- Charlie Réné / Radio 1 Tahiti | Crée le 01.05.2024 à 14h00 | Mis à jour le 01.05.2024 à 14h00ImprimerEn haut, la nouvelle façade de l’aéroport qui doit être installée d’ici juin. En bas, une vue de la nouvelle salle d’embarquement domestique et des " boîtes " d’embarquements qui doivent permettre de faire avancer tous les passagers d’un ATR en même temps Photo ADTLes " travaux de transition " attendus à Tahiti-Faa’a vont enfin être lancés. D’ici les Jeux olympiques, l’aéroport aura une nouvelle façade métallique décorée par le Centre des métiers d’arts. D’ici fin 2025, les passagers domestiques profiteront d’une salle d’embarquement redesignée et réaménagée, et les compagnies locales de davantage de places pour leurs ATR. Quant aux grands travaux de modernisation de la plateforme, ils devront attendre au moins jusqu’à la fin 2026, et le nouveau concessionnaire. Le point avec notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Record confirmé pour ADT (Aéroport de Tahiti). En octobre 2023, alors que le nouveau directeur général Gwenvaël Rosin-Hardy prenait ses fonctions, ADT annonçait déjà des pics historiques de fréquentation. Les chiffres ont été confirmés ce lundi matin en Polynésie : 1,7 million de passagers pour Tahiti-Faa’a, 2,5 millions en comptant les vols de Bora Bora, Rangiroa et Raiatea, aérodromes gérés par ADT et pour lesquels le Pays vient de mettre en jeu une DSP. " Tous les chiffres sont à la hausse ", que ce soit par rapport à 2022 (+19 % au domestique, +25 % à l’international) ou à 2019 (+20 % et +11 %), que l’on parle de mouvements d’avions ou du fret.
Une bonne santé qui est bien sûr liée au rebond du tourisme international l’année dernière, au dynamisme de l’activité domestique, dopée par la concurrence, et aux prix bas des billets que ce soit en local ou à l’international. Mais cette fréquentation record, si elle est applaudie par ADT, ne fait que souligner les besoins de maintenance et de mise à niveau des plateformes pour accueillir toujours plus de passagers.
Rangiroa, Raiatea… Et maintenant Tahiti-Faa’a
Et justement, ADT, avait beaucoup de projets à détailler ce lundi matin. Après la rénovation de la piste de Rangiroa – la visite inaugurale a eu lieu début mars – c’est celle de Raiatea qui va s’offrir une nouvelle jeunesse et gagner en confort. Les travaux, principalement nocturnes, dureront huit mois avec des interruptions pendant le plus fort de la " haute saison " et lors de la Hawaiki nui va’a. Le but : " améliorer la sécurité " des opérations aériennes, et permettre, notamment grâce à une aire de stationnement d’avion " étendue ", une hausse de l’activité.
Mais c’est bien sûr vers Tahiti-Faa’a que tous les regards sont tournés. La seule porte d’entrée aérienne du fenua suscite régulièrement des critiques de la part de ses usagers et de ses opérateurs, qui attendent depuis des années une modernisation de fond en comble. Un grand chantier aussi espéré par les autorités, mais suspendu à l’épineux dossier de la concession. Attribuée depuis 2010 à Egis et sa filiale partagée avec le Pays ADT, elle est depuis contestée, annulée ou relancée, sans jamais donner au délégataire la perspective nécessaire pour lancer des travaux d’ampleur.
Reste donc les " travaux dit de transition ", eux-mêmes discutés de longues années. En 2020 déjà, l’ancien directeur d’ADT Jean-Michel Ratron évoquait des besoins d’évolution importants sur la piste ou le terminal domestique qui ne pouvait " pas attendre " l’attribution de la nouvelle concession, alors prévue en 2022. Ces " projets structurants " pourtant, ont attendu, ont évolué aussi, mais après des derniers rebondissements sur les questions de financement, l’accord pour leur lancement a été signé la semaine passée entre le gestionnaire, l’État et l’Aviation civile. Chiffrés à 1,8 milliard de francs, ils devraient débuter " ces jours-ci " et durer jusqu’à la fin de l’année 2025.
Travaux esthétiques côté ville, réaménagement d’ampleur côté piste
Premier chantier qui sera lancé : la réhabilitation de la façade de l’aéroport. Une grande frise métallique va être déployée tout le long du terminal, côté ville, pour " rafraîchir l’esthétique " du bâtiment et lui " conférer un aspect accueillant et chaleureux " avant les Jeux olympiques. La fresque réalisée par les élèves du Centre des métiers d’arts, doit signifier la " fusion entre la culture, le sport, la biodiversité ", tout en représentant les différentes étapes du " parcours passager " à Tahiti-Faa’a. La nouvelle façade devrait être prête et inaugurée dès le début du mois de juin.
