généralement c'est un an, deux ans de carrière, et puis les gamins, ou même quand ce ne sont pas des gamins, ils passent à autre chose."
"On travaille sérieusement"
"Venant du CrossFit", où son potentiel a été repéré, "il manquait de jambes" et devait aussi renforcer "son dos". "Il fallait lui donner un physique, donc on s'est attaché à ça, tout en développant sa technique. Sa première compétition, c'était en mars 2022, il fait 196 kilos au total. En décembre, il fait 238, donc 42 kilos gagnés en dix mois, ce qui montre qu'on travaille sérieusement et on peut espérer que ça va durer comme ça jusqu'à au moins fin 2023", poursuit le coach à l'Olympique, présent chaque soir de la semaine dans une salle de l'Anse-Vata pour veiller sur l'entraînement de Mattéo.
Pour former "un bon haltérophile, c'est trois, quatre ans. Lui, il a la chance d'avoir un talent largement au-dessus de la moyenne", continue Robert Grimaldi.
"Rien à envier aux Métropolitains"
Pour sa première participation aux championnats de France, en mai prochain dans la banlieue lyonnaise, chez les juniors et dans la catégorie des 73 kg, "ce que j'attends de lui c'est un podium", dit Robert Grimaldi. "Comment va-t-il s'adapter ? Il y a le voyage, le contexte, la concurrence sur place", autant d'éléments incitant à la prudence, même si le talent est là. "S'il est champion de France, ce qui est possible, je le pense sincèrement, ce sera fort bien mais ce ne sera pas complètement une surprise parce qu'il n'a rien à envier aux Métropolitains", reprend l'entraîneur, qui envisage de grandes choses pour Mattéo. "C'est un garçon très, très intelligent. Il peut revendiquer quelques ambitions quant à son futur statut social."
La prochaine compétition (le championnat de Ligue) est prévue le samedi 25 mars, à Boulari.
Une année à l'emploi du temps bien rempli
Robert Grimaldi (avec la casquette), ici en pleine discussion, entraîne au sein de la section haltérophilie de l'Olympique.Mattéo doit jongler entre l'haltérophilie (entraînement de deux heures à deux heures et demie chaque soir, plus parfois entraînement de la sélection ou compétition le samedi) et ses études (il est en deuxième année d'école de gestion et de commerce, en alternance). Cela laisse peu de temps pour le reste. Ainsi, les sorties le soir et les écarts sont désormais moins fréquents. Une rigueur indispensable afin de tenir le rythme, d'autant plus que le futur proche s'annonce chargé. "Il a une belle année qui l'attend, entre les championnats de France, les Oceania, les Jeux du Pacifique, plus peut-être un stage en Australie", résume Robert Grimaldi. Jusque-là, Mattéo n'est assuré d'aller qu'aux championnats de France fin mai. Pour les Oceania, à Cook en août, cela dépendra du budget de la Ligue. Et pour les Jeux aux Salomon en novembre et décembre, il lui faut atteindre des minima (conçus pour les seniors) fixés à 245 kilos. Pour le moment, il a comme meilleur total 238 kilos (105 kilos à l'arraché et 133 kilos à l'épaulé-jeté), réussi fin janvier à Boulari. "Il a jusqu'en septembre pour faire les minima [...] Cela me paraît jouable", pense Robert. Si ce n'est pas fait, Mattéo pourra peut-être, espère l'entraîneur, aller aux Jeux si le CTOS l'y invite, "en vue de l'aguerrir" pour "préparer les Jeux du Pacifique 2027".
REPÈRES
Parcours diversifié
"J'ai fait longtemps du golf", et "du judo, du tennis, un peu de boxe", rembobine Mattéo. "J'ai toujours été un peu sportif, j'ai touché un peu à tout, mais là, ça y est, je suis tombé sur ce qui me correspond le mieux", l'haltérophilie. "Je pense que je vais encore en faire quelques années", même si "un jour il faudra arrêter" : il y a "la peur de la blessure", car "c'est un sport qui tape quand même fort sur tout ce qui est articulations, tendons, muscles". Ensuite, "pourquoi pas entraîner, ou gérer une salle".
Autre piste
S'il devait changer de discipline, Mattéo irait à "la lutte". "Je ne sais pas pourquoi", mais "j'aime bien ce sport, c'est sympa".
Pas de course
Le footing fait-il partie du programme d'entraînement de Mattéo ? "Ah non, surtout pas !" La course à pied, c'est le "grand ennemi de l'haltérophilie", rigole le prometteur lifteur.
De la technique
"On dit souvent que c'est un sport de bourrin, mais en fait il y a beaucoup de technique", explique Mattéo au sujet de l'haltérophilie, découverte via un collègue.
Moins de stress
"Je n'ai plus beaucoup de stress" en compétition. "Avant, je tremblais en arrivant sur le plateau. La compétition c'est particulier, il m'en a bien fallu trois ou quatre pour me détendre", confiait, en janvier, le licencié à l'Olympique, entre deux bouchées d'un sandwich.
De l'envergure
En comparaison avec il y a un an, quand Mattéo a commencé l'haltérophilie, "mes cuisses ont changé", remarque l'athlète. "Je ne rentre plus dans aucun de mes pantalons d'il y a six mois, ça c'est un peu embêtant. Et j'ai pris en largeur aussi, forcément, tout ce qui est trapèzes : on dirait un petit plus un petit pitbull ! Avant, j'étais beaucoup plus sec, je faisais 63 kg pour 1,69 m. Maintenant, je fais 73 kg."
Note
Savoir +
Fin février, Mattéo Perraud (20 ans en novembre prochain) est devenu vice-président de la Ligue d'haltérophilie, fraîchement créée et présidée par Kevin Lee Kui Thin.
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