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  • Charlie Réné / Radio 1 Tahiti | Crée le 18.10.2024 à 11h15 | Mis à jour le 18.10.2024 à 11h15
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    Le président de la Polynésie, Moetai Brotherson. Photo Radio 1 Tahiti
    Frustré, comme le reste du Tavini, par le refus répété de la France d’ouvrir des discussions sur l’autodétermination sous l’égide de l’ONU, le président du Pays a réabordé le sujet à Paris. Notamment auprès du nouveau ministre des Affaires Étrangères, qui n’aurait pas encore fixé sa ligne sur le sujet. L’objectif, pour Moetai Brotherson : obtenir une toute première réunion lors du prochain Comité des 24 qui se réunira en juin. Comme Tony Géros, il prévient que la " base " indépendantiste pourrait sinon choisir de s’extraire du processus onusien. " Je ne le souhaite pas parce que je sais à quoi ça nous expose ", prévient-il. Le point avec notre partenaire Radio 1 Tahiti.

    Une réponse " pas à la hauteur des enjeux ". Une " myopie diplomatique " qui le " sidère ". Moetai Brotherson n’avait pas cherché à cacher sa frustration face à la déclaration du représentant permanent de la France à l’ONU, lors de la réunion de sa quatrième commission. L’ambassadeur Nicolas de Rivière avait brièvement expliqué que sa présence en séance pendant l’étude du dossier polynésien ne changeait rien à la " ligne " de l’État : " Il n’existe pas de processus entre l’État et le territoire polynésien qui réserve un rôle aux Nations-Unis ".

    Depuis lors, une question demeure, pour les élus Tavini : cette réponse reflétait-elle la position du gouvernement de Michel Barnier, alors tout juste nommé à Paris, ou est-elle simplement la répétition du discours de l’an dernier ? Oscar Temaru, qui n’était pas du voyage new-yorkais et qui a déjà eu l’occasion de croiser le nouveau Premier ministre par le passé, veut croire que sa " ligne " – qui est d’ailleurs, surtout, celle de l’Élysée – sera différente de celle de son prédécesseur. Tony Géros, qui a tiré un bilan agacé de ce passage à l’ONU, ne semble pas partager cet optimisme. Moetai Brotherson, lui, a eu l’occasion de poser la question à Paris.

    Une réunion lors du C24 ?

    " J’en ai parlé aussi bien au niveau du Premier ministre qu’au niveau du ministère des Outre-mer et surtout au niveau du nouveau ministre d’Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot, nommé fin septembre, ndrl), explique le président dans un entretien à Radio1. Ce qui m’a été indiqué, c’est que du fait de la nomination tardive du gouvernement Barnier, il n’avait pas eu le temps de se saisir de ce dossier. C’est pour ça qu’on est resté sur la ligne, finalement, antérieure, qui a été exprimée par le représentant permanent de la France aux Nations Unies ". Ce qui veut dire que Paris pourrait faire évoluer sa position ? Après la fin de la politique de la chaise vide en 2023, la seule " évolution " à se mettre sous la dent cette année pour les indépendantistes résidait dans le fait que l’ambassadeur de France est resté devant la quatrième commission pendant toute l’étude du dossier polynésien et pas seulement pendant la déclaration du président du Pays.

    Bien maigre face à la demande, réexprimé tant par Moetai Brotherson que par les 17 élus Tavini présents : l’ouverture de discussions, sous l’égide de l’ONU, sur l’accès à la pleine souveraineté. " Cette discussion n’a pas pu avoir lieu cette fois-ci parce que justement, la question n’a pas eu le temps, finalement, d’être retraitée par le nouveau gouvernement qui venait juste d’arriver, insiste le président du Pays. Donc, j’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères à qui j’ai expliqué mon point de vue sur cette situation. Et en gros, la proposition qui est à l’étude c’est de travailler ensemble sur, éventuellement, la mise en place d’une telle réunion lors du comité des 24 qui se tient en juin ". Avant la prochaine quatrième commission d’octobre 2025, donc.

    " On sait ce qui se passe quand on est acculé "

    Cette réunion est aujourd’hui un " objectif " pour le gouvernement polynésien plus qu’un engagement de celui de Paris. Pour appuyer sa demande, Moetai Brotherson a dressé, auprès de ses interlocuteurs, comme à la quatrième commission et lors des rencontres avec les représentants nationaux après la séance, un parallèle avec la difficile situation calédonienne. " Nous ne devrions jamais sous-estimer la détermination de ceux qui aspirent à la souveraineté lorsqu’ils sont confrontés à un cul-de-sac politique " avait-il déclaré à l’ONU tout en appelant à trouver des " solutions pacifiques " dans toute la région.

    Un avertissement ? " Si on reprend le dossier calédonien, ça fait trois ans qu’on a averti l’État de ce qui allait se passer. On n’a pas été entendus et les choses se sont passées telles qu’elles se passent encore aujourd’hui, répond l’intéressé. Donc ce n’est pas un avertissement, c’est une prédiction. C’est assez simple à comprendre : il y a une partie non négligeable de la population polynésienne qui aspire à sa souveraineté. Ce qu’on demande à l’État, et ce qu’on demande aux Nations Unies, ce n’est pas de décréter notre indépendance, mais c’est de mettre en place le processus d’autodétermination, pour que les Polynésiens choisissent quelle voie ils veulent adopter. Refuser indéfiniment la mise en place de ce processus, c’est mettre toute une partie du peuple polynésien dans une impasse. Et on sait ce qui se passe quand on est acculé ".

    Un discours qui fait écho à celui de Tony Géros. Mardi, le président de l’assemblée et vice-président du Tavini avait ainsi expliqué qu’en l’absence d’avancée du processus onusien, " la base pourrait nous dire, ça suffit comme ça, on arrête de discuter ", et voter pour une ligne " beaucoup plus ferme " au sein du Tavini. " La base indépendantiste va se dire : ça ne sert à rien de rester dans le cadre onusien, puisque la France ne veut pas participer à ce processus qu’elle a contribué pourtant à mettre en place, confirme Moetai Brotherson. À un moment donné, si l’État refuse d’offrir des perspectives de discussion […] l’option qui reste, c’est de s’extraire de ce processus onusien. Et moi, je ne le souhaite pas parce que je sais à quoi ça nous expose ".

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