- Anthony Tejero | Crée le 22.01.2025 à 17h37 | Mis à jour le 22.01.2025 à 17h58ImprimerDepuis sa fermeture, le 25 mai, l’hôtel, qui n’a subi aucune dégradation contrairement à certaines rumeurs, est surveillé 24 heures sur 24. Photo Anthony TejeroFermé depuis huit mois, le Méridien de l’île des Pins a bien failli mettre définitivement la clef sous la porte. Un accord a finalement été trouvé entre les propriétaires fonciers regroupés au sein de la société Maguenine, placée en redressement judiciaire en décembre, et la société des hôtels de Nouméa (émanation de PromoSud) qui devra engager d’importants travaux de rénovation. Objectif : rouvrir ce "joyau" avant la fin de l’année. Reportage.
Dans le hall d’accueil, les draps qui recouvrent fauteuils, tables et autres mobiliers, prennent la poussière dans un silence pesant. Autour de la piscine, vide, les rubans de signalisation, condamnant l’accès, ont pris la place des chaises longues. Dans les jardins luxuriants, le chant des oiseaux est à peine perturbé par les rondes des agents de sécurité, déployés 24 heures sur 24 pour surveiller le site. Voilà huit mois que le Méridien de l’île des Pins n’accueille plus de visiteurs, contraint de fermer ses portes depuis les exactions. "Du jamais vu" en vingt-six ans de carrière pour Christian Vakié, le directeur hébergement de cet hôtel 5 étoiles, qui commence à peine à retrouver le sourire après de longs mois "très stressants". Car cette "vitrine" du tourisme en Nouvelle-Calédonie a bien failli mettre définitivement la clef sous la porte.
Christian Vakié, le directeur hébergement du Méridien, est "soulagé que l’hôtel où il travaille depuis 1998 ne ferme pas définitivement. Photo Anthony TejeroCet établissement de luxe est détenu à 34 % par la SHN, Société des hôtels de Nouméa (une émanation de Promosud) et à 66 % par la société Maguenine, qui regroupe les propriétaires fonciers de ce secteur, rattaché à la tribu de Touete. Or cette dernière a été placée en redressement judiciaire le 6 décembre dernier. "À cette époque, les salariés étaient résignés et moi, très anxieux, confie Christian Vakié. On a voulu se battre pour que cet hôtel revive. On ne pouvait pas le laisser comme ça. Et là, un accord a été trouvé avec la SHN et la province Sud. C’est un soulagement. Cela nous a permis de passer des fêtes de fin d’année un peu plus sereines."
"Volonté de relance sérieuse et apaisée"
Une information confirmée par Brieuc Frogier, administrateur de la SHN et président de Promosud, après de longs mois de "relations très compliquées" avec certains propriétaires Kunié. "Malgré les violences, dès septembre, on avait envisagé la possibilité d’une réouverture en étudiant les budgets nécessaires avancés par le gestionnaire (Marriott). Mais sans retour des touristes et alors qu’il y a des besoins de rénovation importants estimés entre 200 et 600 millions de francs entièrement financés par la SHN, on était incapables d’assumer une reprise dans ces conditions, explique l’élu. Au final, alors qu’on arrivait à la fin du bail coutumier, ce qui a causé certaines tensions, nous avons réussi à trouver un accord, le mois dernier, pour le renouveler. Et c’est ce qui nous a convaincus de la volonté de nos partenaires de relancer l’hôtel de manière sérieuse et apaisée."
La piscine, quasi vide, nécessite d’importants travaux de rénovation avant d’être de nouveau fonctionnelle. Photo Anthony TejeroPour autant, les difficultés restent de taille avant même d’envisager le retour des premiers clients au Méridien. La somme à débourser dans les travaux de rénovation de l’hôtel n’a d’ailleurs fait l’objet d’aucun consensus car cette étape dépendra déjà de la décision de justice au sujet du plan de redressement de la société Maguenine. "Nous travaillons à un plan à adresser à l’administrateur judiciaire qui devra ensuite le faire acter ou non, poursuit Brieuc Frogier. Ce n’est qu’après que nous trouverons un accord financier sur les travaux à mener. Mais la volonté de la SHN est de maintenir cet outil pour le rouvrir à terme. Nous ferons le maximum, en lien avec les gens de l’endroit, pour que ce joyau de la Province Sud continue de vivre."
Un hôtel dépendant du tourisme international
Si aucune date n’est fixée, l’objectif affiché est de relancer cet établissement d’ici quelques mois, et avant la fin de l’année, au plus tard. Un délai durant lequel la Nouvelle-Calédonie devra se reconstruire une attractivité sur les marchés étrangers puisque le Méridien accueille en moyenne 80 % de clients internationaux. Mais le potentiel de cet hôtel de luxe n’est plus à démontrer, avec un "bon" taux de remplissage moyen de près de 70 % (hors périodes de crise).
"Avant la Covid, l’établissement tournait principalement grâce aux Japonais. Puis avec la crise sanitaire, cela a été catastrophique car ces visiteurs n’étaient plus là. Par contre, cela a été compensé par une arrivée plus massive d’Australiens et de Néo-zélandais, ce qui avait permis d’être à l’équilibre en 2023, détaille Brieuc Frogier. Nous espérons donc fortement que cette clientèle reviendra dès cette année et que d’ici là, la desserte aérienne (internationale et domestique) se sera améliorée."
La plage privée de l’hôtel du Méridien, interdite d’accès comme l’ensemble du site, est déserte depuis huit mois. Photo Anthony TejeroToujours est-il, la reprise sera forcément progressive pour la soixantaine de salariés, actuellement au chômage partiel. "On ne rouvrira, au début, qu’une partie de l’hôtel, ce qui implique également moins d’employés, avertit Christian Vakié, néanmoins "rassuré" de voir l’horizon se dégager pour l’avenir du Méridien. "Nous sommes fiers de cet endroit. C’est une réussite qui prouve que l’on peut mener à bien des projets ambitieux sur terres coutumières."
Pour autant, ce Kunié a conscience qu’il faudra du temps pour (re) donner envie à certains Calédoniens de revenir sur l’île, émaillée par plusieurs épisodes de violence l’an dernier. "Une fois que notre image a été ternie, c’est le plus dur à réparer. On peut rouvrir, rénover, reconstruire autant qu’on veut, c’est avant tout cette image, cette réputation, que l’on doit reconstruire en 2025."
Les jardins luxuriants de l’établissement restent entretenus par une équipe dédiée aux espaces verts. Photo Anthony TejeroMERCI DE VOUS IDENTIFIER
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