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  • AFP | Crée le 05.06.2024 à 16h10 | Mis à jour le 05.06.2024 à 16h18
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    Le président du Tavini, Oscar Témaru (à droite), s’est invité à la conférence de presse de présentation du nouveau gouvernement Moetai Brotherson II, lundi à Tahiti. Photo Radio 1 Tahiti
    Le chef du parti indépendantiste tahitien, Oscar Temaru, a affirmé lundi soir que la Polynésie française pouvait obtenir sa souveraineté "sans passer par un référendum" et justifié un récent déplacement d’élus de son parti en Azerbaïdjan. Quant au président du gouvernement Moetai Brotherson, également membre du Tavini, il s’est également exprimé en faveur de l’indépendance, mais "dans les 15 prochaines années" et par référendum.

    "Plus tôt on l’aura, mieux ça sera : moi je pense qu’il faut y aller, il n’y a pas de crainte à avoir", a déclaré M. Temaru au sujet de l’indépendance lors d’une conférence de presse lundi soir (mardi en Calédonie) aux côtés du président polynésien Moetai Brotherson.

    M. Temaru, 79 ans, s’est appuyé sur l’exemple des Nouvelles-Hébrides, devenues le Vanuatu, un Etat indépendant. "Ce sont les pays de la région, avec les Nations Unies, qui ont décidé que le 30 juillet 1980, Messieurs les Anglais, Messieurs les Anglais : baissez votre drapeau et on hisse le drapeau Vanuatu" a-t-il déclaré.

    "Actuellement, un métropolitain qui débarque ici, il peut voter six mois après : vous croyez que s’il y a un référendum, on peut accepter ça ? Ce n’est pas possible", s’est encore indigné Oscar Temaru, fondateur en 1977 du parti indépendantiste Tavini Huiraatira, qu’il préside toujours.

    Oscar Temaru a aussi défendu les membres de son parti qui se sont déplacés en Azerbaïdjan la semaine dernière, minimisant les atteintes aux droits de l’homme commises dans ce pays du Caucase tenu d’une main de fer par la famille Aliev depuis son indépendance en 1991.

    "Les médias occidentaux fabriquent ce qu’ils veulent quand il s’agit d’un pays avec lequel ils ne sont pas très en phase", a-t-il assuré.

    L’Azerbaïdjan a accueilli des élus polynésiens pour une conférence sur le "droit à la décolonisation", au risque d’alimenter les tensions alors que Paris accuse Bakou d'"ingérence" et de "manœuvres informationnelles" sur la Nouvelle-Calédonie et plus généralement sur les outre-mer.

    Tensions au Tavini

    Moetai Brotherson a lui admis des dérives autoritaires du régime azerbaïdjanais, mais justifié le déplacement par l’attitude de la France. "Je pense que l’Etat devrait déjà être autour de la table des discussions (pour l’indépendance) depuis très longtemps", a déclaré le président polynésien, rappelant que la France a des "accords commerciaux avec l’Azerbaïdjan" et avec "un ensemble de pays qui ne sont pas non plus très recommandables".


    Éliane Tevahitua au côté de Moetai Brotherson. La vice-présidente du gouvernement polynésien a quitté ses fonctions, lundi. Photo Radio 1 Tahiti

    "Ce n’est pas parce que vous achetez une voiture japonaise que vous êtes pour la chasse à la baleine et ce n’est pas parce que vous achetez une voiture chinoise que vous êtes pour l’occupation du Tibet ou l’exploitation des Ouïghours", a-t-il asséné, rappelant que la délégation indépendantiste "s’était exprimée au nom du parti et non de la Polynésie".

    Moetai Brotherson, arrivé au pouvoir en mai 2023 et membre lui aussi du Tavini, a exprimé des divergences avec M. Temaru, disant vouloir l’indépendance "dans les 15 prochaines années", par référendum.

    Les indépendantistes modérés, menés par Moetai Brotherson, et le courant radical incarné par Oscar Temaru et le président de l’Assemblée locale Antony Géros, connaissent des tensions au sein de la majorité depuis son accession au pouvoir.

    Après un an au pouvoir, Moetai Brotherson a présenté lundi un remaniement qui se résume à l’éviction de son ancienne vice-présidente, Eliane Tevahitua, et à une redistribution de portefeuilles ministériels.

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