Ce n’est qu’après les JO, et même en fin d’année, le temps de terminer les études préparatoires, que seront lancées les deux autres opérations, de plus grande ampleur. La création, d’abord, de deux " taxiways " autour de la piste de Tahiti-Faa’a. Il s’agit de permettre aux appareils de la base militaire de rejoindre la piste sans avoir à longer l’aire de stationnement des avions interîles, qui pourra donc être agrandie. 11 ATR, contre 7 aujourd’hui, pourront donc être stationnés en même temps près de la piste et embarquer des passagers dans des conditions de sécurité améliorées.
Illustration Radio 1 TahitiUn chantier important, qui est couplé à un autre : une " rénovation majeure de la salle d’embarquement domestique ". Il s’agit pour ADT " d’optimiser l’espace ", et de l’agrandir légèrement, de mieux organiser les flux et les files d’attente, avec la création de quatre portes, quatre salles de pré-embarquement et un couloir d’accès côté piste. Les travaux comprennent aussi un " nouveau design ", du sol au plafond, et promettent un confort accru, notamment grâce à la climatisation, et feront de la place pour un nouveau commerce, une fontaine à eau et un espace enfants. Des améliorations de services, côté aérogare publique, devraient être menées en parallèle, notamment du côté des sanitaires et des points de restauration.
La concession pas avant fin 2026
Total des opérations : 1,8 milliard de francs, donc, qui s’ajoutent aux 1,6 milliard du programme d’investissement annuel soutenu par l’État. Le financement de ces trois nouveaux chantiers est assuré, au titre de la concession, par ADT, qui a tout de même préalablement obtenu de l’État le principe d’une " reprise " des investissements non amortis en cas de changement de gestionnaire. " N’ayant pas de terme de concession aujourd’hui, il aurait été difficile pour nous d’investir sur une visibilité à deux ans, explique Gwenvaël Rosin-Hardy, directeur général d’ADT. Donc c’est vraiment un travail en commun qui a été fait avec le Pays et avec l’État là-dessus pour pouvoir répondre aux besoins de nos clients. "
Il est vrai qu’après 15 ans de rebondissements, le " terme de la concession " n’est toujours pas des plus clairs. Après des rectifications du cahier des charges en 2023 en compagnie du Pays, l’État avait bon espoir de lancer un nouvel appel d’offres en ce premier semestre 2024. Ce sera finalement pour le second, du fait d’une consultation juridique lancée auprès du Conseil d’État. Il s’agit de savoir si le Pays doit exprimer son intention de monter au capital de la future société gestionnaire via un acte du conseil des ministres ou via un texte voté à Tarahoi.
Un " point technique " qui a son importance. " On cherche à bien sécuriser l’ensemble de la procédure pour avoir quelque chose qui soit complètement robuste s’il devait à nouveau y avoir un contentieux, explique le secrétaire général du haut-commissariat Xavier Marotel. Donc on travaille vraiment main dans la main avec le Pays pour avoir une procédure qui est complètement ‘secure' et qu’à l’horizon fin 2026 début 2027, on ait bien renouvelé notre concession et qu’on puisse après dérouler la vie normale de l’aéroport sans rester dans cette phase un peu d’entre deux, d’attente qu’on a connu ces dernières années ".
Une nouvelle version de la grille tarifaire d’ADT à l’étude
Ces travaux de transition que le directeur général d’ADT met en avant – de même que l’inflation – pour expliquer la demande de la société d’augmenter ses tarifs de redevances aéroportuaires. Un premier projet, comprenant des hausses atteignant 9 %, avait provoqué en début d’année une levée de boucliers chez les compagnies aériennes, qui rappelaient que le seul bénéficiaire des bons chiffres de 2023 était, justement ADT. Son directeur Gwenvaël Rosin-Hardy refuse de s’étendre sur la rentabilité de la société. Mais visiblement l‘État ne partageait pas son appréciation de l’urgence de faire grimper les recettes puisque sa Direction générale de l’aviation civile avait même refusé d’homologuer la nouvelle grille. Le Pays, actionnaire de la société et donc bénéficiaire d’éventuels dividendes, n’y avait pas vu de problèmes et expliquait – à raison – que les tarifs n’avaient pas augmenté depuis plusieurs années.
Gwenvaël Rosin-Hardy est le directeur général d’Aéroport de Tahiti depuis octobre 2023. Photo Radio 1 TahitiLes discussions de ces dernières semaines, en présence de responsables métropolitains d’Egis, ont visiblement permis de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. " On leur a demandé de revoir la copie parce qu’on pensait, en tout cas la DGAC à Paris, que l’on n’était pas tout à fait dans l’épure de ce qu’on devait être, commente le secrétaire général du haut-commissariat Xavier Marotel. On va continuer à discuter, une nouvelle proposition a été déposée… Ce qu’il faut préciser c’est que ça arrive ailleurs, ça n’a rien d’exceptionnel. C’est aussi le jeu normal des discussions entre une autorité de régulation qui joue son rôle et un concessionnaire qui regarde son résultat économique et ses dépenses… Ça n’a rien de problématique ou d’inquiétant ".
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