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  • AFP | Crée le 06.08.2024 à 08h33 | Mis à jour le 06.08.2024 à 16h22
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    La médaille d'or en poche, Kauli Vaast peut désormais fêter sa victoire avec son staff. Photo Fédération française de surf
    La plus belle page de l'histoire surf français. Le Tahitien Kauli Vaast a obtenu lundi (mardi en Calédonie) à Teahupo'o le premier titre olympique tricolore et la première médaille d'or du sport tahitien, en battant avec panache en finale l'Australien Jack Robinson.

    Habitant tout près du spot et porté par la ferveur de toute la Polynésie, Kauli Vaast, 22 ans, a pris les deux plus belles vagues d'une finale très relevée pour s'imposer quelques dizaines de minutes seulement après le bronze remporté par la Réunionnaise Johanne Defay.

    Prodige tahitien du surf, Kauli Vaast a pris l'ascendant sur la série dès sa première vague, notée 9.50, pour finalement obtenir un total de 17.67, contre les 7.83 de Jack Robinson, résigné lors des derniers instants faute de trouver des vagues.

    "J'ai mis un beau score sur ma première vague et ensuite c'étaient les 15 minutes les plus longues de ma vie. Mais il n'y a eu plus de vague pendant 15 minutes... le mana était avec moi", a dit le champion tahitien, en référence à la force surnaturelle de la culture polynésienne.

    Dès que la cloche de fin de série a sonné, le héros de Teahupo'o a filé dans les bras de l'entraîneur de l'équipe de France Jérémy Florès, seul Français à s'être jamais imposé lors d'une étape du tour pro à Tahiti en 2015.

    Florès, l'un des grands architectes de cette victoire et du bronze obtenu par la Française Johanne Defay quelques dizaines de minutes plus tôt, était fier de ses troupes. "On a essayé de faire le maximum pour qu'ils se sentent bien (...) sans trop se mettre de pression, et c'est là où ils ont réussi à vraiment gérer", a estimé l'ancien champion réunionnais, qui a longtemps habité avec ses parents et sa soeur du côté de Naïa, à Païta.

    Objectif Championship Tour

    Pensionnaire depuis plusieurs années de la 2e divison du surf mondial, les Challenger Series, Kauli Vaast a souvent été capable de battre les meilleurs surfeurs du circuit élite sur ce spot, comme en 2022 quand il a atteint la finale du Tahiti Pro sur invitation. "Mon but désormais, c'est de me qualifier sur le Championship Tour (le circuit élite du surf, ndlr) et c'est ce que je vais continuer à faire mais c'est un boost énorme pour la confiance", a dit Vaast peu après sa victoire.

    "Il a ses objectifs. Il veut se qualifier dans l'élite mondial, il veut gagner une étape ici à Teahupo'o sur le CT", a précisé son entraîneur. "La médaille d'or c'est fait, il va profiter de ce moment et ensuite il va repartir au travail", a-t-il ajouté.

    Maman Calédonienne

    Kauli Vaast a grandi à Mahina, dans le nord de Tahiti, avant de s'installer avec ses deux parents véliplanchistes (Gaël Vaast, originaire du nord de la France, et Nathalie Thupalua, originaire de Nouvelle-Calédonie) face à la vague de la presqu'île, rendue célèbre dans le monde entier au début des années 2000.

    Sa victoire a suscité rapidement des démonstrations de joie un peu partout à Tahiti. Sa mère, en revanche, n'a pas voulu voir son fils surfer : "Quand il fait les compétitions à Tahiti je fais le jardin", a déclaré Natou Vaast, se fiant aux cris des voisins pour connaître les résultats.

    Kauli Vaast avait éliminé son ami et coéquipier Joan Duru en quart de finale, puis le Péruvien Alonso Correa en demie. Il succède comme champion olympique de surf au Brésilien Italo Ferreira, titré en 2021 à Tokyo pour la première apparition du sport aux Jeux.


    Peu avant midi ce mardi 6 août 2024, Kauli Vaast est devenu le premier Français et premier Polynésien champion olympique de surf. Grandiose. Photo Ed Sloane / AFP

    Jérémy Florès, la fierté du " grand frère " de Kauli Vaast


    Le coach de l'équipe de France Jérémy Florès peut être fier de ses protégés. Avec la médaille d'or de Kauli et celle de bronze de Johanne Defay, le contrat est plus que rempli côté tricolore.

