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  • Radio 1 | Crée le 09.04.2025 à 10h05 | Mis à jour le 09.04.2025 à 10h05
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    Pour Moteai Brotherson, président de la Polynésie française, l’indépendance n’est pas "un remède à tous les maux". Photo Radio 1
    Le congrès du Tavini, le parti indépendantiste polynésien, qui s’est tenu le week-end dernier dans la commune de Faa’a, à Tahiti, a mis en lumière des divergences entre Oscar Temaru, son fondateur et leader, et Moetai Brotherson concernant les "fondamentaux" du combat indépendantiste. Le président du Pays a réaffirmé sa ligne : la pleine souveraineté ne doit pas advenir à n’importe quel prix. Le point avec notre partenaire Radio 1.

    En Polynésie française, le Tavini, parti indépendantiste, se projette déjà sur les municipales de 2026. Le sujet a occupé une partie des discussions les 5 et 6 avril lors du congrès du groupe politique qui s’est déroulé à Faa’a. Oscar Temaru et Tony Géros, les deux leaders du mouvement, en ont profité pour rappeler les "fondamentaux". Les deux hommes ont retracé les cinq décennies de combat et appelé à mettre la trajectoire vers la souveraineté au cœur de toutes les actions et réflexions des élus, car elle constitue la "raison d’être" du Tavini. Mais à la tribune, la voix de Moetai Brotherson s'est différenciée de celle des cadres du parti dans la vision de ce processus.

    "L’indépendance économique totale, c’est un leurre"

    Oscar Temaru a maintes fois mentionné les ressources minières des fonds marins comme argument pour assurer la viabilité du projet indépendantiste. Tony Géros a confirmé, indiquant qu’une fois que leur exploitation sera viable et pourra être faite "dans les règles de l’environnement", elle devra être lancée. À l’inverse, Moetai Brotherson a estimé que cela serait un "non-sens économique et écologique". "Je reste convaincu qu’on n’a pas besoin de ces minerais subocéaniques pour arriver à notre indépendance. L’indépendance économique totale, c’est un leurre. Il y a des interdépendances."

    Sans ce "joker" économique comme les nodules océaniques, il faut "construire" la viabilité d’un Maohi Nui indépendant. Mais faut-il s’émanciper avant d’être totalement prêt ? C’est là l’autre clivage important entre la ligne Temaru - Géros et la ligne Brotherson. Les premiers pensent que le rattachement à la France est un frein plus qu’un atout dans un monde où il y a intérêt à mettre en compétition les partenaires. D’où la nécessité d’accéder rapidement à la pleine souveraineté.

    Préparer la société à être souveraine

    De son côté, Moetai Brotherson a évoqué toutes les "responsabilités qu’il faudra endosser" dans l’après indépendance et assure que l’exécutif prépare le Pays à les assumer et à créer une société "plus juste, plus équitable plus durable", et donc prête à être souveraine. "Si le but collectif ici, c’est juste d’atteindre l’indépendance, ça ne m’intéresse pas", a-t-il lancé dans son discours. Le président s’est même adressé à "ceux qui pensent, qui rêvent que l’indépendance, c’est le remède à tous les maux". Lui ne le pense pas, et "c’est encore plus motivant comme ça".

    Les deux lignes se retrouvent cependant sur un point : la réalisation de l’avant-projet de constitution, chargé notamment de définir les institutions qui seront mises en place après l’indépendance, un document nécessaire pour revendiquer le lancement d’un dialogue de décolonisation par l’État. "Cela permet de nous assurer que nos institutions politiques ne vont pas dévier", a ainsi expliqué Moetai Brotherson à la tribune.

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