- Jean-Alexis Gallien-Lamarche | Crée le 09.03.2022 à 14h00 | Mis à jour le 09.03.2022 à 15h57ImprimerLe président François Billon anime les débats depuis lundi. Thierry PerronAu troisième jour du procès d’Olivier Pérès pour l’assassinat d’Éric Martinez, la cour d’assises a entendu de nombreux témoins proches du chirurgien. Tous ont décrit l’état "d’anxiété" et de "peur" dans lequel il était avant le drame.
D’ordinaire "jovial" et "positif", Olivier Pérès était un autre homme quelques jours avant qu’il ne décide d’ouvrir le feu à trois reprises sur Éric Martinez sur le golf de Tina, en septembre 2018.
Au troisième jour du procès de l’ancien chirurgien du Médipôle, la cour d’assises a interrogé cinq témoins pour mieux comprendre dans quel état d’esprit se trouvait l’accusé avant de passer à l’acte. Car Olivier Pérès s’était confié à sa famille, à de nombreux amis et à des collègues du Médipôle sur les menaces qu’aurait proférées son voisin et amant de sa femme et les craintes qu’il avait d’être tué par celui-ci ou que ce dernier s’en prenne à ses enfants.
"Je ressentais une peur chez mon père. Il était terrifié, témoigne Adrien, l’un des sept enfants du docteur. Je comprenais sa peur car j’avais déjà rencontré Éric Martinez. Il nous avait parlé de son passé de militaire, du fait qu’il était venu en Nouvelle-Calédonie pour se mettre à l’abri. J’étais impressionné par cet homme, ses histoires étaient fascinantes. Le jour de l’anniversaire de mon père, Éric Martinez lui a offert une lunette de visée comme cadeau pour son fusil. Il a ensuite simulé un assaut dans la maison pour nous montrer comment faire. J’étais amusé mais ma femme choquée."
Le fils d’Olivier Pérès le décrit ensuite comme "méfiant" les jours précédant le drame. "Il était sur le qui-vive, il n’a jamais eu peur de sa vie sauf à ce moment-là. Il me disait qu’Éric Martinez voulait réduire ses enfants en purée. Avec toutes les histoires de M. Martinez, il y avait un danger".
"Il disait qu’il était espionné."
Un ancien chef du service chirurgie orthopédique et traumatologique au Médipôle, aujourd’hui retraité, a également attesté de l’état d’anxiété dans lequel se trouvait Olivier Pérès. "Le 4 septembre, il m’a appelé. J’étais en Métropole. Je reconnaissais à peine sa voix, c’était haché. J’ai pensé qu’il était en burn-out. Il m’a dit qu’il n’était plus en sécurité, qu’il était sur écoute, qu’il venait de tenter de se suicider".
Une ancienne infirmière, aujourd’hui gérante d’une société, a également rapporté devant la cour qu’Olivier Pérès l’avait appelée le 5 septembre pour lui dire qu’il ne pourrait pas opérer ce matin-là. "Il disait qu’il était espionné, qu’il avait peur pour lui et pour ses enfants. Il m’a dit “si on me retrouve au fond du port avec une balle entre les deux yeux, il faut bien que quelqu’un soit au courant. “C’est une réplique que l’on entend que dans les films. Il avait peur et cette peur, il me l’a transmise".
Un autre témoin, chirurgien lui aussi, a raconté qu’Olivier Pérès lui avait transmis une lettre le 3 septembre dans laquelle il expliquait qu’il était en danger. "Son comportement et sa personnalité avaient changé, il était renfermé, en retrait. Il n’était plus lui-même", a-t-il déclaré, pointant du doigt "les négligences fautives de la police" de ne pas avoir pu empêcher ce drame. "On l’a abandonné dans sa terreur, il était désarçonné, comme un animal aux abois. Il pensait qu’Éric Martinez voulait lui faire la peau", a affirmé ce chirurgien, s’en prenant directement dans un échange plus que musclé à l’avocat général. Conclusion du président François Billon, "on est peu habitué de voir de tels comportements".
Avant que ces témoins ne soient entendus, la cour s’était également penchée sur l’arme utilisée par Olivier Pérès pour tuer son ancien ami. Un fusil à double canon juxtaposé "trafiqué", d’après l’avocat général Christian Pasta. "On a scié le canon de l’arme. Plus le canon d’un fusil est court, plus il arrose. La sûreté de ce fusil était opérationnelle, ça veut dire qu’après avoir chargé les cartouches, la sécurité se met en marche automatiquement".
"C’est Éric Martinez qui m’avait convaincu en 2014 d’acheter cette arme car il y aurait une guerre civile. Si je m’en suis servi cinq ou six fois, c’est le maximum. Je n’ai pas touché au canon de cette arme, je ne sais pas qui l’a scié. Les voisins me disaient qu’Éric Martinez venait chez moi la nuit, alors…", a répondu l’accusé.
Mathilde Pérès, la femme d’Olivier Pérès doit être entendue dans l’après-midi par la cour d’assises.
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