    C’est une relation qui dépasse le cadre de l’entraîneur et de son protégé. Coach de l’équipe de France, Jérémy Florès est avant tout le " grand frère " spirituel de Kauli Vaast. " C’est une relation super spéciale ", présente-t-il, l’oeil ému, quelques minutes après avoir célébré le titre olympique, accroché au jet-ski du champion, en compagnie d’Aelan et Naiki, soeur et frère de Kauli.

    Aîné de cette fratrie de trois, le Tahitien avait, plus jeune, besoin d’un modèle. Il l’a trouvé en la personne du plus Polynésien des Réunionnais, dont le fenua est la seconde maison depuis plusieurs années, après avoir longtemps résidé avec ses parents en Nouvelle-Calédonie, du côté de Naïa, à Païta. " Il est dans mes pattes depuis qu’il est gamin, ça a toujours été le petit frère ", sourit l’intéressé, coach heureux d’une équipe de France doublement médaillée. Au point d’entendre les parents de l’enfant de Vairao " me demander souvent qu’il puisse venir avec moi pendant les voyages ", à observer son surf autour du globe.

    " Il nous a régalés ! Le voir gagner, c’est magnifique, d’autant qu’il y a cet historique derrière. Je suis vraiment fier de lui, après avoir vécu ces moments toute ma vie, c’est incroyable de le voir retransmettre ça ", poursuit l’ancien pensionnaire du CT, de 14 ans l’aîné de Kauli.

    " Cet endroit l’a choisi "

    Dans l’eau, à encourager ses ouailles durant toute la compétition, Jérémy Florès évoque " un régal ". " C’est magnifique ce qu’il a fait, il a vraiment passé un cap ", lors de cette semaine olympique. Le tout, en restant lui-même : une routine inchangée " pêche, jeux, rigolades ", et ce " malgré une énorme pression. Il a réussi à faire la part des choses ".

    Ces longues journées à attendre la reprise de la compétition, c’était aussi l’occasion d’échanger. " Nous avons beaucoup parlé avec Kauli, je lui disais ‘si Teahupo’o te choisit, ça sera comme ça' ", poursuit Florès au moment d’évoquer le mana, qui a semblé irradier le Tahitien dans les premiers tubes de sa manche finale. " Il se donne toutes les chances pour gagner, c’est un bosseur, mais il y a aussi un facteur chance, il faut parfois être l’élu. Et pour le coup, cet endroit magnifique l’a choisi ", glisse celui qui sait ce que c’est de gagner à Teahupo’o.

    " Il y a encore du boulot "

    En grand frère attentif, Jérémy Florès a forcément son avis sur la suite. " Je ne pense pas qu’une médaille d’or olympique change tout, C’est magique, c’est un rêve, mais il a ses objectifs : se qualifier en Championship Tour et gagner ici, en CT à Teahupo’o. Alors il va profiter de ce moment, il le mérite et ensuite il va repartir au travail car il est jeune et qu’il y a encore beaucoup de boulot ", juge le Réunionnais.

    À l’heure ou le nouveau champion olympique fait face à un choix difficile, entre célébrer son titre ou s’envoler pour la Californie, où la prochaine étape des Challengers Series (le circuit qualificatif pour le CT) doit débuter ce mardi, Jérémy Florès donne sa bénédiction : " Il a gagné, il a le droit de zapper et de se faire un kiff ". Preuve, s’il en fallait, que deux frères ne sont pas toujours d’accord, Kauli Vaast a laissé entendre en conférence de presse lundi soir qu’il pourrait bien prendre un vol pour Los Angeles…

    Jérémy Florès, le sait, Kauli Vaast devient lui aussi, petit à petit un modèle pour la jeune génération. " C’est un bon gars, dans tout ce qu’il fait en dehors du surf. Il a une belle attitude, c’est un exemple pour beaucoup de jeunes, pour toute la communauté locale et pour la France. C’est magnifique et historique ", conclut-il.

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