- Mike LEYRAL / AFP | Crée le 09.04.2024 à 08h19 | Mis à jour le 09.04.2024 à 09h19ImprimerTout au long du week-end de Pâques, les forces de sécurité ont multiplié les contrôles routiers en Polynésie. Photo haut-commissariat de Polynésie françaiseDéjà dix morts en trois mois : 2024 a débuté sur les mêmes bases que les années précédentes… Les routes polynésiennes sont proportionnellement trois fois plus meurtrières que celles de l’Hexagone, la faute à un cocktail impliquant alcool, drogue et deux-roues.
En Polynésie, les accidents de la route sont devenus un fléau. Les autorités y ont recensé 35 morts en 2022 et 34 l’an dernier. Ces chiffres peuvent paraître dérisoires comparés à ceux relevés sur l’ensemble du territoire français : 3 550 morts en 2022, 3 402 en 2023 selon la Sécurité routière. Mais comparés à la population (280 000 habitants), ils inquiètent.
L’an dernier, 73 % des accidents mortels survenus dans les îles polynésiennes impliquaient motos, scooters et vélos (électriques ou pas). Les deux-roues sont très prisés sous le soleil du fenua, à la faveur d’une réglementation moins stricte que dans l’Hexagone.
Et les trois quarts étaient liés à une consommation d’alcool et/ou de stupéfiants (+157 % en 2023). "On a déjà contrôlé jusqu’à trente conducteurs alcoolisés en quelques heures le week-end", illustre Emmanuel Mericam, le directeur territorial de la police nationale sur les communes de Papeete et Pirae.
Dans le collimateur des forces de l’ordre, le "pakalolo", le cannabis local, est tellement consommé que beaucoup de Polynésiens ignorent qu’il est illégal. "Le cannabis est présent régulièrement mais on a aussi eu des accidents mortels sous méthamphétamines", précise le capitaine Daniel Christmann, l’officier chargé de la sécurité routière pour la gendarmerie.
Cette dernière drogue très addictive, connue localement sous le nom de "ice", est importée du Mexique ou de Californie. Elle est souvent couplée à l’alcool ou au pakalolo. Sur 5 900 dépistages de stupéfiants réalisés en bord de routes en 2023, 622 se sont révélés positifs.
Imprudences
D’autres facteurs viennent encore aggraver les mauvaises statistiques routières polynésiennes. L’an dernier, un total de 2 112 conducteurs ont été contrôlés sans permis en 2023. "Depuis le début de l’année, on a contrôlé 416 personnes sans permis rien qu’en zone police", note Emmanuel Mericam. "On en a tous les jours et, la plupart du temps, ils ne l’ont même jamais passé…"
En outre, beaucoup de véhicules subissent des améliorations illégales, dans une collectivité où aucun contrôle technique n’est obligatoire. "On a même contrôlé un vélo électrique avec sept batteries", constate le capitaine Christmann. Et les vrombissements des "runs nocturnes", des courses de motos ou de scooters améliorés, inondent les alentours de Papeete tous les week-ends.
La zone urbaine concentre par ailleurs un trafic intense, une grande partie de la population convergeant vers Papeete pour aller travailler. Le réseau étant incapable d’absorber cette circulation, les bouchons sont quotidiens, tout comme les accidents.
Une vitesse excessive contribue à la moitié d’entre eux. Il s’agit le plus souvent d’un dépassement des 50km/h autorisés en ville, la Polynésie ne disposant pas d’autoroute et de très peu de voies rapides.
Alors qu’il roulait à moto, Maxence Vanbeghin a percuté une voiture qui n’a pas respecté la priorité il y a cinq ans. Victime de nombreuses fractures, il marche toujours difficilement et témoigne depuis dans les campagnes de prévention routière.
Il insiste sur l’inégalité de chances de survie selon le lieu de l’accident : "si j’avais été plus loin qu’à cinq minutes de l’hôpital, ou dans les îles, je n’aurais pas survécu, parce que j’ai perdu beaucoup de sang".
En dépit d’un système d’évacuations sanitaires performant, les chances de survie sont plus faibles dans les îles éloignées de Tahiti, pour la plupart sans hôpital, et réparties sur une surface aussi grande que l’Europe.
Pour tenter d’enrayer le fléau des accidents de la route, la Direction polynésienne des transports terrestres a dépensé en 2023 83 000 euros (près de 10 millions de francs) en campagnes de prévention. Et chaque année, 7 500 élèves sont sensibilisés aux risques routiers.
A lire les statistiques des tués sur la route, leur message de prudence n’est pas encore passé.
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